Lors de la conférence de presse qu’il a organisée, vendredi 17 janvier 2025, le secrétaire général adjoint et porte-parole du gouvernement a levé un coin de voile sur ce qu’il considère être la priorité de fin de mandat pour l’actuel capitaine du navire Bénin, Patrice Talon.
Sauf cataclysme, d’ici 16 mois, l’actuel chef de l’Etat va rejoindre le cercle des anciens présidents du Bénin. Cela reste une évidence même si des voix isolées alimentent le débat autour d’une éventuelle prolongation de son bail à la tête du pays. Un débat qui pour Wilfried Léandre Houngbédji, secrétaire général adjoint et porte-parole du gouvernement, n’a pas sa raison d’être au regard des verrous constitutionnels inscrits dans la loi fondamentale du Bénin mais aussi des nombreuses assurances données par l’homme lui-même. Ainsi, à en croire le porte-parole du gouvernement, le chef de l’Etat ne se sent nullement concerné par ce débat mais reste plutôt focus sur les ultimes défis de son mandats. « Pour Patrice Talon, la priorité, c’est prolonger la dynamique en réussissant ce qu’il y a à faire encore durant les 16 prochains mois », a confié le patron de la communication gouvernementale. Autrement dit, il n’est pas question pour le chef de l’Etat de baisser les bras sous prétexte qu’il égrène les derniers mois de son second et dernier mandat. Ne pas baisser les bras pour Patrice Talon, c’est également œuvrer à ce que la dynamique imprimée au pays depuis bientôt neuf ans, ne s’arrête en si bon chemin. « …C’est surtout pouvoir proposer aux Béninois, au terme de son mandat, une alternative pour prolonger cette belle dynamique qui produit autant de résultats avec l’espoir que les Béninois y adhèreront et ratifieront le choix que la dynamique actuelle leur proposera pour qu’elle s’amplifie année après année » a indiqué Wilfried Léandre Houngbédji lors de ses échanges a avec la presse, le 17 janvier dernier. Des propos qui ne font que confirmer ceux, tenus quelques semaines plus tôt par Patrice Talon lui-même à l’occasion de son message sur l’Etat de la nation. Devant la représentation nationale, Patrice Talon déclarait en effet : « … Le Bénin, notre pays, a trouvé son chemin et cela est irréversible, peu importe l’opinion et le souhait des nostalgiques en quête d’un retour à notre passé honteux….Le Bénin est au-dessus de tout ; la démocratie et la compétition politique devront, désormais, être exclusivement et absolument au service de notre développement… ». Des propos qui soulignent l’optimisme du Chef de l’Etat quant à l’avenir du pays. Pour Patrice Talon en effet et une majorité de Béninois, le Bénin vit depuis quelques années, une ère de développement avec des actions fortes qui font bouger les lignes dans divers secteurs et ont mis le pays sur orbite. Mettre fin à la dynamique serait compromettre tous les efforts entrepris et salués de part et d’autre.
Vaincre l’hydre terroriste, un défi à relever à tout prix
La lutte contre le terrorisme est l’une des équations que doit s’atteler à résoudre le président Patrice Talon. Jamais, le phénomène n’a été aussi vivace au Bénin que sous sa mandature. Depuis 2019 en effet, certaines régions du pays notamment dans la partie septentrionale, sont les cibles privilégiées des terroristes qui y opèrent de façon régulière. Il y a quelques jours, l’opération Mirador, mise en place pour annihiler les velléités des adeptes du mal, a subi sa plus lourde perte le 8 janvier dernier. L’attaque de la position des Forces armées béninoises au niveau de la zone appelée Point Triple, a occasionné une trentaine de morts dans le rang de l’Armée béninoise. Cette attaque traduit la persistance du phénomène, en dépit des moyens déployés pour contenir le mal ou de le faire reculer. Il appelle du gouvernement, l’initiative de stratégies de riposte plus corsées afin de pousser dans leur dernier retranchement et mettre hors d’état de nuire, ces divorcés sociaux qui sèment la peur et la psychose au sein des paisibles populations.
Normalisation des relations avec le Niger
Les relations entre le Bénin et le Niger sont grippées depuis plusieurs mois. Les nouvelles autorités de Niamey reprochent au Bénin, d’avoir pris le lead de la condamnation du putsch intervenu dans ce pays voisin le 26 juillet 2023. Elles accusent aussi le Bénin, sans la moindre preuve formelle, d’abriter des bases militaires françaises sur son territoire. Ces accusations qui renforcent le climat de méfiance entre les deux pays notamment du côté du Niger qui maintient fermées ses frontières terrestres avec le Bénin en dépit de la levée des sanctions de la Cédéao, à l’initiative du président Talon. Une situation inconfortable qui n’arrange aucun des deux pays qui partagent des relations séculaires. Bien que la balle soit actuellement dans le camp des autorités nigériennes, le Bénin doit jouer son va-tout pour obtenir une normalisation de la situation, ce qui serait une prouesse diplomatique majeure et une bouffée d’oxygène aussi bien pour les opérateurs économiques béninois que pour le Port de Cotonou dont le Niger est l’un des clients privilégiés.
Organisation des élections de 2026, le grand tournant
Pour la première fois de son histoire, le Bénin va organiser des élections générales en 2026. Il s’agit des Législatives et communales couplées qui, selon les dispositions de la Constitution du 7 novembre 2019, doivent se tenir, le deuxième dimanche du mois de janvier 2026 soit le 11 janvier et la Présidentielle qui devra être organisée le deuxième dimanche du mois d’avril, soit précisément le 12 avril 2026 (article 153-3 de la Constitution). Subséquemment à ces scrutins majeurs, les dépôts de candidatures, doivent intervenir respectivement les 6 et 10 novembre 2025 au plus tard pour les élections communales et législatives. Pour ce qui est de la Présidentielle, la clôture du dépôt des candidatures doit intervenir, le 11 octobre 2025 soit 180 jours avant la date du scrutin selon les dispositions du Code électoral. Ces élections constituent un enjeu majeur pour l’ensemble de la classe politique et pour le peuple béninois en général, en ce qu’elles doivent consacrer le départ de Patrice Talon. Avant cette échéance, le landerneau politique est agité aussi bien du côté de la mouvance que de l’opposition. La révision du Code électoral intervenu début mars 2024, a quelque peu corsé les conditions de participation à l’élection présidentielle. Désormais, les candidats doivent être parrainés par au moins 15 % des députés et/ou des maires, provenant d’au moins 3/5 des circonscriptions électorales législatives. Pour ce qui est du seuil d’éligibilité pour l’attribution des sièges lors des législatives, il a été relevé à la hausse. Le nouveau Code stipule que les partis doivent obtenir au moins 20 % des suffrages dans chaque circonscription électorale pour se voir attribuer des sièges. Quoique la loi ait été promulguée depuis plusieurs mois, ces dispositions ne font pas l’unanimité au sein de la classe politique et l’opposition qui y voit des velléités d’exclusion, s’active avec une partie de la société civile, afin d’obtenir une nouvelle relecture de cette loi. Une démarche qui ne semble pas recevoir un écho favorable du côté de la mouvance présidentielle. Si les choses restent en l’état jusqu’au 12 juillet 2025, il ne serait matériellement plus possible de toucher une virgule aux textes, d’après les dispositions du Protocole additionnel de la Cédéao qui interdit toute modification des textes devant régir les élections six mois avant la date projetée pour le scrutin. De toutes les façons, le gouvernement et en particulier son chef, Patrice Talon, a le défi d’organiser ces élections dans la paix et la transparence pour ajouter une ultime note positive à son mandat.
Gabin Goubiyi