C’est connu de tous, du temps où il était aux affaires, l’ancien président de la République Boni Yayi aimait à se proclamer « ami » de ses pairs, forçant s’il le faut les choses pour paraître tel. Lula da Silva, déjà président du Brésil à l’époque, n’a pas échappé à cette façon de faire.
Eh bien, ce Lula a beau être « l’ami » de Boni Yayi, il ne pense pas comme lui. Il fait montre d’un sens aigu des responsabilités. Et quand il faut punir ceux qui attentent au vivre ensemble des Brésiliens, aux symboles de la République, il est intransigeant. Ainsi, à l’occasion de la commémoration des actes perpétrés par son successeur devenu prédécesseur, Jair Bolsonaro, dont les partisans ont attaqué les institutions républicaines le 8 janvier 2023, pour contester l’élection de Lula da Silva et inviter les militaires à s’emparer du pouvoir, voici ce qu’a déclaré le président brésilien : « Il n’y a pas de pardon pour qui attente à la démocratie, à son pays et à son propre peuple… Tous ceux qui ont financé, planifié et exécuté une tentative de coup d’État doivent être punis de façon exemplaire » excluant ainsi d’accorder un quelconque « pardon » à ceux qui ont conçu, financé ou perpétré les attaques de Brasilia. On croirait entendre le président Patrice Talon qui, sur un sujet de même nature, a toujours affiché cette posture d’homme d’Etat en refusant de faire jouer l’affect au détriment du sens de l’Etat qui commande d’être ferme quand il le faut. En clair, Lula donne parfaitement raison à Patrice Talon et montre que, qu’il s’agisse du Bénin ou de n’importe quel autre pays, la République doit être protégée ; et que si elle est attaquée, même par des politiques, ceux-ci doivent répondre de leurs actes. C’est ainsi que se renforce la démocratie. Du reste les Etats-Unis d’Amérique en donnent aussi l’exemple à travers la poursuite et la sanction des auteurs de l’attaque du Capitol, dont le commanditaire numéro 1, Donald Trump lui-même qui, quoiqu’ancien président, est appelé à comparaître devant les juridictions. Pour rappel, parmi les 2.170 personnes arrêtées au Brésil en 2023, une trentaine d’émeutiers ont déjà été condamnés pour divers crimes, dont tentative de coup d’Etat, à des peines allant jusqu’à 17 ans de prison. Quant à l’ancien président Jair Bolsonaro, qui était aux Etats-Unis le jour des attaques menées par ses soutiens, il a déjà été condamné en juin 2023 à huit années d’inéligibilité pour abus de pouvoir politique et d’autres procédures ont été ouvertes contre lui. Bon, sait-on jamais, peut-être que Boni Yayi écrira bientôt à son « ami » Lula pour lui demander de faire voter une loi d’amnistie en faveur des personnes dans le viseur de la justice. En attendant, un étudiant brésilien se veut exigeant, comme bon nombre de ses concitoyens : « Ce n’est pas assez de punir ceux qui étaient physiquement présents lors du 8 janvier, mais il faut punir aussi ceux qui l’ont incité. Ce n’est pas un événement qui a explosé de nulle part, c’est le fruit d’une construction faite au cours de ces quatre dernières années, notamment par l’extrême droite. »
Et un autre citoyen brésilien dénonce l’impunité des politiques : « Le mentor des événements de Brasilia est libre. Au Brésil, les vrais coupables ne sont pas punis. Si on regarde l’Histoire de ce pays, c’est comme ça que ça se passe : en 1964, les cerveaux du coup d’État militaire ont été amnistiés. »
Akim Abdou Falola (Coll)