L’opposition béninoise a perdu quelques plumes dans le rapprochement Yayi-Soglo-Talon. Il ne faut pas se leurrer, la machine opposition prend de l’eau. Même si ouvertement certains ténors affirment sans convaincre que ceci n’est qu’un non-événement, il est désormais clair que la peur a définitivement gagné les esprits. Quel joker pour cette opposition fondamentalement divisée à quelques mois des élections législatives ?
On le disait depuis un moment que l’opposition béninoise ne peut pas tenir assez longtemps avec ses hommes aux intérêts fondamentalement divergents et au passé tumultueux. A la guerre intestine entre Hounkpè, les démocrates et les petits partis satellites, s’ajoute ce rapprochement qui assomme toutes les espérances au sein de l’opposition. Yayi, le Président d’honneur du parti « les démocrates », entre temps porte-flambeau du fiel opposant a jugé utile de mettre fin à cette guerre qui n’a que trop duré entre son ami et actuel président Patrice Talon. Les hommes sont sur la voie de la paix, ce qui change tout au sein de ce parti « Les démocrates » qui n’est pas aussi soudé que ça. Inutile de revenir sur l’interminable débat Madougou-Aivo au sein de ce parti ainsi que les divisions suscitées par des mains invisibles. A tout ceci, s’ajoutent les quêtes d’accomplissement personnel de certains ténors du parti qui luttent pour retrouver le confort de l’hémicycle après quelques années de dure « canicule ». Beaucoup d’acteurs de l’opposition affirment avec un « culot d’acier » que ce rapprochement est un non-événement et que tout se jouera sur le terrain et dans les urnes. On peut le leur concéder, même si on sait que cette lecture n’est que pure chimère. Il semble que ceux-ci ont déjà oublié le poids de ce leader politique pendant qu’il était au pouvoir et même des années après quand il lui a plu de faire réfléchir un peu le régime en place. Même le plus simple analyste politique dira sans retenue que Yayi Boni est un poids lourd dans l’arène politique béninoise. On peut comprendre que ces opposants l’affirment pour se donner bonne conscience mais la réalité est que les démocrates n’iront jamais assez mieux sans Yayi. Ceci ne fait pas débat. Ensuite, il ne faudra pas se voiler la face, le rapprochement Yayi Talon n’est pas si fortuit que ça. La politique est beaucoup plus un jeu de concession qu’un combat de muscle et de rue. En facilitant le rapprochement, le renard politique Yayi quelque part travaille pour le bien des démocrates. Et il semble que Houndété et colistiers ont eu le bon réflexe en posant les actes qui sied. Le reste, ce sera la magie du temps qui nous éduquera.
Paul Hounkpè non moins affecté
Dans tout ceci, on se demande bien où se trouvent Hounkpè et ses amis. La question mérite qu’on s’y attarde surtout que ce dernier n’a pas fait signe de vie depuis quelques mois. Il est vrai que selon certaines indiscrétions, le chef de file de l’opposition ne serait pas trop content parce qu’il n’a pas encore reçu tous les attributs administratifs et financiers attachés à son titre. Mais en plus de cette revendication très personnelle, il y a cette difficulté évidente que rencontre le secrétaire exécutif du parti Force cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) à rassembler les résidus de l’opposition pour en faire une force. Cette difficulté l’affecte à plus d’un titre car ces petits partis refusent de servir de faire-valoir en sacrifiant leur identité pour cet acteur politique dont ils n’ignorent pas les détours. Or, Hounkpè veut bien relever ce petit défi qui somme toute, fera douter un peu ses premiers opposants ne sont ni l’Union progressiste encore mois le Bloc républicain mais plutôt « Les démocrates ».
Quid des autres activistes de l’opposition ?
A côté de ces blocs d’acteurs de l’opposition qui se regardent en chiens de faïence, il y a la majorité des « gueulards » qui n’ont aucune ambition politique imminente et qui quand même, arrivent à dire ce qu’ils pensent du gouvernement en place. On peut citer pêle-mêle Candide Azannai et ses méditations philosophiques, Richard Boni Ouorou encore à l’école de la politique béninoise, l’éternel Narcisse Tomety et ses longues chroniques, la masse des adeptes du Pcb (parti communiste du Bénin) qui n’effraient plus personne et le jeune Guy Mitokpè toujours illisible. Tous ceux-là participent d’une manière ou d’une autre au débat même s’il faut conclure sans retenue que l’opposition à mal. Le diagnostic n’est pas rassurant à quelques mois des échéances législatives.
Abdourhamane Touré