(Retour sur les faits marquants d’un secteur en pleine mutation)
Dans le secteur de la Décentralisation et de la gouvernance locale, l’année 2024 a été marquée par plusieurs événements, les uns plus captivants que les autres. Dans ce dossier spécial, la rédaction de votre journal « Le Matinal », vous propose un grand voyage dans le temps pour explorer de façon rétrospective les grands faits ayant focalisé les attentions dans ce département ministériel auquel le chef de l’Etat, le président Patrice Talon, accorde une attention particulière pour le compte de son second mandat. Focus !!!
51 397 484 761 de FCfa ! C’est l’enveloppe financière que le président Patrice Talon a mise à la disposition de son ministre Raphaël Akotègnon pour poursuivre le vaste champ de réformes dans le secteur de la décentralisation et de la gouvernance locale pour le compte de l’année 2024. Et pour qu’au terme de l’exercice, la moisson soit abondante, le Numéro 1 de la Décentralisation au Bénin a vite mobilisé sa troupe autour du challenge. C’est ainsi que le vendredi 09 février 2024, il a donné le top de l’exécution du Plan de travail annuel. Un Pta dont la bonne exécution passe évidemment par un engagement total des acteurs de la chaîne des dépenses. Raison pour laquelle il a, à l’occasion, missionné chacun d’eux, en particulier les douze préfets à qui il a remis des lettres de missions. « Je réitère à tous, particulièrement à vous les préfets, ma profonde reconnaissance pour votre disponibilité et votre engagement constant à œuvrer à mes côtés pour la réussite de la noble mission dévolue au ministère de la Décentralisation et de la gouvernance locale », leur a-t-il signifié. A l’en croire, les indicateurs de performance sont tous au vert, surtout ceux relatifs aux Collectivités territoriales décentralisées. Ils confirment, leur a-t-il martelé, la volonté du gouvernement d’impulser le développement du Bénin en partant de celui des Communes. Félicitant les différents acteurs pour le résultat obtenu, Raphaël Akotègnon a émis le souhait que cet exercice de remise de lettres de missions soit aussi répercuté sur les autres maillons de la chaîne, en respect des principes de responsabilisation et de redevabilité.
Luc Sètondji Atrokpo : le miraculé de l’année
Après cette cérémonie qui annonce une année pleine d’espoir, l’opinion publique béninoise était à mille lieues de s’imaginer qu’une tragédie allait frapper à la porte du président de l’Association nationale des communes du Bénin (Ancb). Le mercredi 28 février 2024, soit trois semaines plus tard, un accident grave attendait Luc Sètondji Atrokpo à Dassa-Zoumé. En convoi pour Natitingou dans le département de l’Atacora pour prendre part au Conseil national de l’Association nationale des communes du Bénin (Ancb), le maire de la ville de Cotonou a loupé de justesse la mort, quand son véhicule s’est retrouvé dans le ravin. A l’origine de cet accident, un motocycliste qui s’est maladroitement retrouvé dans son champ de conduite. Hélas, l’irréparable s’est produit. Si l’édile s’en est sorti sain et sauf, le motocycliste, par contre, a dû rejoindre ses ancêtres dans l’au-delà. Et comme il a pu se tirer miraculeusement d’affaire d’une telle mésaventure, son premier réflexe aura été de se tourner vers son Dieu. « Exaltez avec moi, l’Eternel ! Célébrons tous son nom », a-t-il lancé sur sa page Facebook en guise de gratitude envers le Sauveur. Ses mots de gratitude sont également allés à l’endroit de tous ceux qui sont restés en union de prières envers lui en ce moment difficile. « Ce n’est pas mon mérite personnel. C’est le suffrage de vos prières de tous les jours au miséricordieux en ma faveur. Sans exclusion, je vous en suis profondément reconnaissant », a écrit l’édile de Cotonou.
Le drame de Glazoué
Si le maire Luc Atrokpo a eu la vie sauve en 2024, le 2è adjoint au maire de Glazoué, quant à lui, n’a pas pu avoir ce privilège. Élie Tokou a tragiquement quitté ce monde le jeudi 31 octobre 2024 des suites d’une crise cardiaque survenue à son domicile. Un événement d’autant plus bouleversant qu’il est survenu dans des circonstances inattendues. En effet, dans la matinée de ce jour funeste, Élie Tokou a participé à la session ordinaire de vote du budget primitif de la commune, un exercice de routine pour un homme qui s’est consacré avec assiduité au développement de sa communauté. Quelques heures seulement après ces travaux, il s’est retiré chez lui, où il a été frappé par une crise cardiaque. Malgré une prise en charge rapide et un transfert d’urgence à l’hôpital de Dassa-Zoumè, la fatalité l’a emporté. Ce drame survient un an seulement après la perte de l’un de ses fils, rendant le chagrin encore plus profond pour sa famille et ses proches. Homme de conviction et de proximité, Élie Tokou était apprécié pour son engagement et son dévouement envers sa commune.
