Dans une interview exclusive accordée au quotidien « Le Matinal », les sœurs Tériba se sont prononcées sur un sujet de société qui prend de plus en plus des proportions inquiétantes. Il s’agit de la représentation du corps de la femme dans les œuvres artistiques notamment les clips vidéo.
« Nous avons brisé toutes les bornes de l’impossible, de l’inadmissible et de l’inconcevable », semblent dire Tatiana et Carine Ahissou, membres du groupe féminin qui fait la fierté de la musique béninoise depuis plusieurs décennies. «Les femmes qui se montrent d’une certaine façon dans les clips vidéo ont accepté de le faire. On n’a pas l’impression qu’elles sont forcées à le faire », précise le groupe qui écarte toutes velléités de Violence faite sur la femme. L’idéal, à en croire leurs propos, serait de demander aux filles et aux femmes qui acceptent de se montrer nu dans les clips vidéo de ne plus le faire. « S’il n’y a pas de femmes qui prêtent flanc à cela, même si la volonté de faire ces genres de vidéo existe toujours, il n’y aura plus personne pour le faire ».
Mettre avant le corps de la femme
Le corps de la femme est mis en avant sous un aspect qui la dévalorise. Dans des clips par exemple, les chanteurs « évoquent le fait d’alcooliser une femme pour avoir des relations sexuelles avec elle », ce qui relève d’une « culture du viol », selon plusieurs observateurs. Pour les sœurs Tériba, le phénomène peut s’expliquer par le fait que l’on veut copier ce qui se fait ailleurs sans prendre en compte les réalités et la culture du Bénin et ou de l’Afrique. « La réalité des occidentaux leur permet de rester presque nu, la ramener dans un clip pour eux ne pose pas de problème. Mais nous aujourd’hui nous sommes vraiment violés par ces genres d’image qu’on nous envoie ici et nous pensons que c’est cela le starmania », a expliqué Carine Ahissou. « Représentons dignement l’Africaine que nous sommes. On n’est d’une société et si nous sommes des artistes, nous sommes des ambassadeurs de cette culture », ont indiqué les sœurs Tériba.
Sergino Lokossou