Le 1er avril 2023, cela fait un an que la réforme structurelle du secteur de la décentralisation est entrée en vigueur avec des succès divers. Le secrétaire exécutif de Parakou et sa collègue d’Adjarra ainsi qu’un cadre de Porto-Novo apprécient la réforme.
Hyacinthe Elégbédé, Se Parakou : « La réforme se déroule dans un bel état d’esprit »
« Je voudrais avant tout propos remercier le chef de l’Etat pour avoir initié et mis en route la réforme de l’administration territoriale. Après un an de mise en œuvre de cette réforme, il est important de faire un point. Il en ressort, je puis affirmer, de ma position de Se et sans me tromper que c’est un véritable succès. En effet, la réforme a permis à toutes les Communes du Bénin de bénéficier de l’expérience avérée de divers cadres qui ont été tirés du fichier national après un processus de sélection conduit avec transparence. Ce qui constitue un véritable atout pour le développement des Communes. Par ailleurs, dans le cas spécifique de la Municipalité de Parakou, après ma prise de service, j’ai fait un état des lieux qui m’a permis de mieux cerner les différents contours de l’administration locale et d’apporter progressivement des améliorations par rapport à l’existant dans tous les secteurs d’activités. Cet état des lieux a permis d’asseoir une administration au service des populations et de booster la mobilisation des ressources propres. En dehors des recettes classiques (fiscales, taxes sur occupation de domaine public, taxes perçues dans les marchés et gares routières, taxes sur les panneaux publicitaires) l’emphase a été mise sur certaines recettes encore dormantes notamment celles liées aux autorisations de construire et de démolir, à la délivrance des certificats d’occupation de sites de carrières, etc. La réforme trouve également son succès dans le fonctionnement des différents organes tels que le Conseil de supervision et le Conseil communal qui tiennent régulièrement leurs sessions.
De ce point de vue, la réforme se déroule dans un bel état d’esprit dans la municipalité de Parakou, chaque organe jouant pleinement sa partition pour le développement de la cité ».
Propos recueillis par Ludovic Ayédèguè (Br Borgou-Alibori)
Farida Boukary épouse Orou, Se d’Adjarra : « Nous avons fait un suivi rigoureux de la mobilisation des ressources »
« C’est une grande avancée et nous ne pouvons que remercier le chef de l’Etat qui est tout simplement un grand visionnaire. L’article 128 du Code de l’administration territoriale stipule que le Se est institutionnellement placé sous le maire. Le maire est et demeure la première autorité politico-administrative de la commune. Le maire en tant que première autorité, veille à l’exécution des tâches par le Secrétaire exécutif. Le Se est là pour exécuter, pour mettre en exécution les tâches du Conseil communal en général. Donc, dire que le maire a perdu son pouvoir, ce n’est pas une réalité. Le maire n’a perdu aucun pouvoir. Il est toujours la première autorité de sa commune. Le Se est plus à l’opérationnel. Parce qu’il y a désormais séparation des fonctions. Il y a la fonction politique où le maire doit être plus à l’écoute des préoccupations de la population qui l’a élu. La preuve c’est le Maire qui se place devant la population pour la reddition des comptes. La séparation des fonctions est faite dans l’objectif d’avoir une administration efficace. Le maire demeure toujours le responsable du SE. Cependant il faut préciser qu’il y a des attributions propres au SE, à savoir entre autres : l’organisation des services communaux et l’exécution du service, la gestion des ressources humaines, financières et matérielles de la commune. Mais le ou la SE rend compte obligatoirement de sa gestion au maire, avant de faire le même exercice devant le conseil de supervision. Je dois d’abord affirmer que par rapport à l’efficacité de l’administration, nous avons mené plusieurs actions. La première était de mettre un peu au pas l’administration communale à travers l’application des règles de déontologie administrative à savoir la ponctualité, l’assiduité au travail, et la réglementation de la cérémonie des couleurs tous les lundis matin à 7h45, pour montrer l’appartenance et l’amour à la patrie. Nous avons institué cela et nous avons voulu que cela perdure dans le temps. La seconde action a consisté à faire le tour au niveau des arrondissements, pour voir un peu comment ça se passe à leur niveau et quelles sont les difficultés auxquelles ils sont confrontés. Et nous avons fait un suivi rigoureux de la mobilisation des ressources. Ce faisant, nous avons mis en place une stratégie de mobilisation des ressources, parce que l’objectif pour lequel on