(Qui manipule les artistes?)
Les acteurs culturels du Bénin veulent renouer avec les podiums et pistes de prestations diverses. Certainement fatigués des mesures préventives du Coronavirus depuis quelques mois, ces artistes mettent la pression sur le gouvernement pour lever l’embargo relatif aux regroupements incontrôlés, vecteurs de transmission dudit virus. Ils étaient face aux médias en cours de semaine.
Entre la santé des Béninois et la poche des acteurs culturels, le gouvernement devra opérer un choix. Les acteurs culturels tiennent à reprendre avec les grands regroupements dans le pays, exposant les populations aux affres de la pandémie du Coronavirus. Au cours de leur sortie médiatique, il y a quelques jours, ils ont exprimé le besoin de renouer avec la scène publique. Ils veulent que le gouvernement les autorise, en cette fin d’année à organiser des manifestations culturelles, alors que le Covid-19 n’a pas encore cessé de sévir. La raison fondamentale avancée est qu’ils veulent se remettre en activité pour pouvoir gagner leurs vies. En dehors des artistes eux-mêmes qui brûlent d’envie de renouer le contact physique avec leurs fans, il y a aussi des entrepreneurs culturels qui tiennent à rentabiliser en cette fin d’année. Sur les réseaux sociaux, certains artistes et acteurs culturels s’offusquent du blocage de leurs activités alors que le secteur sportif est resté actif. Ils vont parfois jusqu’à donner l’exemple des cérémonies mortuaires et autres organisées habituellement en week-end dans certaines régions du pays, nonobstant les mesures du gouvernement. Il y en a parmi eux qui disent même que le gouvernement, à défaut de les autoriser à reprendre leurs manifestations, n’a qu’à leur apporter des appuis ponctuels.
Légitimes revendications mais…
Les acteurs culturels n’ont pas tort de prier le gouvernement de lever les mesures préventives mises en place contre la propagation du Coronavirus. C’est leur droit. Mais il semble qu’ils ont négligé certains paramètres. En criant partout qu’il faut les autoriser à reprendre les manifestations grand-public, les acteurs culturels n’ont pensé qu’à eux-mêmes et à leurs propres intérêts. Ils ont minimisé la santé des Béninois et surtout de leurs fans. Il semble qu’ils ne mesurent pas la gravité des dégâts que cause ce virus dans le monde entier. Et apparemment, ces acteurs culturels veulent que les variants signalés dans des pays limitrophes attaquent le Bénin avant de savoir qu’il faut mettre de côté les sentiments au profit de l’intérêt supérieur de la Nation. Depuis août 2021 que le gouvernement a mis embargo sur les manifestations diverses devant entrainer de grands regroupements, combien parmi les acteurs culturels se sont investis pour amener les populations à se faire vacciner ? Le gouvernement et les partenaires sont les seuls à se débattre depuis plusieurs mois pour sensibiliser les populations. Même parfois, lors des activités de sensibilisation, il faut payer des artistes avant qu’ils ne viennent prester. Depuis quelques semaines, la plupart des artistes ne font qu’inonder leurs espaces d’expression sur le net de visuels annonçant des concerts. Aucune place importante pour les messages de sensibilisation à la vaccination anti-Covid-19. Au cours d’une sortie médiatique en octobre dernier, le ministre de la Santé avait été clair : le taux de vaccination au Bénin doit avoisiner les 60% avant que les mesures ne soient levées. Et si c’est cela qu’il faut pour protéger les Béninois, les gouvernement n’a qu’à s’en tenir à cela. Les artistes ont donc intérêt à se lancer dans la campagne de sensibilisation pour aider le pays à atteindre un taux raisonnable de vaccination.
Les églises souffrent, le concert de Gims aussi…
Les acteurs culturels ne sont pas les seuls à souffrir de ces mesures préventives prises dans l’intérêt supérieur de la Nation. En cette fin d’année, les Eglises n’ont pas pu organiser leurs conventions annuelles. Leurs responsables se contentent des messes hebdomadaires, dans le strict respect des gestes-barrières. C’est aussi une grande souffrance spirituelle pour des gens qui n’ont que pour rôle et profession, la gestion des églises.
Que les acteurs culturels cessent donc de s’auto-victimiser
Si par le passé, le gouvernement a eu le courage d’interdire la tenue du concert de Gims alors que les tickets avaient été déjà vendus et que le promoteur a eu à investir gros, ce n’est pas garder le silence face à la pression en cours qui poserait un problème.
Les cris de détresse actuels des acteurs culturels paraissent suspects. Ils interviennent à quelques jours de la tenue de plusieurs manifestations culturelles. La date du 18 décembre 2021 est retenue pour l’organisation de plusieurs concerts au Bénin. Des tickets sont en vente depuis avec de fortes actions de communication. On y note d’ailleurs une forte division dans le monde des artistes chanteurs au point même qu’on se demande si ces rencontres ne seront pas une source d’insécurité en cette veille des fêtes. On a l’impression que les récentes sorties et appels à l’endroit du Gouvernement pour lever la mesure sont l’œuvre de certaines mains invisibles qui tiennent forcément à rentabiliser, quoiqu’il arrive. Seul le gouvernement a le dernier mot.
Félicien Fangnon