Le Syntrased : porte-voix des travailleurs
Des mois plus tôt avant cette tragédie, c’est une nouvelle réforme qui a vu son opérationnalisation dans le secteur de la décentralisation et de la gouvernance locale. Il s’agit notamment des élections professionnelles sectorielles. La première depuis 1960, ces élections sont une innovation du président Patrice Talon à travers le décret n° 2020-459 du 23 septembre 2020 portant modalités d’organisation des élections professionnelles en République du Bénin. Elles sont organisées tous les cinq (05) ans, aussi bien pour les centrales et confédérations syndicales que pour les syndicats de base. C’est donc en respect de ces dispositions légales et règlementaires que le processus électoral a été lancé par le ministre de la Décentralisation et de la gouvernance locale, Raphaël Akotègnon. Seule liste en lice pour porter la voix des travailleurs, le Syndicat national des travailleurs du secteur de la décentralisation et de la déconcentration (Syntrased) a été autorisé à battre campagne du 12 au 18 avril 2024, avant que le scrutin qui s’est déroulé le 19 avril 2024 ne le consacre dans ses droits. Selon Crespin Guidi, président de la commission électorale, ce processus permettra au Mdgl d’opérer une avancée significative dans la recherche du bien-être des travailleurs, le respect de leurs droits ainsi que la détermination des conditions favorables à l’amélioration de leur contribution à l’atteinte des objectifs du ministère.
Les préfets en conclave pour améliorer la gestion des communes
Une autre activité essentielle, c’est aussi la première Conférence des préfets au titre de l’année 2024. Ayant pris ses quartiers à Parakou du 11 au 12 juillet 2024, elle a été marquée par la présence du ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique, Allassane Séidou et celui de la Décentralisation et de la gouvernance locale, Raphaël Akotègnon. Les travaux ont porté sur des sujets cruciaux tels que la mise en œuvre de la Politique nationale de décentralisation et déconcentration (Ponadec) 2024-2033, les nouvelles modalités d’exercice de la veille pastorale, la restructuration de l’administration communale et le renforcement de la dynamique intercommunale. Les participants ont également discuté des mesures à prendre pour améliorer la gouvernance locale, assurer la visibilité des actions gouvernementales et renforcer la sécurité face à la menace terroriste. A l’occasion, le ministre de la Décentralisation a insisté sur la nécessité d’une synergie d’actions pour mettre en œuvre les instruments de planification nécessaires afin de faire des communes, des espaces bien gouvernés et économiquement prospères d’ici 2033. Il a appelé les préfets à jouer un rôle déterminant en tant que représentants de l’État et autorités de tutelle des communes. De son côté, le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique, Alassane Séidou, a réaffirmé le soutien du gouvernement aux efforts de décentralisation et de déconcentration. Il a invité les Préfets à vulgariser les nouvelles modalités de gestion de la transhumance et à accompagner les acteurs communaux dans la mise en place des nouveaux services créés par la récente restructuration administrative. A leur tour, les préfets se sont également engagés à continuer à travailler ensemble pour surmonter les défis et réaliser les objectifs fixés pour le bien-être de la population béninoise. La Conférence s’est terminée sur des engagements fermes en vue d’améliorer la gestion des communes, renforcer les actions collectives entre elles et promouvoir un développement local inclusif et équitable.
