La revalorisation des salaires est une option salutaire mais pour Patrice Talon il faut qu’elle tienne « compte de ce qu’il faut faire pour améliorer le quotidien de chacun sans renoncer à ce qui concerne notre vie à nous tous et qui détermine notre évolution et la sortie de la pauvreté ». C’est du moins l’un des extraits de ses propos introductifs à la rencontre tenue hier, mardi 6 décembre 2022 avec les responsables des centrales et confédérations syndicales ainsi que les membres du patronat béninois. Lire ses propos.
« Nous nous étions promis de nous revoir en novembre, mais le temps qu’on s’est donné pour rendre la copie n’a pas suffi, mais vaut mieux tard que jamais. Nous avons été rattrapés tous par les problèmes auxquels le monde est confronté. Nous devrions nous rassurer que la situation globale et notre situation propre ne nous mettraient pas en difficulté longtemps, durablement. Il a fallu analyser notre situation propre à celle du monde, faire des projections nécessaires avant de nous engager dans la dernière ligne droite des propositions à faire pour le relèvement des salaires des agents publics, chose qui une fois arrêtée, décidée, mise en œuvre, ne peut plus faire demi-tour et nous avons convenu de vous faire le point, suggérer et présenter ce qui a été retenu, ce qu’il a été possible de retenir, vous soumettre cela, recevoir votre appréciation, vos suggestions et voir dans quelle mesure, nous trouverons bien un consensus avant de soumettre tout cela demain au grand jury qu’est le Conseil des ministres. Vous savez très bien que nous sommes confrontés, l’Etat, nous tous ensemble, et principalement l’équipe gouvernementale qui a la charge de gérer pour l’intérêt général nos ressources pour faire face à tous nos problèmes : l’infrastructure, l’information, les problèmes de santé, l’insécurité et les problèmes d’emploi. Mais quand tout cela n’exclut pas le quotidien de chacun, le pain quotidien, il est tout à fait normal que dans l’assiette pour la répartition des ressources publiques, nous tenions compte de ce qu’il faut faire pour améliorer le quotidien de chacun sans renoncer à ce qui concerne notre vie à nous tous et qui détermine notre évolution et la sortie de la pauvreté. Il y a des investissements jamais faits sans quoi nos enfants risquent de vivre le même sort que nous : la pauvreté sans fin. Malheureusement, c’est ce qui semble désormais caractériser nos pays en Afrique. Nous savons très bien que ce n’est pas une fatalité. La pauvreté n’a jamais été une fatalité pour quiconque. Que ce soit auprès des individus, que ce soit pour les communautés. Ce qui fait que nous sommes constamment dans la pauvreté quand on refuse de faire les efforts nécessaires, quand on refuse de consacrer le peu qu’on a, à nous développer, quand on consomme le peu qu’on a, on vit dans la pauvreté éternelle. Nous devons faire un choix différent. Nous espérons que cela porte ses fruits et le dilemme est de pouvoir garder le cap tout en permettant à chacun de se sentir concerné en son temps par les fruits de nos efforts communs ».
Propos recueillis par Abdourhamane Touré