Au Bénin, 1 fille sur 3 est mariée avant l’âge de 18 ans et 0,59 fille sur dix, soit 5,9% des enfants de moins de 15 ans. Cette situation réduit les chances des filles de poursuivre leurs études, de se développer et de connaître un meilleur avenir. Pour pallier quelque peu ce phénomène, le gouvernement du président Patrice Talon et ses partenaires ont mis en place un programme innovant de transferts monétaires conditionnels (Tmc). Ces transferts aident ces élèves en situation difficile à faire face aux besoins essentiels du quotidien.
En plus des activités de protection, de santé sexuelle et reproductive, d’éducation et autres, ce programme fournit aux jeunes filles en situation difficile un transfert monétaire. Ce programme permet de mettre à la disposition des jeunes filles par le biais de leurs parents et en particulier des mamans, des ressources financières pour leur permettre d’assurer leurs besoins d’éducation. Cet appui contribue notamment à maintenir les jeunes filles à l’école et ainsi, à leur éviter un mariage précoce. Ce transfert, fait grâce au gouvernement béninois qui a débloqué à travers le projet d’Autonomisation des femmes et dividende démographique au sahel (Sweed), sur une durée de trois ans pour accompagner trente mille filles identifiées dans des familles en situation difficile, sur toute l’étendue du territoire national, leur permet de payer leurs frais de scolarité, assurer la confection des uniformes et procéder à l’achat des autres fournitures indispensables pour leur entretien quotidien à l’école.
Composition des Tmc
Le transfert monétaire conditionnel (Tmc) consiste en un transfert sécurisé de 450 FCFA par jour pour chaque fille du primaire concernée et 600 FCFA pour les filles du secondaire, pendant toute l’année scolaire sur deux ans. Cette initiative vise à renforcer la stratégie de “Maintien des filles à l’école” de la composante 1 du Projet Swedd-Bénin, financé par la Banque mondiale, et à promouvoir une éducation de qualité pour les filles. Cette action a un impact significatif sur la rétention scolaire des filles en situation de vulnérabilité, qui sont souvent confrontées à des obstacles tels que la pauvreté, le mariage précoce et la grossesse. En garantissant un revenu stable et régulier, ces Tmc permettent aux filles de rester à l’école et de poursuivre leur scolarité, ce qui est bénéfique à la fois pour leur développement personnel et pour l’économie du pays dans son ensemble.
Le projet Swedd-Bénin est une preuve de la volonté politique du gouvernement béninois de construire un capital humain compétitif et de participer à la transformation structurelle de l’économie en promouvant l’éducation de qualité pour tous, en particulier pour les filles. Cette initiative est un exemple de la manière dont des projets bien conçus et réalisés peuvent avoir un impact significatif sur les populations les plus vulnérables et contribuer à la croissance économique et à la transition démographique du pays.
Espoir aux filles vulnérables
Permettre aux filles de grandir et de développer leurs capacités en tant qu’égales des garçons est crucial pour l’avenir et le bien-être de toutes les sociétés. Conscient du fait, le président Talon, depuis son arrivée au pouvoir, ne chôme pas en termes d’initiatives pour placer la jeune fille et la femme au cœur de ses actions. Il travaille à donner à la jeune adolescente future femme toute sa place dans la société. Ce qui passe bien évidemment par une éducation de qualité. C’est un montant de plus neuf milliards (9.000.000.000) francs CFA que le gouvernement béninois a débloqués à travers le projet d’Autonomisation des femmes et dividende démographique au sahel (Swedd), sur une durée de trois ans pour accompagner trente mille filles identifiées dans des familles en situation difficile, sur toute l’étendue du territoire national. « Il s’agira de transférer la somme de 450 francs CFA à chaque fille du primaire concernée et 600 francs CFA pour les filles du Secondaire, par jour sur 3 ans, soit un budget précis d’environ 9. 355. 550. 000 f CFA », a indiqué la ministre des Affaires sociales et de la microfinance Véronique Tognifodé, à l’occasion du lancement de ce programme à fort impact pour le système éducatif béninois. « Dans le Programme d’actions du gouvernement (2021-2026), le Bénin entend poursuivre la transformation structurelle de l’économie à travers la promotion d’une éducation de qualité ». « C’est d’ailleurs une priorité pour le Gouvernement qui veut lutter contre la non scolarisation et la déscolarisation des filles qui, parfois par faute de moyens des parents, abandonnent l’école ». a expliqué Véronique Tognifodé. Ces transferts monétaires destinés aux filles, sont un important investissement qui vise indéniablement l’accélération de la croissance économique et de la transition démographique à travers l’augmentation du taux de rétention scolaire des filles, selon la ministre. « Une rétention qui est assimilable à une autoroute balisée pour infléchir nombre de facteurs qui plombent l’autonomisation des femmes », ajoutera-t-elle pour inviter les parents et les apprenants à jouer leur partition..
