Alors que les opposants soulignent avec véhémence l’inefficacité du social porté par le régime de Patrice Talon, la population se réjouit et enchaîne en crescendo les remerciements pour les nombreux bienfaits obtenus des actes fortement louables du gouvernement de Cotonou. De 2016 à 2022, les voyants sont au vert pour le social version »Nouveau départ‘’.
La microfinance au Bénin de l’indépendance à la gouvernance Yayi
La pertinence de la microfinance mise en œuvre depuis 2016 ne peut être comprise sans un bref retour sur cet instrument qui n’a pas connu un heureux succès sous les régimes précédents. Dans eCahiers de Graduate Institute ePapers, le béninois Théophile Sossa a dressé la chronologie de cet outil de développement au Bénin, en intitulant son article ‘’La Microfinance au Bénin’’. En effet, les expériences de microcrédit au Bénin remontent aux années 1970 avec la création en 1977 des caisses locales de Crédit agricole mutuel (Clcam) gérés par la Caisse nationale de crédit agricole (Cnca) dont l’objectif était d’offrir des services d’épargne et de crédit aussi bien aux agriculteurs qu’aux fonctionnaires et entrepreneurs. L’émergence des organisations de microfinance telle qu’elle est aujourd’hui au Bénin est un phénomène plus récent, datant du début des années 1990 sous l’impulsion de deux événements majeurs. Tout d’abord, au milieu des années 1980, les pays de l’Uemoa, dont le Bénin, ont été confrontés à une grave crise économique et sociale. Le Bénin a connu la faillite de son système bancaire, puis la fermeture de toutes les banques d’Etat (Adechoubou, 1996). Cette situation a engendré l’absence de sources de financement pour l’ensemble des secteurs essentiels de l’économie tels que l’agriculture, l’artisanat et les petites et moyennes entreprises (Pme). Selon les tenants de la théorie de libéralisation financière, cette crise résulte d’une intervention publique abusive dans le système financier. La croyance à cette thèse a amené les gouvernants, au début des années 1990, à non seulement entreprendre une série de réformes visant à créer des cadres réglementaires et prudentiels stricts en vue de favoriser l’émergence d’un secteur financier privé et compétitif (Joseph, 2000), mais aussi à se retirer des secteurs productifs de l’économie. Ce retrait a favorisé l’émergence de nombreuses microentreprises évoluant pour la plupart dans l’informel et dont les besoins de financement n’étaient pas pris en compte par le secteur financier formel en reconstruction. Dès lors, les autorités de l’Uemoa avec l’appui de la Coopération internationale au développement (Cid) se sont engagées dans l’élargissement du paysage financier de l’union par la promotion des Imf ou Systèmes Financiers décentralisés (Sfd) qui sont censés répondre aux besoins diversifiés de services financiers des populations. L’Uemoa a procédé à l’élaboration et la vulgarisation de la loi Parmec qui constitue le cadre juridique et réglementaire spécifique à la microfinance dans l’Union. En sus de ce contexte de crise bancaire, il faut également souligner que l’émergence des Imf depuis les années 1990 se rattache aux programmes de lutte contre la pauvreté dans lesquels se sont engagées les nations en développement. En effet, l’accès des populations pauvres à des services financiers, en vue de promouvoir des activités génératrices de revenus, légitime l’expansion de la microfinance au Bénin. Ainsi, de six Imf enregistrées en 1999, on est passé à 199 en 2005. Au même moment les points de service sont passés de 312 en 1998 à 1308 en 2005. Ces chiffres rendent compte de la rapide croissance des Imf au Bénin. Au 31 décembre 2006, le système financier béninois comptait douze banques commerciales et un établissement financier. Les dépôts dans les banques ont été évalués à 606,1 milliards de Fcfa (soit Usd 1,3 milliard) correspondant à 19,3 % du Pib. Les crédits à l’économie s’élèvent à 474,1 milliards (soit Usd 983,1 millions), correspondant à 78 % des dépôts et 15,1 % du Pib (Bceao, 2006). Le graphique 2 présente une comparaison sommaire du système financier du Bénin par rapport aux autres économies de l’Uemoa.
La microfinance ou le microcrédit de Yayi à Talon
La microfinance sous le président Boni Yayi a été un véritable outil de propagande. Si elle a pu satisfaire les femmes et les gouvernants de cette époque, elle a connu des insuffisances qui ont laissé des dettes à l’Etat. Ainsi le vendredi 28 novembre 2020 à Djidja, le président Patrice Talon lors de sa réédition de compte aux populations a annoncé que plus de 50 Milliards destinés aux microcrédits ont disparu sous Yayi. « Dans ses échanges croustillants avec les populations de cette commune, le Chef de l’Etat a expliqué qu’au moment où il prenait en main le gouvernement, plus de 50 milliards de francs Cfa destinés au programme de microcrédits durant la dernière décennie ont disparu des caisses de l’Etat. En effet, cette dérive financière constatée s’explique par une gestion catastrophique du dispositif de microcrédits mis en place sous la présidence de Yayi et qui devrait permettre à l’Etat de sortir les Béninois de la pauvreté. Moindre suivi des bénéficiaires, risque accru de surendettement, méthodes de recouvrement parfois libérales, ce sont les caisses de l’Etat qui en ont finalement payé le prix. Une gestion fallacieuse mise souvent au profit de la récupération politique mais qui, en raison de résultats, a déçu l’engagement financier plus fort des institutions internationales et des agences de développement. Fort de cela, le gouvernement Talon a dû suspendre le programme pour lui donner un nouvel élan », a rapporté un média local. Ce qui a conduit à des innovations.
Ce qui a changé sous Talon
En face des journalistes pour le bilan An 4 de la rupture, la ministre des affaires sociales et de la microfinance Véronique Tognifodé a donné des précisions sur ce qui a changé. A l’entendre, la digitalisation a permis de changer la donne. Ce concept, a-t-elle dit a réduit les impayés. « On est encore en train de travailler sur le système pour assouplir les conditions d’octroi des crédits aux femmes. Ce qui justifie la pause. C’est d’ici un mois que nous relancerons le nouveau système d’octroi des microcrédits. Cette année, dix milliards de FCfa sont prévus pour impacter deux cent mille personnes à peu près », a-t-elle expliqué.
Bienvenue Agbassagan
Les pertinentes réponses de Véronique Tognifodé sur le microcrédit expérimenté sous Patrice Talon
Qui sont ceux qui ont droit à ces microcrédits?
Les microcrédits sont complètement dépolitisés. Tout le monde peut en bénéficier. Les personnes qui ont besoin d’un microcrédit de trente mille francs Cfa, de cinquante mille ou ceux qui remboursent bien et qui veulent aller au-delà de cinquante mille sont éligibles. Et comme je le disais, nous sommes en train d’améliorer les conditions d’octroi. Avant, il fallait acheter une carte Carmes qui coûtait cinq mille francs. Cette condition n’existe plus. Il y a le taux d’intérêt qui était de 8,5% revu à 4%.
Est-ce que vous avez trouvé un mécanisme pour amener les bénéficiaires de ces crédits à payer dans les délais ?
Le mécanisme qui est mis en place, c’est toujours par la téléphonie mobile. Avec un simple code, on peut rembourser sans frais de commission.
(Suite dans la prochaine parution)