Trois menaces pour la sécurité nationale pourraient tenter de secouer le Bénin géostratégiquement et géopolitiquement à savoir: le terrorisme, l’extrémisme violent et la piraterie maritime. Mais prévoyant et précautionneux, le gouvernement n’a pas manqué de prendre des mesures hardies pour le repousser et réprimer.
Le projet Vissim
La défense de la sécurité nationale ne s’étend pas seulement aux espaces terrestres et aériens. Elle tient désormais plus compte de l’espace maritime, une véritable ressource économique pour le Bénin. Lors du bilan an 1 du gouvernement Talon 2, les journalistes ont conduit le ministre délégué chargé de la défense nationale a mettre en lumière les consécrations faites par le régime de Cotonou. Pour convaincre les journalistes de ce qui se fait, Alain Fortunet Nouatin a présenté deux arguments. Vous savez, dit-il, que le port du Bénin est l’un des poumons économiques de notre pays. C’est à travers ce port que 90% des importations et exportations passent. Ce port dessert également les pays de l’hinterland, c’est-à-dire le Mali, le Burkina Faso, et le Niger. Si ce port n’est pas sécurisé, les primes d’assurances seront très prohibitives par rapport aux manutentionnaires, d’où le renchérissement des prix de revient de nos produits importés et également l’absence de compétitivité de nos exportations. Alors, il est nécessaire que ce port soit sécurisé. « Deuxièmement, notre zone économique exclusive regorge d’une biodiversité de produits halieutiques très recherchés. Ce qui attire les chalutiers étrangers qui viennent prélever illicitement ces espèces qui auraient pu apporter beaucoup de ressources à l’économie béninoise. On observe également dans cette zone économique, un phénomène qu’on appelle le « dégazage » qui pollue la biodiversité, d’où l’importance de contrôler notre façade maritime. C’est pourquoi le contrôle de cet espace est assuré par le projet Vissim. Ce projet va contrôler l’ensemble de notre façade maritime », a-t-il soutenu. En effet, Vissim est un système de sécurisation maritime et des frontières terrestres méridionales. Le lancement officiel de ce système a été effectué le mardi 06 septembre 2022 à travers une réunion entre les responsables de la société norvégienne Vissim et les forces de défense et de sécurité. L’objectif est de lutter contre l’insécurité maritime et de faciliter la surveillance des frontières terrestres méridionales à Kraké et à Hilacondji. Selon le conseiller technique du ministre de l’Economie et des finances, Armand Ologoudou, le but de ce projet qui est d’assurer la sécurité maritime dans les eaux côtières du Bénin est un élément clé de la stratégie de développement et de la sécurisation des investissements du secteur privé. Les discussions sur la mise en œuvre ont commencé deux ans plus tôt. Il a déclaré espérer que d’ici « un peu plus d’un mois, ce projet soit mis en œuvre pour le bonheur des administrations chargées de renforcer la sécurité au niveau de nos frontières notamment la Marine nationale, la Police républicaine, la Douane, l’environnement, la pêche». Dans le Programme d’actions du gouvernement, il est prévu la modernisation et l’expansion du Port de Cotonou qui devraient attirer des investissements de l’ordre de 400 millions d’euros soit plus de 300 milliards de FCfa dont une bonne partie en provenance du secteur privé. Ainsi, « assurer la sécurité maritime dans les eaux côtières du Bénin étant un élément clé de la stratégie de développement du gouvernement de notre pays, c’est également un préalable afin d’assurer la sécurisation des investissements du secteur privé », a fait savoir le conseiller technique du ministre en charge des Finances. A l’en croire, cette amélioration de la sécurité maritime contribuera à protéger les petits pêcheurs béninois contre les attaques, à protéger les ressources naturelles vivantes des activités de pêche illégale. Ce projet permettra également, « de se conformer à la règlementation du système mondial de détresse et de sécurité en mer de l’Organisation maritime internationale en assurant des communications radio maritime de bonne qualité pour un traitement des messages de détresse reçus, ainsi que la coordination des activités de recherche et