30 000 filles à impacter
Ces 30.000 filles bénéficient déjà depuis quelques années d’appuis en kits scolaires complets, avec des tenues uniformes dans le cadre du même projet. De même, des bourses d’accompagnement aux études universitaires, sont attribuées aux 10 meilleures filles par département, à raison de 38.500 FCFA chacune par mois, pendant 10 mois et sur 3 ans. De façon toute particulière, dans chaque département, des bourses sont aussi attribuées aux 10 meilleures élèves filles inscrites dans les filières scientifiques, techniques et professionnelles, à raison de 27.500 FCFA par mois pendant 10 mois sur 3 années. Il est à noter aussi que, pour compter de l’année scolaire 2022-2023 par exemple, il était étendu à titre expérimental dans 20 communes, l’exonération des frais de contribution scolaire des élèves filles, au second cycle de l’enseignement secondaire. Les bénéficiaires ont témoigné des bienfaits de ces fonds dans leur évolution scolaire. Leurs parents ont exprimé leur joie d’être soulagés par le gouvernement. « Les recommandations permettront à chacun, à son niveau, de mieux faire les choses et de réussir le pari de faire en sorte que 30 000 filles puissent être maintenues dans les établissements scolaires du secondaire d’ici à la fin de 2024 », souligne Georges Ayeni, spécialiste en suivi-évaluation du projet Swedd-Bénin à la faveur d’un atelier de capitalisation des transferts monétaires conditionnels courant janvier 2024 à Grand-Popo. A l’en croire, ce sont environ 32 000 kits scolaires qui sont déjà distribués sur toute l’étendue du territoire national. Les transferts monétaires conditionnels ont impacté environ 30 000 filles dont 22 000 élèves des collèges, cible visée prioritairement par le projet Swedd. L’effet escompté, selon Georges Ayeni, c’est de permettre aux filles de disposer de quoi manger.
Mission terminée pour le projet Swedd
Après cinq ans de mise en œuvre, le projet Swedd est arrivé à terme le 31 décembre 2024. Pour l’année scolaire 2024-2025, il a permis de fournir aux filles bénéficiaires, 33.000 kits scolaires, en septembre 2024. Grâce à cet apport en ressources financières, il a été observé que le taux d’achèvement des cours par les apprenantes bénéficiaires est de 97% en moyenne. Mais, en raison de la clôture du projet, celles-ci n’ont pas pu recevoir les transferts monétaires conditionnels qui accompagnent les kits et leur permettent d’avoir les moyens de subsistance. Aussi, le Conseil a-t-il marqué son accord pour la poursuite de cette opération au profit des 29.272 filles bénéficiaires des transferts monétaires conditionnels ainsi que des 261 boursières universitaires et des sciences techniques industrielles et agricoles de janvier à juin 2025 ; ce qui permettra de les maintenir dans les classes jusqu’à la fin de l’année scolaire en cours. Le ministre des Affaires sociales et de la microfinance et le ministre de l’Economie et des finances prendront les dispositions nécessaires en vue de l’opérationnalisation diligente de la mesure.
Le projet pour l’autonomisation des femmes et le dividende démographique au Sahel, également connu sous son acronyme en anglais, Swedd (Sahel Women’s Empowerment and Demographics), est un projet lancé en novembre 2015 à la demande de sept pays de la région du Sahel. Son objectif du projet est de promouvoir l’autonomisation des femmes et des adolescentes, ainsi que d’améliorer leur accès à des services de santé reproductive, maternelle et infantile de qualité. Ledit projet a permis la distribution de kits scolaires aux filles pauvres sur toute l’étendue du territoire et l’amélioration du taux de rétention des filles à l’école en vue de la réduction des mariages précoces. Pour atteindre ces objectifs, il est fait mention dans l’exécution du projet entre 2022 et 2024 de la distribution des kits scolaires aux jeunes filles scolarisées et des transferts monétaires conditionnels aux jeunes filles scolarisées. De 23.000 kits en 2020, on est passé à 33.000 kits scolaires distribués en septembre 2024. L’autre retombée importante de ce projet est qu’il a été observé que le taux d’achèvement des cours par les apprenantes bénéficiaires du projet est de 97% en moyenne. Malheureusement le projet est arrivé à terme le 31 décembre 2024. Il urge de pérenniser les acquis pour ne pas laisser les milliers de bénéficiaires en rade et en route. Il s’agit ainsi de 29.272 filles bénéficiaires des transferts monétaires conditionnels ainsi que de 261 boursières universitaires et des sciences techniques industrielles et agricoles qui sont sauvées par cette décision du gouvernement.
Sergino Lokossou