Le rapport en date de juillet 2022, de la Caisse autonome d’amortissement (Caa), met fin aux rumeurs d’endettement excessif du Bénin Selon ledit rapport, l’analyse de la viabilité de la dette révèle un risque modéré de surendettement public. Extraits
A l’instar de la communauté internationale et sous-régionale, le Bénin a connu une reprise de la croissance économique en 2021, après une baisse observée en 2020, à la suite de la double crise sanitaire et économique induite par la Covid-19 19 et la fermeture des frontières avec le Nigéria. En effet, après une amélioration sur la période 2017-19, le taux de croissance économique est passé de 6,9% en 2019 à 3,8% en 2020 avant de se hisser à 7,2% en 2021. Ce niveau de croissance s’explique par : la bonne performance du secteur agricole ; un dynamisme de l’activité dans le secteur de la construction en lien avec la poursuite des grands chantiers publics du Pag; une remontée progressive des branches de service suite à l’assouplissement des effets néfastes de la Covid-19 sur l’économie, grâce à la mise en œuvre des campagnes de vaccination sur le plan national ; et les effets favorables des mesures de modernisation des régies financières. En perspective à moyen terme, le taux de croissance du Pib devrait évoluer en moyenne à 6,2% sur la période 2022-24. La croissance économique serait tirée par l’accroissement des exportations agricoles, notamment, le coton ; l’amélioration du climat des affaires et le développement de nouveaux secteurs tels que le tourisme et l’économie numérique. La hausse des recettes intérieures et la maîtrise des dépenses courantes devraient permettre de réduire le solde global, base ordonnancement (dons compris) en pourcentage du Pib de -5,7% en 2021 à -2,8% en 2024. Les opérations extérieures du Bénin devraient être marquées par une amélioration du déficit du compte courant en pourcentage du Pib qui passerait de -4,9% en 2021 à -3,8% en 2026 dû à une augmentation des exportations du coton et la promotion de nouvelles filières agricoles (riz, ananas, anacarde).
En conformité avec les hypothèses macroéconomiques retenues, la dette publique du Bénin est viable. Le risque de surendettement extérieur du Bénin reste modéré. Selon les projections, tous les indicateurs d’endettement extérieur se situent en dessous de leurs seuils dans le scénario de référence mais les ratios Va de la dette/exportations et Sd/exportations dépasseraient leurs seuils en cas de choc sur les exportations et le ratio Sd/ recettes budgétaires dépasserait son seuil en cas de choc extrême sur la dépréciation ponctuelle du taux de change. Le Bénin possède une certaine capacité d’absorption meilleure à celle limitée de la précédente Avd malgré les chocs exogènes liés à la Covid-19 19, la fermeture des frontières avec le Nigéria et les premiers remboursements de l’eurobond à l’horizon 2024 en lien avec les prouesses en matière des opérations de gestion de passif. Le risque de surendettement global est modéré. La dette intérieure n’apporte aucune vulnérabilité particulière.
Situation économique et Portefeuille de la dette publique
L’année 2021 a connu une série d’événements importants qui ont impacté les secteurs financier, politique, économique et sanitaire du Bénin. En janvier 2021, le Bénin a émis avec succès un eurobond d’un milliard d’euro soit 655,957 milliards de francs Cfa de deux tranches de maturités finales respectives de 11 ans (taux d’intérêt 4,875%) et 31 ans (taux d’intérêt 6,875%). Cette émission du Bénin a été souscrite à 300% par les investisseurs de premier plan, ce qui témoigne de l’intérêt de ces investisseurs et de la qualité de la signature du pays sur les marchés internationaux. Avec la tranche de maturité 31 ans, le Bénin rejoint le cercle restreint des émetteurs africains disposant d’un eurobond de très longue maturité (supérieure à 30 ans). L’émission a été couplée à une opération de gestion de passif qui a permis le remboursement anticipé de 65% du l’eurobond inaugural émis par le Bénin en 2019 (soit 212,29 milliards de francs Cfa). Ainsi, le Bénin est parvenu à lisser le profil d’amortissement de la dette publique et à réduire le remboursement du principal de la dette sur la période 2024-2026. En mars 2021, l’agence de notation financière internationale Moody’s a annoncé le rehaussement de la note de la République du Bénin de « B2 avec perspective positive » à « B1 avec perspective stable ». Quant à l’agence de notation Fitch, elle a amélioré la perspective de notation du Bénin à « B/Positive », qui est la première révision de perspective « stable » à « positive » de l’agence sur la notation d’un souverain depuis le début de la pandémie. En avril 2021, l’élection présidentielle s’est déroulée dans un contexte de prolongement de la crise de