de sauvetage en mer. Outre cet avantage économique, le conseiller technique n’a pas occulté le grand banditisme. Il a expliqué que les principaux besoins que le gouvernement entend couvrir sont entre autres, la détection des activités illégales en vue de lutter contre l’insécurité maritime, le grand banditisme transfrontalier, la prolifération des armes légères et le spectre du terrorisme, le piratage des installations frontalières et autres postes frontaliers proches des zones maritimes et/ou lagunaires liées au trafic des produits pétroliers et autres. Le projet, permettra aussi de faciliter la navigation en mer, de développer véritablement des activités de pêche qui seront génératrices de revenus supplémentaires, de réduire les prix des assurances payés par des navires à destination de Cotonou, d’accroitre le flux de navire au port de Cotonou d’augmenter les recettes portuaires et de réaliser un meilleur contrôle de la pêche illégitime. Pour Théophile Nounahon, Administrateur de Vissim Bénin, ce projet qui accorde une surveillance plus accrue des frontières est mis en chantier depuis la visite du chef de l’État, le président Patrice Talon en Norvège en 2018. Il constitue entre autres une solution au contrôle aux postes frontaliers, à la détection des activités illégales dans les eaux, la sécurisation de l’environnement afin de le rendre plus attractif aux investisseurs, et représente un moyen de renseignement en temps réel pour une meilleure prévention des activités. A en croire le préfet maritime, le capitaine de vaisseaux Maxime Ahoyo, c’est une satisfaction de se doter de ce systéme grâce à ce projet. « Le Bénin fera face aux différentes menaces qui impactent l’économie nationale. C’est donc une initiative qui, au-delà de son aspect sécuritaire, présente de véritables enjeux économiques », a-t-il laissé entendre. Il faut dire que cette réunion commencée le 6 septembre s’est achevée le 7, avec la démonstration du système. Le projet va durer 15 mois et prévoit à terme la construction d’un centre de contrôle à Cotonou. «… Et depuis ce centre, nous pouvons visualiser tout ce qui se passe sur la mer pour prévenir les attaques des pirates et tout ce qui se passe au niveau de nos frontières terrestres à savoir Hillacondji et Kraké »‚ a indiqué Théophile Nounahon. Avec tous ces systèmes, il est compris un changement de stratégie de l’ennemi. « Je peux vous dire que c’est le Bénin qui est en train de prendre de l’ascendant sur l’ennemi. Et le témoin le plus vivant de cette ascendance, c’est le changement du modus operandi des djihadistes. Au départ, c’était une attaque frontale, armes contre armes. Ils s’y sont frottés, ils s’y sont piqués. Actuellement, ils procèdent par pose d’engins explosifs improvisés. C’est la preuve qu’en confrontation directe, l’Armée a pris le dessus », a déclaré le patron de la défense nationale.
Les recrutements multipliés
Le Bénin a subi sa première attaque terroriste en fin 2021 dans le Nord. « Une position de l’Armée a été visée par des djihadistes dans l’extrême nord du pays dans la nuit du mercredi 1er au jeudi 2 décembre. Deux militaires ont été tués. L’Armée, en alerte, tente de rassurer la population », a relayé la Croix. Après cet évènement, les recrutements ont été multipliés. Sans pour autant estimer que l’attaque en a été la motivation, il faut dire que le gouvernement béninois avait déjà lancé un recrutement. En 2020, il y a eu le recrutement de 500 militaires, c’était même en pleine période de la pandémie à coronavirus. « 500 bras valides à recruter au sein de l’Armée de terre au titre de l’année 2020. L’information a été rendue publique à travers un communiqué de presse daté du 25 août 2020 et signé du chef d’Etat-major général des Forces armées béninoises. Le concours est élargi à tous les Béninois et Béninoises âgés de 18 ans au moins », a rapporté la Nouvelle tribune. L’originalité du concours a été les différentes phases. Il est à noter que le concours de recrutement au sein des Forces armées béninoises s’est déroulé en trois phases à savoir: la phase sportive, la phase des épreuves écrites et la visite d’aptitude médicale.
(Suite dans la prochaine parution)
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