Le nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye veut entreprendre de grandes réformes dans son pays. L’homme semble déjà conscient des défis qui l’attendent et a d’ailleurs levé un coin de voile sur ses ambitions pour le Sénégal. Au nombre des réformes annoncées, figurent en bonne place, la rationalisation des partis politiques et la lutte contre la corruption. Des chantiers sur lesquels le président béninois Patrice Talon, s’était engagé au début de son premier quinquennat.
« Mes chers compatriotes, de l’indépendance à nos jours, notre système politico-institutionnel et judiciaire a vécu bien des péripéties, les unes plus heureuses que les autres. Soixante-quatre ans après, le moment me semble venu de tirer les leçons de nos réussites et de nos échecs pour une gouvernance publique plus moderne, plus républicaine et plus respectueuse des droits humains. » a laissé entendre le 5ème président de la République sénégalaise, à l’occasion de son discours à la nation, dans le cadre de la célébration, jeudi 4 avril 2024, du 64ème anniversaire de l’accession du pays à la souveraineté internationale. Bassirou Diomaye Faye annonçait ainsi les couleurs de ce qui devrait constituer ses principaux défis à relever durant son quinquennat. Au nombre de ceux-ci, de profondes réformes sont annoncées au plan politique mais aussi au niveau des institutions. « Je convoquerai de larges concertations avec la classe politique et la société civile sur la réforme du système électoral notamment. Le remplacement de la Céna (Commission électorale nationale autonome ndlr) par une Commission électorale nationale indépendante (Ceni) avec un renforcement de ses moyens de fonctionnement et de ses prérogatives, la rationalisation du nombre de partis politiques, ainsi que leur financement. L’inscription sur le fichier électoral concomitamment à la délivrance de la pièce nationale d’identité », a confié l’ancien secrétaire général du Pastef. Il s’agit là de grands chantiers qui vont non seulement assainir le système électoral mais aussi et surtout clarifier le système partisan. En annonçant son désir de « rationalisation du nombre de partis politiques », Diomaye Faye veut assainir le paysage politique de son pays en réduisant le nombre de partis politiques. Ce qui va induire une meilleure animation de la vie politique. Par ailleurs, le nouveau président du Sénégal ne fait aucun mystère sur sa détermination à mener une lutte farouche contre la corruption, le détournement des deniers publics, l’incivisme fiscal et l’impunité. « En outre, j’engagerai sans tarder, une politique hardie de bonne gouvernance économique et financière par la lutte sans répit contre la corruption, la répression pénale de la fraude fiscale et des flux financiers illicites, la protection des lanceurs d’alertes ; la lutte contre le détournement de deniers publics et le blanchiment d’argent », a martelé le président sénégalais.
L’expérience béninoise inspire
Ces chantiers annoncés par le nouveau président sénégalais, son compatriote béninois en avait donné le ton lors de son investiture le 6 avril 2016. Patrice Talon, à l’occasion, laissait entendre : « Je m’emploierai chaque jour, à tenir les engagements destinés à faire de ce mandat, un instrument de rupture et de transition devant aboutir à la mise en place des grandes réformes politiques institutionnelles que nous avons appelées de tous nos vœux ». Malgré les soubresauts qu’elle a induits au sein de la classe politique, la réforme du système partisan est devenue depuis 2018, une réalité au Bénin. De plus de 250 formations politiques avant 2016, le Bénin ne compte aujourd’hui que moins d’une vingtaine. C’est dire que la réforme a eu le mérite de siffler la fin de la récréation et de sonner le requiem des partis de quartier et familiaux qui inondaient inutilement le paysage politique. A la croisée des chemins, l’on se doit de reconnaitre, qu’un effort substantiel a été fait sur ce plan. Pour la première fois depuis l’avènement du renouveau démocratique, le Bénin peut rêver, à la lumière des dispositions du nouveau Code électoral, d’avoir en 2026, un président qui sera un pur produit des partis politiques. En dehors de cette réforme politique majeure, Patrice Talon a donné un coup de pied dans la fourmilière de la corruption et de l’impunité. Le phénomène qui était pratiquement érigé en mode de gouvernance il y a encore quelques années, a considérablement reculé. La conscience professionnelle et le respect du bien public reprennent progressivement leurs droits quand bien même il existe encore quelques poches de résistance. Au regard du discours du nouveau président sénégalais, le Bénin peut se féliciter d’être une source d’inspiration pour d’autres pays. Ce qui confirme toute la pertinence des options du président Patrice Talon dont le leadership et le mode de gouvernance font des émules dans la sous-région ouest-africaine et au-delà.
Gabin Goubiyi