Covid-19. L’agence de notation financière internationale S&P a annoncé le maintien de la note de la République du Bénin « B+ avec perspective stable » avec satisfecit de la résilience de l’économie nationale aux chocs de la Covid-19 et la fermeture des frontières du Nigéria. En juillet 2021, le Bénin s’est de nouveau illustré sur le marché international avec une émission de 500 millions d’euros (328 milliards de francs Cfa). La particularité de cette émission est qu’elle est destinée exclusivement au financement de divers projets à caractère social et environnemental contribuant aux engagements du Bénin pour l’atteinte des Odd. Le Bénin réaffirme par cette émission d’eurobond Odd, le caractère hautement innovant de sa stratégie de gestion de la dette et renouvelle son engagement en faveur des Odd. La réussite de ladite émission témoigne l’adhésion des investisseurs internationaux aux réalisations et au programme hautement social du quinquennat (2021-2026) du gouvernement du Bénin. Le coupon de 4,95% obtenu pour cet eurobond Odd traduit la confiance des investisseurs en la qualité de signature du Bénin. Les ressources de l’Eurobond Odd comme indiqué plus haut sont destinées prioritairement au financement de divers projets à caractère social et environnemental contribuant aux engagements du Bénin pour l’atteinte des Odd. Aussi, ont-elles permis au Bénin de parvenir à lisser le profil d’amortissement de la dette publique et à réduire le remboursement du principal de la dette sur la période 2024-2026 à travers une opération de reprofilage partiel du portefeuille des obligations de trésor au niveau de la dette intérieure.
En août 2021, le Bénin a bénéficié d’une nouvelle allocation de Dts d’un montant de 176,1 millions de dollars soit 94,2 milliards de francs Cfa. Cette allocation donne suite à la décision du Fmi, prise au Sommet de Paris en mai 2021, de contribuer à la relance de l’économie mondiale et surtout celle de l’Afrique subsaharienne durement touchée par la crise du Covid-19.
En novembre 2021, le Bénin a bouclé une opération inédite de remboursement anticipé d’obligations de trésor. Cette opération compte parmi les engagements pris dans le cadre de l’émission de « l’eurobond Odd». Unique en son genre dans l’histoire du marché des emprunts obligataires par syndication de l’Uemoa, elle a consisté au remboursement d’une partie de la dette sur le marché financier sous régional pour un montant total de 209,64 milliards de francs Cfa. Ce remboursement anticipé a permis au Bénin de réaliser une économie sur les intérêts non courus de plus de 36 milliards de francs Cfa. Ces gains de ressources ont servi au financement de divers projets à impact social. Suite à une demande officielle des autorités béninoises pour un nouveau programme5 soutenu par le Fmi, afin de servir d’ancrage pour la deuxième phase du Pag2 , une mission du Fmi a tenu des réunions avec les autorités béninoises du 15 au 23 novembre 2021 afin de discuter des récents développements économiques et de s’enquérir des priorités de politique économique pour la période 2021-2026. En plus de soutenir la croissance inclusive, l’amélioration de la gestion des finances publiques et la mobilisation des ressources intérieures, les priorités du nouveau programme comprendraient l’amélioration de l’éducation et l’augmentation de la transformation locale des produits agricoles de manière à produire des exportations de plus grande valeur. La croissance économique s’est continument maintenue forte sur la période 2017-2019 avant de chuter en 2020 pour ensuite se relever en 2021. Le taux de croissance moyen de l’économie est ressorti robuste en s’affichant à 6,0% sur les trois dernières années. Sur la période 2017-2019, le taux de croissance a connu une hausse, passant de 5,7% en 2017 à 6,9% en 2019. En 2020, le Bénin a enregistré son plus faible taux de croissance (3,8%) sur les dix dernières années, traduisant la sévérité de la crise liée à la pandémie du coronavirus. Il convient de noter que le Bénin est quand même parvenu à maintenir une croissance positive et parmi les meilleures en Afrique subsaharienne en dépit de la pandémie de Covid-19. En 2021, la croissance s’est de nouveau relevée à 7,2%. Globalement, la tendance favorable du rythme de la croissance. Sur la période 2019-2021 est induite par : la bonne progression des productions vivrières et d’exportation, notamment le coton ;la hausse de l’activité d’égrenage, en lien avec l’augmentation de la production du coton ; les effets de la mise en service, en août 2019, de la nouvelle centrale électrique de Maria-Gleta sur l’offre d’énergie électrique et sur les autres branches d’activité de l’économie ; le dynamisme de l’activité de construction des infrastructures socio-économiques en lien avec la mise en œuvre du Pag 2016-2021 ; la résilience en 2020 des activités de service aux effets de la pandémie du Covid-19 et à la fermeture des frontières terrestres du Nigéria ; (vi) la reprise de l’activité dans les branches liées au tourisme en 2021, à la suite de l’assouplissement des mesures barrières, favorisée, entre autres, par la progression de la couverture vaccinale. Par ailleurs, la modernisation des régies financières a permis une hausse rapide de la mobilisation des recettes fiscales. 