nous a assigné à la mairie, c’est de mobiliser beaucoup de ressources pour pouvoir passer d’une commune de statut ordinaire à une commune à statut intermédiaire tout au moins. Je dois avouer qu’aucune œuvre n’est parfaite, comme nul n’est parfait. Mais avec le maire Germain Wanvoègbè, j’ai de très bonnes relations. C’est un homme très humble. Il est vrai qu’il y a par moment des endroits où il y a des malcompréhensions, mais nous finissons quand même par nous accorder les violons en nous basant sur les dispositions des articles du code à expliquer comment est-ce que ça doit se passer. Je voudrais ici très sincèrement remercier le maire pour tout son appui et son accompagnement. Je tiens aussi à remercier le conseil communal qui m’accompagne. Parce que vous savez monsieur le journaliste, une commune que je ne connaissais de nulle part, où je ne comprends même pas la langue du milieu, j’ai pu m’intégrer. Si j’ai pu m’intégrer, je puis dire que c’est grâce aussi à ceux que je suis venue trouver. Donc je voudrais remercier aussi la population pour son engagement à accepter de payer tout ce qui est taxes et impôts. Ce n’est pas facile je sais, mais je sens déjà qu’il y a un engagement à leur niveau. Raison pour laquelle je peux affirmer que si nous en sommes là, c’est grâce à cette population très accueillante. Le bel exemple est que, pour une prévision de 685 millions que nous avons faite en 2022, nous avons pu atteindre 470 millions. C’est dire que nous sommes près du but, où on nous demande de mobiliser 500 millions par an sur trois ans, pour passer d’une commune de statut ordinaire à une commune à statut intermédiaire. Je voudrais par la même occasion remercier les collaborateurs pour le dévouement et l’abnégation au travail ; aussi vous remercier monsieur le journaliste, pour l’opportunité que vous nous donnez pour rendre plus visible notre Commune et de parler de comment Adjarra est en train de faire des efforts pour sa mutation dans le département de l’Ouémé. Je vous remercie ».
Propos recueillis par M. A-A. (Br Ouémé-Plateau)
Godfroy Missahogbé, cadre honoraire : « Cette réforme est nécessaire et souhaitée »
« An 1 de la mise en œuvre de la réforme structurelle du secteur de la décentralisation, de mon point de vue, ne peut être apprécié qu’au regard des résultats de terrain. Il convient de constater que, pour le moment, il n’y a pas encore une évaluation du processus de la mise en œuvre. Il faut reconnaître que cette réforme est nécessaire et souhaitée par les citoyens contribuables. Car ce qui se passait avant n’était pas de nature à apporter le développement à la base comme l’a prescrit les textes de la décentralisation notamment la loi 97-029 portant organisation des Communes en République du Bénin. Maintenant, le vrai problème reste la collaboration entre les élus et les administratifs notamment les secrétaires exécutifs. Ces derniers n’ont toujours pas la maîtrise des textes surtout le code de l’administration territoriale. Pour les élus, eux ils ne sont pas dans la dynamique de la réforme car ils la considèrent pour la plupart comme une manière de les écarter de la gestion de la Commune. Un an c’est peu pour apprécier réellement. Je pense le gouvernement a vu juste d’initier avec pertinence la réforme structurelle dans le secteur de la décentralisation. Il faut reconnaître que telle que la gouvernance était menée dans nos communes, il est évident qu’on irait à la descente aux enfers. Des maires qui se prenaient pour des superpuissances avec la pagaille organisée au sein des conseils communaux. Il était donc opportun de siffler la fin de la récréation et instaurer une gouvernance communale qui respecte les orthodoxies en la matière. La réforme de mon point de vue, quoique perfectible, a fait changer un peu les choses avec la définition claire et nette des prérogatives. Le maire doit cohabiter avec son Secrétaire exécutif en restant dans ses limites.
Mais il faut beaucoup sensibiliser les acteurs notamment les élus pour qu’ils comprennent que la réforme ne vise que le développement à la base. Plus de politisation dans la gestion des affaires pour le plus grand bonheur des administrés. Mais le recrutement des Se a semblé créer quelques couacs au regard des profils qu’on a observés dans certaines Communes. Sans oublier les démissions et relèvement constatés de part et d’autres. Dans tous les cas, il y a une avancée notoire constatée dans cette réforme structurelle. Et je pense qu’on peut féliciter le gouvernement et surtout son chef le Président Patrice Talon pour la révolution apportée dans le secteur de la décentralisation dans notre pays ».
Propos recueillis par Martial Agoli-Agbo (Br Ouémé-Plateau)