Venu des affaires à la politique, beaucoup ne vendaient pas chère la peau de Patrice Talon. Mais, depuis la surprise qu’a été son élection à la magistrature suprême en 2016, l’homme ne cesse d’afficher des qualités de politicien et d’homme d’Etat.
Avec l’audience accordée mercredi 22 septembre 2021, à l’ancien président Yayi Boni, Patrice Talon vient de frapper un « grand coup » politique. Car, ce n’était pas du tout évident d’en arriver là, vu les dégâts causés par les évènements postélectoraux de 2019 et 2021, lors des législatives, et ensuite de la présidentielle d’avril 2021. Le Bénin a connu à l’époque, les heures les plus chaudes de son histoire politique récente. Le pays a même failli être divisé en deux. En 2019, Yayi Boni a dû être contraint à rester en résidence surveillée pendant 52 jours à Cadjèhoun à Cotonou. Conséquences de l’existence d’armes découvertes chez lui par des chasseurs. C’est dire qu’on avait frôlé le pire, et les séquelles sont encore évidentes. Au centre de cette tension, le « parrainage » et d’autres réformes imposées dans le Code électoral par les députés de la 7ème législature. Il aura fallu à Patrice Talon de faire preuve de beaucoup d’habileté politique pendant ses presque six années de pouvoir à Patrice Talon, pour garder le pays hors de l’eau, sans crise majeure. Car même au fort temps de la crise politique de 2019, lorsque les contestations et les revendications étaient à leur paroxysme, Patrice Talon, avec la détermination chevillée au corps, croyait dur comme fer que ces élections allaient avoir lieu. Pareil en 2020, avec les communales et la présidentielle de 2021. Au fil du temps, Patrice Talon s’est révélé comme « un politicien habile et chevronné », capable de retourner toutes les situations, parfois les plus compliquées et controversées, à son avantage. En cela, il semble habitué par une baraka, mais surtout les résultats obtenus par une gouvernance rigoureuse. Physiquement le pays change, et les Béninois en sont reconnaissants à Patrice Talon et son gouvernement. Fort de cet aura, le chantre n’a cessé de pousser un peu plus sa confiance, profitant pour réformer à tout va. Du coup, il a réussi à mettre toute la classe politique béninoise en ordre. Alors qu’on était à près de 120 partis politiques en 2016, on en est à une dizaine aujourd’hui. D’ailleurs, ces derniers sont obligés de fondre dans les grands ensembles, sinon ils seront frappés par les critères des 10% de résultats sur le plan national. Pendant les différentes crises, ses choix politiques ont toujours surpris. Les cas Colonel Tawès, Bertin Koovi et Yayi Boni sont les plus récents. Sans faire du charlatanisme, on dirait qu’il est un peu en avance sur son temps.
Wilfrid Noubadan