La restauration de l’ordre constitutionnel au Niger reste un impératif pour la Cédéao. L’institution communautaire est fortement déterminée à atteindre cet objectif par tous les moyens y compris celui militaire. Cependant, cette ultime option n’interviendra qu’après l’échec des discussions avec les actuels hommes forts di Niger. C’est du moins ce qu’ont rappelé, à la presse nationale et internationale, le ministre des Affaires étrangères et le porte-parole du gouvernement lors d’une conférence de presse qu’ils ont conjointement animée à Cotonou le vendredi 4 août 2023. Wilfried Houngbédji et Olushègun Bakari face à la presse.
Le Niger est sous le feu des projecteurs depuis le putsch intervenu 26 juillet 2023 qui a consacré l’éviction du président constitutionnellement élu, Mohamed Bazoum du pouvoir, désormais aux mains des hommes en uniforme. Face à ce coup de force, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a tenu un sommet extraordinaire le dimanche 30 juillet 2023 à Abuja au Nigéria. Les discussions ont été sanctionnées par la prise d’une batterie de décisions contre la junte qui a été mise en demeure sous huitaine, de rétablir l’ordre constitutionnel. Face à la presse nationale et internationale, le vendredi 4 août 2023, Olushègun Adjadi Bakari, ministre des Affaires étrangères et Wilfried Léandre Houngbédji, porte-parole du gouvernement ont fait le point de la situation et justifié la pertinence de l’option de la Cédéao. Pour le patron de la diplomatie béninoise, il n’est pas question que la Cédéao reste muette face à cet énième coup de force qui constitue, à l’instar de ceux précédents, une menace pour la stabilité de la sous-région ouest-africaine. « La position de la Cédéao est très claire. Le président Bazoum est le président démocratiquement élu du Niger et est le seul que nous reconnaissons », a martelé le patron de la diplomatie béninoise qui a confié que « Tout ce que la Cédéao demande, c’est la réinstallation du président Bazoum dans sa fonction de président de la République ». A en croire, Olushègun Bakari, il y a une circonstance aggravante dans le cas précis du coup d’Etat intervenu au Niger. Les conditions dans lesquelles, le président a été interpellé et les auteurs de cette interpellation inclinent à reconnaître que cette situation fait peser une insécurité sur les dirigeants de la sousrégion. « Il s’agit dans le cas spécifique du Niger, d’une prise en otage du président » ce à quoi, la Cédéao ne saurait prêter flanc. D’où l’urgence pour la Cédéao d’intervenir pour rétablir l’ordre constitutionnel par tous les moyens y compris celui militaire qui constitue, l’ultime option en cas d’échec des négociations et discussions avec les putschistes. Sur l’opérationnalisation des mesures envisagées par la Cédéao notamment celle militaires, les conférenciers ont indiqué que le Cédéao s’est engagée dans un chemin de négociation, qui devrait aboutir à une sortie de crise de manière douce et pacifique. « Les tractations en cours ont pour finalité, nous l’espérons, d’aboutir à une solution négociée, une solution pacifique dans cette crise », a exposé Olushègun Bakari. Il va sans dire que l’institution communautaire reste pleinement consciente de la gravité de l’option militaire et des conséquences qu’elle pourrait avoir sur le Niger.
Sur l’engagement du Bénin
Pour le ministre des Affaires étrangères et le porte-parole du gouvernement, il n’est pas question que le Bénin se démarque de la décision de la Cédéao. Par ailleurs, le Bénin a tout intérêt à œuvrer pour la restauration rapide de l’ordre constitutionnel au Niger au regard de la proximité entre les deux pays d’une part, et des relations séculaires qu’ils entretiennent d’autre part. « Si demain, le Niger devient une poche d’instabilité internationale, ceux qui seront en premier impactés, c’est d’abord nous. Donc, c’est notre responsabilité en tant que pays de la Cédéao de prendre la mesure de la situation et de pouvoir prendre notre position », a indiqué Olushègun Bakari qui s’est inscrit en faux contre les allégations faisant état de ce que la France serait derrière l’engagement de la Cédéao et les actions envisagées contre le Niger.
Gabin Goubiyi