Le 1er octobre 2021 au plus tard, une nouvelle équipe rectorale prendra la conduite des quatre actuelles universités du Bénin. Cela sera visiblement l’acte 3 de la réforme universitaire, après la nomination des membres du Conseil d’administration et la mise en place prochaine de l’Organe national de contrôle et d’éthique de l’enseignement supérieur. Tout ceci entre dans la vision du chef de l’Etat de faire des hauts lieux du savoir un label régional.
En vacances depuis ce 03 août 2021, les portes des universités publiques béninoises rouvriront début septembre 2021, avec un sceau de métamorphose mis en place par le chantre de la Rupture. En effet, les inquiétudes de l’intersyndicale n’émoussent guère la témérité du Président Patrice Talon, déterminé à éviter au Bénin, le malheureux vocable de « quartier crétin » à la place de quartier latin. En cercle restreint, certains enseignants qui, pourtant, ont participé au séminaire sur l’Enseignement supérieur, manifestent malheureusement en sourdine un désarroi par rapport à la protection de l’intérêt personnel. A les suivre, dans un raisonnement réfractaire aux innovations, ils pointent un regard inquisitoire. Selon les conservateurs dissimulés, ce sont les collègues qui brillent excellemment par leurs absences permanentes ou rémanentes aux réunions syndicales, qui se laissent berner par le pouvoir. Il faut dire que ces allégations ne sont qu’un parapluie ou une échappatoire. Ils étaient sans voix aux séminaires fassent à la proposition de la commission. Au contraire, ils ont applaudi et fait des contributions. Peut-être, c’est la présence du chef de l’Etat dans la salle qui a motivé leur réticence de critiques de diversion. D’ailleurs, le relevé du conseil des ministres du 14 juillet 2021 en son deuxième et troisième paragraphe, lève l’équivoque. « En vue d’apprécier les recommandations issues des travaux de ladite commission, un séminaire national a été organisé avec la participation des acteurs du sous-secteur. Ceux-ci ont, de façon générale, marqué leur adhésion aux points de réforme suggérés qui portent notamment sur les statuts-type des universités publiques ; le mode de recrutement dans lesdites universités ; l’organisation des promotions dans les grades de l’enseignement supérieur ; la gouvernance des universités ; le profil des enseignants et la qualité des enseignements ; la recherche et l’innovation et l’instauration d’un organe national de contrôle et d’éthique », lit-on. Somme toute, l’on retient que le Bénin ne fera pas le transit d’un quartier latin à un quartier crétin.. La réforme est actée. Tant pis, aux soi-disant seigneurs de l’enseignement supérieur qui sont en infériorité. Ils prendront le train en marche certainement. Leur bonne foi au nom du fétiche principe de la franchise universitaire n’est pas à mépriser. Mais pour l’heure, l’on sait que les universités ont déjà un Conseil d’Administration effectif depuis le Conseil des ministres du 28 juillet 2021. L’Organe d’Organe National de Contrôle et d’Ethique en plein téléchargement sortira en fin de vacances gouvernementale donc à la rentrée. Quant aux nouveaux recteurs, ils seront connus sans faille et sauf changement de dernière minute, avant le 1er octobre. Tous ces maillons de la chaîne seront huilés par un Fonds pour le financement de l’enseignement supérieur.
Election des recteurs et doyens : les conflits désormais révolus
L’université est un temple du savoir, un sanctuaire. Ce n’est pas un milieu de rivalité de poste administratif mais celui de challenge intellectuel à vocation première de faire flotter le drapeau du pays dans le ciel scientifique et technique. L’expérience de l’élection a toujours laissé des séquelles. Elle n’a jamais été favorable à une université de développement de référence. Mais les conservateurs vous diront le contraire. « Aujourd’hui, ce que le gouvernement qui est propriétaire des universités publiques propose, est que tous ceux qui veulent diriger l’Université ou une faculté puissent candidater, passer par toutes les étapes, parmi lesquelles, il y a, entre autres, l’appel à candidature, le dépôt de dossier, l’étude des dossiers, l’interview…tout ceci suivant des critères bien définis et une procédure rigoureuse claire et éprouvée » a exposé dans les médias le professeur Dodji Amouzouvi, membre de la commission spéciale chargée de faire des propositions pour la modernisation des universités publiques au Bénin. « Avec le nouveau mode, c’est chacun qui prépare son dossier, qui rédige sa vision et ses stratégies pour le développement de l’Université en tant que recteur, en tant que vice-recteur et qui les défend devant des instances et des organes commis à cet effet-là. Les trois meilleurs méritants seront proposés au gouvernement » a-t-il laissé entendre. Il faut dire, que c’est un travail qui se fera par le ministère de l’enseignement supérieur, le gouvernement et le Conseil national de l’éducation (Cne).
Mandat renouvelable pour le recteur et unique pour le vice-recteur
De la réforme, il ressort que le recteur est désormais nommé par décret pris en Conseil des ministres pour un mandat de 3 ans, renouvelable une seule fois sur proposition du ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique après les différentes phases de sélection. Membre du corps des personnels de l’enseignement supérieur avec un grade de professeur titulaire du Cames ou un titre équivalent dans le système national ou étranger, le recteur peut être de nationalité béninoise avec résidence au Bénin ou à l’Extérieur ou un étranger, ayant une solide expérience managériale et porteur d’une vision de développement de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Les vice-recteurs, quant à eux, sont nommés aussi dans les mêmes conditions avec une durée de mandat identique.
Un Organe national de contrôle et d’éthique pour la discipline des enseignants du supérieur
En vertu des dispositions de l’article 81 et suivants du projet de décrets portant statuts particuliers des corps des personnels enseignants des universités publiques du Bénin, les enseignants des universités publiques sont passibles de sanctions disciplinaires prévues à l’article 69 et suivants de la loi n°2015-18 du 1er septembre 2017 portant statut général de la fonction publique tel que modifié par la loi n°2018-35 du 05 octobre 2018, sans préjudice de poursuites judiciaires. Indépendamment des dispositions de l’article 69 et suivant de la loi n°2015-18 du 1er septembre 2017 portant statut général de la Fonction Publique tel que modifiée par la loi n°2018-35 du 05 octobre 2018, les enseignants des universités publiques du Bénin, sont également passibles de sanctions attachées à leur qualité d’enseignant du supérieur. L’appréciation des sanctions prévues relève de l’Organe National de contrôle et d’Ethique dans l’enseignement supérieur(ONCES). En effet, l’organe dispose d’un pouvoir d’investigation de recommandation et propose à l’autorité des sanctions. Il est placé sous la tutelle du ministre chargé de l’Enseignement Supérieur et sous la supervision opérationnelle du Conseil National de l’Education. Un décret pris en conseil des ministres fixera sa composition et précisera la nature des fautes et les sanctions applicables.
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