(Des approches de solutions pour corriger le tir)
Adopté en Conseil des ministres le mercredi 13 septembre 2023 et entériné par le chef de l’État, Patrice Talon, le décret n° 2023 – 453 du 13 septembre 2023 portant réglementation de l’affichage publicitaire dans les Communes du Grand Nokoué peine toujours à être mis en application. Plus d’un an après la décision, force est de constater que le mal persiste. Les Communes concernées sont toujours le théâtre de la pollution visuelle avec des affichages publicitaires sauvages.
Le projet de réglementation de l’affichage publicitaire dans le Grand Nokoué décidé en Conseil des ministres puis affermi par le président de la République à travers le décret n° 2023 – 453 du 13 septembre 2023 n’a accouché que d’une souris. La pollution visuelle ponctuée par un affichage violent des messages publicitaires continue de toujours dicter sa loi au grand dam des populations qui aspirent toujours à un changement de comportement. Cela, pour donner un nouveau visage aux grandes villes du Bénin. En effet, fort du constat selon lequel les affiches publicitaires sur les biens publics sont monnaie courante dans les grandes villes du Bénin, le gouvernement a adopté, en conseil des ministres le mercredi 13 septembre 2023, un projet de décret relatif à la réglementation de l’affichage publicitaire dans les communes du Grand Nokoué notamment les villes de Cotonou, de Ouidah, d’Abomey-Calavi, de Sèmè-Podji et de Porto-Novo dans le but de mettre fin à la pagaille. Ledit décret a pour objet de prévenir la dégradation de la qualité paysagère et environnementale des axes urbains des villes du grand Nokoué. Sa mise en œuvre contribuera à la protection de l’environnement et de la santé. Cependant, force est de constater que plus de douze mois après la décision, les cinq communes prises en compte ont toujours des affiches apposées de manière sauvage et illégale sur les mâts de lampadaires, les poteaux électriques, les panneaux de signalisation routière et les anciens supports médiatiques.
Des actes qui plombent les efforts de l’Exécutif
Depuis 2016, le gouvernement du président Patrice Talon a entrepris de grands travaux à travers la construction des infrastructures aux normes internationales pour embellir les villes. Malheureusement, l’affichage publicitaire sauvage défie non seulement le travail de la Société de gestion des déchets solides et de salubrité (Sgds), mais aussi peint en noir les efforts de progrès mis en œuvre par l’Exécutif par le biais du ministère du Cadre de vie et des transports en charge du développement durable. Par ailleurs, la pollution visuelle générée par ces comportements qui ne relèvent d’aucune esthétique et orthodoxie entraîne des incidences en matière de santé, car ces agissements affectent négativement l’environnement qu’ils dégradent vu l’utilisation massive de papier et de plastique, salissant du coup le paysage à la fois public et privé. Selon Pierre Dossa, activiste environnemental et sensibilisateur par approche Iec Cesp, ce mauvais comportement a d’impact sur l’environnement urbain. Il s’agit, entre autres, du manque de conformité qui continue d’affecter l’esthétique des villes, en contribuant à la pollution visuelle et à la détérioration des infrastructures et équipements publics. « Ce problème compromet les objectifs de durabilité et de propreté visés par le décret, d’où la nécessité d’une activité renforcée pour remédier à ces défis », a expliqué Pierre Dossa tout en insistant sur le fait qu’il est aussi crucial de procéder au nettoyage des espaces publics dégradés avec le collage des affiches, d’améliorer la surveillance et de renforcer les sanctions pour les contrevenants. Une campagne de sensibilisation plus large est également nécessaire pour éduquer le public et les commerçants sur les nouvelles exigences.
Urgence d’aller à la répression
La peur du gendarme est le commencement de la sagesse. Selon l’article 3 du chapitre 2 qui dispose du contrôle et sanctions du décret n° 2023 – 453 du 13 septembre 2023 portant réglementation de l’affichage publicitaire dans les communes du Grand Nokoué, le contrôle du respect de la réglementation de l’affichage est assuré par la Police républicaine et les services techniques des mairies concernées. Conformément à l’article 3, ils sont chargés de rechercher et constater les infractions à la réglementation sur les affiches publicitaires et de recevoir les plaintes, interpeller toute personne présumée auteur de pollution visuelle conformément aux textes en vigueur. L’article 4 stipule que « l’auteur de tout affichage effectué en violation des dispositions du présent décret est puni d’une amende de cinquante mille (50.000) francs Cfa par jour de présence dudit affichage.» A en croire le décret en son article 5, tout auteur de pollution visuelle avant l’entrée en vigueur dudit décret, dispose d’un délai de trois mois à compter de la date de sa publication, pour se conformer aux dispositions. L’évidence est qu’un trimestre après, les lignes n’ont pas vraiment bougé, même si des efforts ont été faits. Les autorités ministérielles et les acteurs dont les agents des mairies et les fonctionnaires de la Police républicaine concernés par la mise en œuvre du décret doivent prendre leurs responsabilités et veiller à ce que l’affichage publicitaire soit réglementé.
L’option des panneaux publicitaires lumineux et modernes
A en croire Pierre Dossa, activiste et sensibilisateur par approche Iec, Cesp et Cccp en environnement, il y a eu des améliorations notables dans certains secteurs, avec une réduction partielle des affichages non conformes et les mesures de contrôle ont permis de clarifier les nouvelles règles auprès de certains commerçants et citoyens. Toutefois, des goulots d’étranglement persistent toujours. Pour remonter la pente, le gouvernement doit amener les commerçants et les agences de communication à opter pour les panneaux lumineux et modernes. Ils permettront de conférer davantage une certaine beauté aux villes. A défaut, pour corriger ou améliorer la situation, le gouvernement doit penser au renforcement des contrôles et sanctions en mettant en place un système de contrôles réguliers à travers la police républicaine et les activistes en environnement pour vérifier le respect du décret et appliquer des sanctions dissuasives en cas de non-conformité. « Il doit aussi organiser des campagnes de sensibilisation intensives auprès des commerçants et du grand public pour expliquer les nouvelles règles, les conséquences du non-respect et les avantages d’un affichage réglementé », a préconisé Pierre Dossa. En outre, les autorités doivent également former les entreprises commerciales sur les dispositions du décret, afin qu’elles adoptent des pratiques conformes aux nouvelles règles. Pour finir, il serait de bon ton que le gouvernement pense à la création d’alternatives d’affichage, des espaces dédiés à la publicité et à l’affichage pour éviter les collages sauvages et assurer une gestion ordonnée et esthétique des annonces publicitaires.
Mohamed Yasser Amoussa (Coll)