La Cité historique de Ouidah abrite du 05 au 16 août, la Biennale 2022 sur Arts et culturesVodun Escale « terre » organisée par Laboratorio arts contemporains avec plusieurs partenaires. Dans le cadre de cette activité, la présidente de la plateforme transcontinentale a échangé avec la presse le vendredi 29 juillet 2022 à Cotonou. Tout en faisant la genèse de la Biennale, Silvana Moï Virchaux a passé en revue les grands axes de l’activité, les pays participants et les perspectives.
Le Matinal : D’où est partie l’idée de Biennale Ouidah 2022 ?
Silvana Moï Virchaux : L’idée de cette Biennale est partie de mon séjour en Haïti en 2014-2015. Depuis lors, j’ai fait plusieurs aller-retour entre le Bénin et Haïti. A un moment donné, l’évidence s’est imposée à moi. En réalité, je me suis rendue compte qu’il y avait un travail à faire dans les relations entre Haïti et le Bénin. Du coup, nous avons initié une première rencontre en 2016 avec des personnalités haïtiennes à Ouidah au Bénin. Ensuite, nous avons invité sa majesté Dada DaagboHounonHouna II en Haïti avec une délégation de l’Université d’Abomey-Calavi. Après cela, nous nous sommes dit qu’il y avait encore quelque chose à refaire sachant qu’il y a eu déjà un grand événement en 1993 (Ouidah 92) qui a été très marquant pour les sociétés afro descendantes. L’idée est venue de prendre cet axe en créant cette Biennale au mois d’août pour célébrer l’événement du bois caïman (Haïti, dans la nuit du 14 août 1791, les esclaves initient une cérémonie Vodoun qui marque le début de leur révolte) et de prendre comme invité d’honneur Haïti.
Quelle sera la teneur de cette Biennale ?
Les activités tourneront autour de trois axes. Nous avons un axe artistique contemporain toujours lié à la vision que nous avons sur le Vodun. Nous avons aussi l’axe des rencontres scientifiques. Depuis le mois de février dernier, nous travaillons avec un comité scientifique essentiellement béninois qui a identifié des invités à travers le monde pour réfléchir sur toute la problématique du langage, de l’expression de la visibilité du Vodoun et de ce que cela véhicule aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Il y a des anthropologues, des archéologues, des historiens, des ethnologues qui participent aux travaux de ce comité scientifique. Enfin, nous avons l’axe cultuel qui est mené par sa majesté Dada DaagboHounonHouna II. Tout ceci se passera au sein de son palais, car nous avons souhaité être chez lui. Il nous a fait l’honneur de collaborer étroitement avec lui pour que nous puissions donner une visibilité contemporaine et surtout laisser la porte grande ouverte au monde.
A ce propos, des libations quotidiennes sont prévues dans le programme. Pourquoi ce choix et quel message voulez-vous adresser au public ?
Comme vous avez pu le constater, le programme est large. Les gens sont libres de participer ou non à ces différents rituels. Si les gens ont envie de s’approcher de ce milieu, c’est déjà un grand pas de venir sur le site pour voir des manifestations contemporaines, des interventions intellectuelles. Après, si des gens ne veulent pas participer, ce n’est pas le but de la Biennale de les convertir au Vodoun. Nous autres sommes des personnes ouvertes. Nous trouvons très intéressant au niveau culturel et même au niveau cultuel de faire des passerelles, de révéler des pratiques, de les expliciter.
Combien de pays participent à cette Biennale ?
Nous avons la Suisse, la France, Cuba, Haïti, la Belgique, le Nigéria, l’Italie et bien évidemment le Bénin.
Le 16 août prochain, ce sera la fin de cette Biennale. Y aura-t-il une suite à donner aux manifestations ?
Elle se tiendra tous les deux ans. Le cahier des rencontres scientifiques sera édité annuellement conformément aux normes académiques. Il y aura des rencontres qui continueront à se tenir entre artistes dans les différents pays. Nous allons dans ce cadre continuer à travailler avec les artistes d’art contemporain pour continuer à faire les recherches sur l’inspiration Vodoun dans la création. Tout ceci nous permettra de mieux préparer l’édition de 2024.
Propos recueillis pour « Le Matinal » par Serge Adanlao