Dieudonné Aloukoutou éjecté, Véronique Bocovou sur la braise
Dans cette dynamique d’améliorer la gouvernance dans les communes, le préfet de l’Atlantique a pris un acte fort. Il s’agit en l’occurrence de la révocation du Secrétaire exécutif de la commune de Kpomassè. Jean-Claude Codjia a mis un terme aux fonctions de Dieudonné Aloukoutou le mardi 22 octobre 2024, à l’issue d’une procédure disciplinaire. Il lui est reproché des irrégularités dans la procédure de passation de marché relative à la construction du cimetière municipal de la commune. En attendant la désignation d’un nouveau Secrétaire exécutif par tirage au sort sous la supervision de la Cellule de suivi et de contrôle de la gestion des communes, les attentions sont focalisées sur la commune d’Adjohoun où la Se Véronique Bocovou, traverse une période de turbulences. Elle a été interpellée par la Brigade économique et financière (Bef) le mardi 12 novembre 2024. Cette convocation fait suite à des accusations de malversations portées par le maire François Zannougbo. L’un des principaux motifs de l’interpellation de Véronique Bocovou concerne la gestion des fonds issus de la vente aux enchères de véhicules municipaux. En effet, le maire Zannougbo a rapporté dans sa plainte que, suite à cette vente, les fonds n’auraient pas été versés sur le compte officiel de la mairie, comme cela aurait dû être le cas. Pire encore, la Se aurait obtenu ces fonds de manière informelle, en utilisant des pressions sur la caissière, sans laisser de trace écrite. Cette situation a révélé des pratiques de gestion opaque et a conduit le maire à saisir la Bef pour une enquête approfondie. « Un autre élément qui a contribué à l’interpellation de Véronique Bocovou est l’affaire d’un don de 500 000 FCfa, destiné à la construction d’un forage dans la commune. Ce fonds avait été offert par un proche du maire, mais selon les informations fournies par François Zannougbo, la SE aurait prétendu que cet argent lui avait été donné personnellement. Une déclaration jugée inacceptable par le Conseil communal, qui y voit un détournement de fonds destinés à un projet d’intérêt public », a rapporté lamarinabj.com. À noter qu’après plusieurs heures d’audition à la Bef, Véronique Bocovou a été relâchée, mais elle a été mise sous convocation.
Mairie de Dogbo : le torchon brûlait
Des mois plus tôt, c’est la commune de Dogbo qui s’est mise en évidence. Entre le maire Magloire Agossou et son Secrétaire exécutif, Iliwanou Adam, le courant ne passait plus. Au cœur de la discorde, le faible taux d’exécution du budget 2023. L’autorité communale semble porter le fardeau de la léthargie qui y règne à son Se. « Pour le budget 2022, on n’a pas pu faire grand-chose. En ce qui concerne le budget 2023, rien n’a pratiquement été touché. Au troisième trimestre où on évaluait les choses pour élaborer le budget de 2024, le taux d’exécution s’établissait à 14%. Le collectif budgétaire est là et vous pouvez venir vérifier », s’est désolé le maire. Pour Magloire Agossou, le faible taux d’exécution du budget a eu pour conséquence la reconduction des fonds sur le budget 2024 qui est établi à plus d’un milliard 800 millions de FCfa, une première pour la Commune de Dogbo. Cet accroissement budgétaire est loin d’être une prouesse, puisqu’un changement de paradigme et de méthode de gestion aurait permis de consommer le budget à un taux plus ou moins conséquent étant donné que les fonds existent. Par ailleurs, l’autorité communale s’offusque du retard accusé dans l’adoption du budget communal. « Le budget exercice 2024 est voté le 15 novembre 2023 au lieu du 15 octobre. On est le dernier à ce niveau dans le département du Couffo », a-t-il indiqué. De son côté, le Se semble ne pas être pertubé par ces dénonciations. Joint par la rédaction de « Le Matinal », le Se, Iliwanou Adam dit attendre la suite de la procédure en cours avant de prendre toute décision. « Ils ont raison de vouloir aller plus vite, mais les procédures ne permettent pas d’aller à la vitesse que les autorités souhaitent », a-t-il indiqué.
Le maire de Savalou face à la justice
En attendant de connaître le sort réservé au Secrétaire exécutif de la mairie de Dogbo, c’est le maire de la commune de Savalou qui est en train de répondre de ses actes à la justice. Le vendredi 20 décembre 2024, Délidji Houindo a été condamné par la justice à cinq mois de prison, dont trois mois ferme, dans une affaire ayant suscité l’émoi au sein de sa commune. L’affaire remonte à plusieurs mois, lorsque le corps sans vie d’un enfant a été retrouvé dans un puits. Soupçonnant une mort criminelle, les parents de l’enfant ont saisi la justice, qui avait ordonné une autopsie pour déterminer les causes du décès. Cependant, avant que l’autopsie ne soit réalisée, le corps a été inhumé dans une fosse commune sur décision du maire, entraînant la colère des parents qui ont vainement réclamé l’exhumation de la dépouille. Ce geste, perçu comme une entrave à la justice, a conduit à la condamnation du maire.
