Le fléau de chargement et déchargement hors-parc doublé de celui de sans-tours semble avoir la peau dure à la gare routière de Bohicon. Face aux récurrentes tensions qu’engendre la situation, le préfet du Zou, Firmin Kouton, a décidé de prendre ses responsabilités. L’autorité menace de sévir si les acteurs ne se conforment aux prescriptions de sa récente note circulaire. Lire ses propos.
Qu’est-ce qui se passe à la gare routière de Bohicon ?
Préfet du Zou : Ce qui se passe à la gare routière de Bohicon, c’est le phénomène que tout le monde connaît. Il s’agit des conducteurs qui refusent d’aller se faire charger sur la gare routière. J’avais pris un arrêté il y a trois ans pour interdire le chargement et le déchargement hors-parc dans toutes les Communes du département du Zou. C’est cette mesure qui est en application jusqu’à ce jour. Pour réprimer cela, il se fait que certains conducteurs à travers leurs faîtières, s’organisent et pourchassent d’autres conducteurs dans la rue. Ce phénomène est plus noté dans les villes de Bohicon et d’Abomey. Quand nous avons analysé la situation, le procureur de la République et moi-même avons décidé d’agir. Pour rappel, en poursuivant les conducteurs, des accidents de circulation sont notés. Des gens sont même en prison pour cela. Il arrive que les véhicules déraillent, rentrent dans les maisons et tuent. Nous ne pouvons pas voir ces genres de situations et ne pas agir. C’est alors que sur la base d’une plainte, le procureur de la République a rencontré le 8 février 2023, les acteurs des gares routières surtout de Bohicon pour les écouter. Il les a sensibilisés et a demandé que la poursuite de conducteurs dans les rues cesse. Après cette rencontre, je ne sais pas quelle mouche les a piqués, le samedi 11 février, ils ont organisé des manifestations pour dénoncer les propos du procureur de la République et manifester leur désapprobation. De ce fait, ils ont créé des hors-parcs pour aller contre la mesure en vigueur. Prenant acte de la situation, j’ai sorti une note circulaire que j’ai fait publier partout afin que tout le monde soit informé. Dans la note, j’ai réaffirmé le fait que le chargement et le déchargement hors-parc restent et demeurent interdits. Mieux, la poursuite et l’interpellation des conducteurs ne reviennent pas aux organisations syndicales. Elles ne peuvent être faites que par un agent de Police sur la base des instructions de sa hiérarchie. L’interdiction aux organisations syndicales de poursuivre les conducteurs ne veut pas dire que le chargement et le déchargement hors-parc sont autorisés. Tous ceux qui le font embrouillent pour montrer que ce qu’ils faisaient, c’est cela qui est bien. Or, si ce qu’ils faisaient était bien, pourquoi poursuivent-ils le hors-parc ? Nous devons donc nous asseoir pour mettre définitivement un terme au phénomène du hors-parc. Avant la note circulaire, j’ai appelé des personnes pour m’informer. C’est alors qu’il m’est parvenu que sur les gares routières, il se passe un phénomène que fustigent certains qui sont obligés de sortir des parcs. Il s’agit des sans-tours. En principe, lorsqu’un conducteur vient à la gare routière, vous prenez votre tour. C’est donc à tour de rôle que les chargements sont faits. Mais il se fait que certains auraient droit à des sans-tours. Ils peuvent venir charger autant de fois qu’ils veulent dans la journée pendant que d’autres sont alignés depuis des jours sans chargement. Cela frustre et nous devons apprendre à limiter les frustrations si nous voulons que nos décisions soient respectées. Pour que les tours se passent bien et que les gens ne soient pas obligés de sortir des gares routières, nous allons mettre fin au phénomène de sans-tours. A ce propos, j’ai donné hier (lundi 20 février 2023), des instructions fermes au maire de Bohicon (1. Le chargement et déchargement hors-parc sont interdits 2. Les sans-tours sont interdits 3. Seuls les fonctionnaires de la Police républicaine sont habilités à interpeller les éventuels conducteurs qui ne voudront pas aller sur les gares routières). La gestion de gares routières ne peut pas être faite par des individus qui n’ont aucun lien juridique avec l’administration de la Commune. Les Communes gèrent leurs établissements par le Secrétaire exécutif. A Bohicon, c’est la secrétaire exécutive qui gère lesdits établissements. Elle peut désigner quelqu’un. C’est pourquoi dans ma note circulaire, j’ai rappelé que c’est la Se qui gère les gares routières en liaison avec les acteurs. Parallèlement, j’ai instruit la Se à l’effet de prendre une décision pour désigner son représentant au niveau de chaque gare routière et de constituer un comité de gestion avec les acteurs. Ledit comité est présidé par son représentant.
Il y a-t-il un malentendu par rapport à la gestion de la gare routière de Bohicon?
Moi, je ne sais pas s’il y a malentendu. Le maire ne m’en a pas fait cas. En matière d’ordre public, je suis le premier responsable. En matière de police administrative, c’est moi. Un maire me rend compte de ce qu’il fait dans sa Commune en matière de police administrative. Si je vois que les décisions prises par un maire sont susceptibles de troubler la quiétude publique, je les suspends ou annule, les reprends conformément aux normes et les mets en vigueur. C’est ce que j’ai fait en instruisant le maire de Bohicon pour lui indiquer comment les choses doivent se passer. J’ai fait tenir ces instructions aussi bien par le procureur de la République que la directrice départementale de la Police républicaine qui vont veiller à leur mise en œuvre rigoureuse. Gare à ceux qui vont chercher à outrepasser cette mesure pour dire qu’ils font manifestation. Les manifestations au Bénin ne relèvent plus du désordre. Pour manifester, il faut saisir le maire qui autorise ou non la manifestation. Tout comportement contraire serait considéré comme une faute grave de trouble à l’ordre public et sera puni comme tel. La loi sur la décentralisation abroge les dispositions antérieures contraires. Je n’ai fait que rappeler au maire de Bohicon que son arrêté est contraire aux nouvelles dispositions de la loi et ne peut donc plus fonctionner. En réalité, c’est un arrêté dans lequel le maire était le gestionnaire des gares routières. Aujourd’hui, il ne les gère plus.
Source : Icone Tv