Après 20 années de pratique aux résultats mitigés, il apparaît impérieux de revoir les textes sur la Décentralisation. Raison pour laquelle le président Patrice Talon a initié une réforme structurelle sur la gestion des communes, dont les recommandations ont été présentées aux élus municipaux mardi 21 septembre 2021 à Cotonou.
Une nouvelle ère s’ouvre sur la gestion des communes et des collectivités locales au Bénin. En effet, le comité stratégique d’orientation et de suivi, a présenté mardi 21 septembre 2021 à Cotonou, le Projet de réforme structurelle du secteur de la Décentralisation. Selon Raphaël Akotègnon, ministre en charge de la Décentralisation, il s’agit d’entamer une nouvelle phase du processus de Décentralisation entamée depuis une vingtaine d’années au Bénin. L’objectif étant de corriger les tares qui subsistent, et de créer les conditions du bien-être et de l’épanouissement des populations à la base. Pour sa part, Pascal Irénée Koupaki, ministre d’Etat, Secrétaire général du gouvernement, a salué une réforme ambitieuse de la gouvernance locale. Selon lui, cette nouvelle réforme s’avère d’autant plus indispensable que depuis 2003, les contingences politiques et électorales, le cumul des fonctions politiques et techniques par les maires, n’ont pas parmi d’améliorer véritablement la gouvernance locale. « Après 20 années de pratique aux résultats mitigés, il apparaît impérieux de revoir les textes sur la Décentralisation », a-t-il déclaré. Invité surprise de ce séminaire, le président Patrice Talon, n’a pas cru si bien faire d’assister à la séance. D’ailleurs, n’eût été sa présence et les réponses idoines qu’il a fournies pour les maires doivent en définir les orientations majeures. « Laissez-nous, retournez-nous notre budget », a par exemple laissé entendre le maire de Kpomassè. Fort de son autorité et d’une certaine expertise à son niveau, le président de la République n’a pas hésité à mettre le doigt sur ce qui constitue le problème et a balayé du revers de la main les objections. Dans le langage de vérité qu’on lui connaît, et caméras coupées, le président de la République, en pédagogue, a fait comprendre à ses hôtes, l’étendue et les dégâts causés par la mal gouvernance dans les communes depuis plusieurs décennies. Il ne faut donc plus continuer dans cette dynamique. « L’essor économique et social de notre pays est fortement tributaire de la qualité de notre gouvernance aussi bien centrale que locale. Ayons le courage de faire ces réformes et que l’histoire retienne que c’est à notre époque que cela a été fait », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter : « Il ne faut pas laisser tous les pouvoirs dans la main d’une seule personne, même si c’est un élu. Il ne faut plus exposer les maires et éviter que les élus soient jugés par la Criet ».
Payer des salaires décents aux maires, aux 1er et 2ème adjoints, aux C.a. et aux conseillers
Creusant l’abcès, Patrice Talon, a dénoncé une certaine hypocrisie et anomalie qui a cours jusque-là au niveau de la gestion des communes. «Ce n’est pas du bénévolat. Il faut payer des salaires décents aux maires, aux 1er et 2ème, aux C.a. et aux conseillers. Comment se fait-il qu’un maire soit payé à 80 000, 100 000 ou 300 000 Cfa le mois ? » s’est-il interrogé. D’autres sont sans véhicule, végétant dans la misère et la pauvreté. Pour Patrice Talon, un maire à rang de ministre, de député, et comme tel, doit être traité au même titre et dans les mêmes proportions. Pour lui, c’est le dénuement et le fait d’être mal payé qui obligent les maires à vouloir gérer coûte que coûte les budgets communaux. Il s’agit maintenant de corriger ces dysfonctionnements, d’ennoblir la fonction, ce qui permettra du coup d’être l’Etat d’être plus regardant dans la gestion au niveau de chaque commune. Selon le nouveau projet, Abomey-Calavi deviendra une commune à statut particulier au même titre que Cotonou, Porto-Novo et Parakou ; toutes les communes abritant un chef-lieu de département deviennent des communes à statut intermédiaire ; dans chaque commune, un Secrétaire exécutif communal (de niveau BAC+5 avec 10 ans d’expérience, pour un mandat de 6 ans) est nommé , et sera ordonnateur du budget communal ; un secrétaire administratif d’arrondissement de niveau BAC+ 3 est nommé parmi les agents de la commune; le Fadec remplacé par un Fonds d’investissement communal.
Wilfrid Noubadan