Au Bénin, l’agriculture ne manque plus d’opportunités lucratives d’investissement. Une nouvelle dynamique de promotion des initiatives agricoles est instaurée par le gouvernement du président Patrice Talon à travers le Fonds national de développement agricole (Fnda). Un fonds qui facilite l’accès des promoteurs agricoles à la garantie des prêts, la bonification de taux d’intérêt et l’appui à la préparation des dossiers bancables.
Premier secteur économique du pays après celui des services, l’agriculture fournit près de 30% du Produit intérieur brut (Pib) et emploie plus de deux tiers de la population active. Pour maintenir le cap, le gouvernement du président Patrice Talon ne manque pas d’ingéniosité et de stratégie à même d’aider les acteurs des différentes chaînes de valeur du secteur agricole à réaliser de grandes avancées. En dehors du renforcement du budget du ministère de l’agriculture qui a connu une hausse de 15 % par rapport à l’exercice précédent, des mesures incitatives sont prises pour une meilleure exploitation du potentiel agricole national. 6 décembre 2023, le gouvernement prend en conseil des ministres, une mesure à fort impact pour le secteur agricole : le refinancement à taux zéro. L’objectif est de dynamiser le financement agricole et renforcer le secteur, considéré comme l’un des piliers de la croissance économique. Ces mesures, issues des concertations menées par le Fnda, visent à surmonter les obstacles entravant l’efficacité des mécanismes de financement existants. Avec cette décision, le Fonds national de développement agricole (Fnda) pourrait amener les partenaires notamment les institutions de microfinance qui s’engagent à financer les projets agricoles à la hauteur d’un montant précis. Et au fur et à mesure, ils sont remboursés par le Fnda selon le montant engagé à date et à terme. Le Fnda les rembourse avec un taux de 2 % qu’il a payé. Ce qui voudrait dire que le partenaire a reçu l’argent du Fnda, mais à taux zéro.
Fonctionnement du mécanisme
Ceux qui bénéficient des facilités offertes par le Fnda, sont les Petites et moyennes entreprises (Pme) agricoles et les Petites et moyennes industries (Pmi) agricoles; les coopératives de producteurs ou de transformateurs immatriculées, les groupements d’intérêt économique, les petits exploitants agricoles organisés en coopératives immatriculées et les petits exploitants-producteurs agricoles individuels disposant d’un Ifu. La mise en place d’un mécanisme de refinancement du Fnda au profit des Systèmes financiers décentralisés (Sfd) à 2% assorti d’une mesure de rétrocession des 2% aux Sfd performants (soit 0%) pour soutenir l’octroi de crédits au profit des exploitants et des Micros, petites et moyennes entreprises (Mpme) agricoles à un taux d’intérêt maximum de 12% l’an dégressif. Cette mesure destinée à soulager les promoteurs agricoles consiste en la rétrocession, in fine, des intérêts de 2% l’an qui seront payés après remboursement du refinancement octroyé par le Fnda. Ces facilités devraient se traduire par un meilleur engouement des Sfd pour le mécanisme. A cet effet, l’éligibilité est conditionnée par deux indicateurs de performance, à savoir : un niveau de tirage de la ligne de refinancement supérieur ou égal à 70% et un taux de remboursement de 100% des tirages effectués conformément aux tableaux d’amortissement de chaque tirage. En cas d’impayés, la mesure de rétrocession des intérêts perçus s’estompe pour le tirage concerné. Par ailleurs, les facilités concernent également la mise place d’un appui financier sur deux ans aux fins de prendre en compte une partie des charges salariales du personnel (75% la première année et 50% la deuxième année) complémentaire chargé de dynamiser l’intervention des Sfd en vue d’un meilleur accès au financement des exploitants agricoles. La finalité d’une telle mesure est le renforcement du dispositif opérationnel de terrain (sensibilisations, enregistrement et instruction des demandes de crédits ainsi que suivi post-financement de proximité). Elle permettra d’une part, une intervention plus remarquable dans des communes jusqu’au niveau village où actuellement les Sfd n’ont pas un dispositif adéquat de couverture et, d’autre part, d’améliorer la qualité de service et le suivi des crédits agricoles octroyés. Cet appui est prévu pour durer 24 mois et va s’inscrire dans un Programme spécial d’insertion dans l’emploi (Psie – Agricole) par lequel l’Etat prend en compte à hauteur de 75%, la première année et 50% la deuxième année, les charges salariales et les Sfd supportant respectivement les 25% et 50% restants.
Activités éligibles aux facilités du Fnda
Les activités éligibles doivent être liées aux filières prioritaires promues par les Agences territoriales de développement agricole (Atda) à savoir l’ananas, l’anacarde, le maraîchage, le maïs, le riz, le manioc, le soja, le karité, le coton, l’aquaculture, le palmier à huile, l’arboriculture fruitière, la viande et le lait et les œufs de consommation. Elles peuvent porter sur l’acquisition d’équipements et moyens de production, de transformation, de stockage, de conservation, et de transport ou distribution, l’acquisition d’intrants agricoles spécifiques, le renforcement de fonds de roulement et la mise à disposition de crédits de commercialisation et ou d’exportation. Pour accéder aux facilités du Fnda, le promoteur constitue son dossier. Il peut le faire seul ou bien il se fait accompagner d’un cabinet ou Ong d’appui et d’encadrement, ensuite il dépose directement son dossier complet auprès d’une banque ou un système financier décentralisé partenaire au Fnda dans lequel il est en relation d’affaires. Il fait lui-même le suivi de son dossier en gardant un contact étroit avec le chargé de clientèle de sa banque ou de son Sdf ou avec le cabinet ou Ong d’appui et d’encadrement. Par ailleurs, il est à rappeler que le principal objectif du Fnda est de favoriser la promotion des filières agricoles en facilitant l’accès au financement pour inciter l’investissement privé dans le secteur à travers des subventions ciblées et des instruments financiers adaptés, dans la perspective d’une meilleure exploitation du potentiel agricole national, l’amélioration des revenus tirés de l’agriculture ainsi que la sécurité alimentaire. Le Fnda ne fait pas de crédit. Il facilite l’accès aux crédits auprès des banques et des Sfd. Ces institutions financières doivent évaluer si le projet représente un risque convenable et si son promoteur présente la capacité de rembourser son prêt. La pérennité du Fnda et l’accès durable des producteurs agricoles aux services financiers des banques et des Sfd, exigent que les crédits obtenus par les bénéficiaires soient correctement remboursés.
Sergino Lokossou (Coll)