Une tournée pour améliorer la gouvernance locale
Et pourtant, quelques semaines plus tôt, notamment les 5 et 6 décembre 2024, le ministre de la Décentralisation et de la gouvernance locale, Raphaël Akotègnon, a parcouru les communes du département des Collines (Ouèssè, Savè, Glazoué, Bantè et Dassa-Zounmé). Cette tournée visait à évaluer la gouvernance locale et à renforcer les capacités des acteurs communaux. Lors de ces visites, des échanges ont eu lieu avec les maires, Secrétaires exécutifs et conseillers communaux sur des sujets tels que la gestion financière, la mobilisation des ressources, les conditions de travail et l’application des réformes territoriales. Ils ont permis de dresser un état des lieux des problématiques locales. Le ministre Raphaël Akotègnon a noté avec satisfaction « une amélioration des ressources propres et des dépenses de fonctionnement ainsi que des dépenses d’investissement dans l’ensemble des communes du département au cours de l’année 2023 comparativement à 2022. Cependant, il a déploré que l’amélioration des dépenses d’investissement enregistrée reste encore faible, appelant à des mesures urgentes pour redresser la situation. La tournée s’est conclue par une séance de synthèse à Dassa-Zounmé, au cours de laquelle le ministre a réaffirmé l’engagement du gouvernement en faveur d’une gestion locale efficace et durable.
Le budget 2025 en hausse de 3,42 %
Avant sa tournée, le ministre de la Décentralisation et de la gouvernance locale, Raphaël Akotègnon, était le mardi 26 novembre 2024, face à la commission budgétaire de l’Assemblée nationale. Il a défendu le projet de budget 2025 de son ministère, estimé à 53,4 milliards de francs Cfa, soit une hausse de 3,42 % par rapport à 2024. Ce budget est réparti entre 30,9 milliards pour les dépenses ordinaires et 22,5 milliards pour les dépenses en capital, avec une augmentation notable des crédits du Fonds d’appui au développement des communes (Fadec), qui passent de 15,8 milliards en 2024 à 22,4 milliards de francs Cfa en 2025 (+41,78 %). Les ressources globales du Fadec, incluant fonctionnement et investissement, augmentent également de 38,8 milliards à 44,6 milliards de francs Cfa (+15,05 %). Le ministre a présenté les priorités pour 2025, notamment le renforcement de la déconcentration, la promotion de l’économie locale et de l’intercommunalité, l’opérationnalisation du plan stratégique 2025-2029, la mise en œuvre de la Ponadec 2024-2033, et la dynamisation du dialogue de gestion interne. Il prévoit aussi la formation des élus et cadres des communes, l’appui au développement communal, l’opérationnalisation du Fonds d’investissement communal, ainsi que la construction d’un Centre de formation pour l’administration locale. Cette hausse budgétaire reflète l’engagement du gouvernement à renforcer la gouvernance locale et le développement des communes, tout en maintenant une légère progression des dépenses de fonctionnement hors salaires (+0,29 %, soit 81,6 millions de francs Cfa).
Firmin Kouton suspend l’Apadz
Avec cette année 2024 qui aura été riche en événements dans le secteur de la gouvernance locale au Bénin, on ne saurait passer sous silence la suspension de l’Association des producteurs agricoles pour le développement de Zagnanado (Apadz) par le préfet du Zou, Firmin Kouton. En effet, le 3 janvier 2024, à travers l’arrêté Nº12/003/Pdz/Sgd/Sag/Sa, l’autorité préfectorale a suspendu les activités de l’Apadz, invoquant des troubles à l’ordre public et des tentatives présumées d’incitation au soulèvement contre des décisions administratives locales. L’arrêté précisait également qu’en cas de récidive, le récépissé de déclaration de l’association serait annulé. Cette décision faisait suite à l’arrestation, le 2 janvier 2024, du président de l’Apadz, Didier Ahogbè. Ce dernier avait été accusé d’avoir déformé les propos du préfet lors d’une conférence de presse tenue le 20 décembre 2023. Durant cet événement, Didier Ahogbè avait critiqué la mauvaise application du décret réglementant la transhumance au Bénin, suscitant ainsi des tensions. Après avoir été gardé à vue dans plusieurs commissariats, il a été entendu par le procureur d’Abomey et libéré le 4 janvier 2024.
Réalisation : Joël Samson Bossou