(Comment le parti de Yayi s’est embourbé dans une impasse qu’il pouvait éviter)
Dans une poignante lettre adressée à celui qu’il appelle affectueusement » frère et ami », le premier vice-président du parti Les démocrates, Eric Houndété, invite presque à genoux, son collègue Michel Sodjinou à remettre son parrainage au parti. Un cri de cœur qui sonne comme un aveu d’échec, mettant à nu l’incapacité de la formation politique à prévenir une crise latente qu’elle pouvait éviter.
La situation se complique pour le parti Les démocrates. L’affaire liée au retrait de parrainage du député Michel Sodjinou met la principale formation politique de l’opposition béninoise dans une position des plus inconfortables. Projetée au-devant de la scène il y a quelques jours, cette affaire semble plonger le parti présidé par Boni Yayi dans les abysses du désespoir. La participation des Ld à la prochaine élection présidentielle ne tient qu’à un fil : la mise à disposition du nouveau formulaire de parrainage délivré à Michel Sodjinou. Celui-ci, d’après le récit des faits exposés par Eric Houndété dans son cri de cœur à son collègue, aurait fait part le 2 septembre 2025 (jour du retrait du formulaire de parrainage par les députés Ld à la Céna ndlr) de sa décision de ne remettre son parrainage qu’après avoir été convaincu du choix du candidat à qui il devrait l’accorder. Une initiative dont il a été dissuadé après avoir été prié par « son ami d’enfance » Eric Houndété, de ne pas briser la discipline du groupe. Ce signal donné par le député était suffisamment expressif d’une volonté de liberté, d’un refus d’emballement collectif pour être pris au sérieux au sommet du parti afin de limiter les potentielles brouilles internes. Mais c’est sans compter avec l’incurie qui caractérise la formation politique présidée par Boni Yayi, qui comme à son habitude, en a fait une crise mineure. Pour n’avoir pas été précautionneux et prévoyant, le parti se retrouve au creux de la vague, à la recherche du précieux parrainage du fameux Sodjinou qui vaut aujourd’hui son pesant d’or. Sans celui-ci, le parti est en proie à une sérieuse menace d’éviction de la course à la Présidentielle, un scrutin dont il avait pourtant fait une question de vie ou de mort.
Sodjinou, une preuve de courage politique
Au-delà de la passion qui anime le débat relativement à ce dossier, il convient de célébrer la bravoure et le courage d’un militant qui a eu le courage d’affirmer et d’assumer sa position. En effet, en homme de principe, Michel Sodjinou avait donné le ton depuis le 2 septembre dernier. Entre cette date et celle destinée à l’ouverture par la Céna de l’enregistrement des déclarations de candidatures, le parti a suffisamment eu le temps de régler ou à tout le moins, de prévenir cette crise qui risque aujourd’hui de lui être fatale et de lui coûter son ambition de figurer dans les starting-blocks de la Présidentielle de 2026.
Gabin Goubiyi




















