La célébration cette année de la fête internationale des travailleurs, s’est déroulée dans une atmosphère de désaccord entre le gouvernement et les organisations syndicales. Certaines organisations notamment la Csa-Bénin et la Cosi-Bénin ont refusé de donner suite à l’invitation de la ministre du Travail et de la fonction publique (Mtfp) leur demandant d’envoyer le cahier de doléances. Le Secrétaire général de la Confédération des organisations syndicales indépendantes (Cosi-Bénin), Noël Chadaré, dévoile dans un entretien accordé à « Le Matinal », les raisons de cette décision. Lire ses propos.
Le Matinal : Qu’est-ce qui motive le refus de la Cosi-Bénin, d’envoyer le cahier de doléances au gouvernement cette année ?
Noël Chadaré : Ce qui motive cette décision, c’est que nous avons constaté depuis un certain moment, que les cahiers de doléances que les transmettons sont empilés et mis sous boisseau. Par rapport à ce constat désolant, nous nous sommes demandé quelle utilité revêt encore le cahier de doléances ? Normalement, les cahiers de doléances sont faits pour être exploités dans le cadre des négociations pour en discuter du contenu et trouver des solutions aux problèmes. Mais si on doit l’envoyer juste pour sacrifier à un protocole, juste pour faire du folklore chaque 1er mai quitte à le ranger après aux oubliettes, cela ne vaut pas la peine. Sinon que la ministre du Travail et de la fonction publique a envoyé sa correspondance mais nous avons estimé qu’il faille d’abord traiter les contenus des anciens cahiers de charges qui ont été empilés avant d’en soumettre d’autres.
Que reprochez-vous concrètement au gouvernement ?
La première raison qui motive notre refus de sacrifier une énième fois à ce qui s’apparente à une formalité protocolaire, c’est le refus du dialogue. La deuxième raison, c’est que le dialogue social est infructueux. On ne dialogue pas, on ne se parle pas en dépit de l’existence d’une commission permanente de négociation qui comprend le gouvernement, centrales et le patronat. Les textes stipulent qu’on que la Commission doit tenir au moins deux sessions ordinaires dans une année, sans compter les sessions extraordinaires. Tout ceci, pour aplanir les divergences entre le gouvernement, les Centrales et Confédérations syndicales et le patronat. Malgré toutes ces prévenances règlementaires, à peine nous nous sommes réunis une fois, pour deux jours l’année dernière, pour une session qui doit durer normalement au-delà de 20 jours. Cette année où nous entamons le cinquième mois, on n’a pas encore convoqué de session de la commission permanente or les problèmes des travailleurs sont là. C’est une montagne de problèmes. Le peu de fois qu’on s’est réuni, les problèmes qui ont été débattus n’ont pas connu de règlement. On dit des choses mais après on constate qu’on est toujours à la case départ. En clair, non seulement le dialogue social est infructueux mais il est malade, infécond et stérile. Le dialogue se raréfie du fait que la Commission permanente n’est pas convoquée. Il y a une sorte de banalisation du dialogue social. Au regard de tout cela, nous ne voyons pas la nécessité d’envoyer notre cahier de doléances puisqu’on n’en fait pas usage.
Puisque vous semblez dire que le dialogue social est quasi-inexistant, que comptez-vous faire pour obtenir la satisfaction de vos revendications ?
C’est aux travailleurs qu’il revient maintenant de prendre leur destin en main. Si le dialogue social n’existe pas, il faut que les travailleurs en tirent toutes les conséquences puisqu’on n’a pas de répondant nécessaire pour trouver les solutions aux problèmes. Donc, il faut utiliser toutes les voies légales, prescrites par les textes pour revendiquer les droits des travailleurs.
Propos recueillis par Gabin Goubiyi