3. Le taux d’inflation est ressorti à 1,7% en 2021, après avoir connu une hausse en 2020 (3,0%), en lien avec une hausse des prix des biens de consommation, le transport et la restauration induit par la pandémie de Covid-19. L’inflation est restée dans la limite de la norme communautaire prescrite dans le cadre du pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité entre Etats membres de l’Uemoa. Au niveau des finances publiques, le déficit budgétaire, dons compris, en pourcentage du Pib s’est établi en moyenne à 3,6% sur la période 2019-2021, imputable aux efforts du gouvernement pour d’une part, limiter la propagation de la pandémie du Covid-19 et d’autre part, accélérer la mise en œuvre des actions nécessaires à l’atteinte des Odd. Spécifiquement pour l’année 2021, le déficit s’est affiché à 5,7% du Pib contre une prévision de 6,5% du Pib et une réalisation de 4,7% du Pib en 2020, marquant ainsi la volonté du Gouvernement de revenir rapidement vers la consolidation budgétaire. Le déficit devrait progressivement s’améliorer à moyen terme pour s’établir à 2,8% du Pib en 2024. En effet, l’économie devrait retrouver sa trajectoire de croissance d’avant crise grâce à une progression plus importante des recettes par rapport aux dépenses, induit par des mesures engagées par le gouvernement dès 2016 pour multiplier les ressorts de l’économie et mettre en valeur de nouveaux secteurs tels que de nouvelles filières agricoles, le tourisme, le numérique, l’énergie, l’économie du savoir, etc. Par ailleurs, l’amélioration de la gouvernance économique et financière continue de renforcer l’efficacité des régies financières dans la mobilisation des recettes publiques et une rationalisation de la masse salariale tout en protégeant les dépenses sociales et les dépenses d’investissement.
5. Le déficit structurel de la balance commerciale s’est confirmé en s’affichant en moyenne à 3,8% du Pib sur la période 2017 à 2021. A moyen terme, le déficit devrait connaitre une dégradation passant de 6,0% du Pib en 2022 à 5,3% du Pib en 2023 puis à 4,4% du Pib en 2024 à cause du ralentissement du commerce mondial dû à la guerre Russo-Ukrainienne.
Recommandations
L’analyse de viabilité de la dette révèle que le Bénin présente un risque modéré de surendettement public extérieur et global. Les indicateurs d’endettement public extérieur et global demeureraient bien en dessous de leurs seuils respectifs dans le cadre du scénario de référence. Toutefois, au niveau des analyses de sensibilité certains indicateurs dépassent leurs seuils aussi bien dans l’Avd extérieure que l’Avd public. Dans l’Avd extérieure : l’indicateur Va/exportation dépasse son seuil sur la période 2024-2027 en cas de choc extrême sur les exportations ; le Sd exportation dépasse son seuil sur la période 2031 en cas de choc extrême sur les exportations. Ces dépassements des seuils des indicateurs, Va de la dette/exportations, Sd/exportations dans le cadre des tests de résistance expliquent l’évaluation d’un risque modéré pour la dette extérieure avec une certaine capacité d’absorption des chocs. Le risque provenant du financement sur le marché est faible et n’impacte pas la notation de risque de surendettement extérieur.
Dans l’Avd public, le test de résistance normalisé simulant un choc combiné sur les passifs contingents induirait le ratio de la Va de la dette/Pib à dépasser ponctuellement son seuil fixé à 55%, en 2023. L’évaluation du risque modéré de la dette extérieure motive le plus l’évaluation du risque de surendettement modéré de la dette publique. La consolidation budgétaire à moyen terme et l’amélioration de la gestion de la dette, notamment, la gestion proactive des actifs et passifs sont nécessaires pour préserver la viabilité de la dette. Les dépassements des seuils mettent en évidence la nécessité de renforcer le recouvrement des recettes budgétaires, de poursuivre et d’accélérer la mise en œuvre des réformes structurelles dans les domaines de la politique fiscale et de l’administration fiscale et douanière. Il est également important de donner la priorité aux financements extérieurs à plus longues échéances et à des conditions concessionnelles, afin de réduire la charge du service de la dette.
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