Le Bénin a connu une transformation économique remarquable ces dernières années, laquelle est soutenue par une gestion rigoureuse des finances publiques et des réformes ambitieuses. Dans un entretien accordé au quotidien de service public « La Nation », Robert Masumbuko, responsable Pays de la Banque africaine de développement (Bad) au Bénin, revient sur les clés de cette réussite, le rôle essentiel de la Bad et les perspectives économiques du pays.
Depuis une décennie, le Bénin s’est engagé dans une dynamique de réformes profondes, visant à renforcer son cadre macroéconomique et à améliorer la gouvernance financière. Robert Masumbuko, responsable Pays de la Banque africaine de développement (Bad) au Bénin, souligne que le pays a mis en place des politiques efficaces pour maintenir des relations solides avec le Fonds monétaire international (Fmi) et d’autres partenaires internationaux, tout en se concentrant sur une gestion prudente des finances publiques. Ces réformes se sont notamment centrées sur l’augmentation des investissements publics, soutenant ainsi la construction d’infrastructures essentielles. Parallèlement, le Bénin a misé sur la numérisation pour renforcer la collecte des recettes fiscales, dont le montant a plus que triplé, passant de 340 milliards de Fcfa en 2014 à 1 073 milliards en 2023.
Une gestion innovante de la dette publique
Le Bénin se distingue également par sa gestion active et stratégique de la dette publique. Grâce à une approche sophistiquée et semblable à celle des pays développés, le pays emprunte à des taux avantageux sur les marchés internationaux pour refinancer sa dette à des conditions plus favorables. Cette gestion active a permis au Bénin de réduire le service de sa dette tout en rallongeant sa maturité, renforçant ainsi la confiance des investisseurs et améliorant sa notation de crédit. Cette approche a facilité l’accès croissant du pays aux marchés internationaux de capitaux.
L’industrialisation et la zone économique spéciale de Glo-Djigbé
L’industrialisation est un autre pilier de la transformation du Bénin. Le pays a adopté une politique industrielle ambitieuse, illustrée par le développement de la zone économique spéciale de Glo-Djigbé. Cette zone, inaugurée en 2020, transforme des matières premières locales comme l’acajou et le coton en produits finis. L’exemple du coton béninois, dont les maillots sont désormais fabriqués pour la Fifa, témoigne du potentiel de l’industrialisation en Afrique lorsqu’une volonté politique forte est présente.
Croissance économique soutenue et perspectives positives
Le Bénin affiche une croissance économique solide et stable. Après des taux de croissance respectifs de 6,3 % en 2022 et 7,2 % en 2021, l’économie béninoise a continué sur cette lancée avec une croissance de 6,4 % en 2023. Les prévisions restent favorables avec des taux estimés à 6,5 % en 2024 et 6,4 % en 2025. Ce dynamisme a permis au Bénin de passer au statut de pays à revenu intermédiaire, facilitant ainsi l’accès aux marchés internationaux pour se financer à des conditions plus avantageuses.
Le rôle de la Bad dans la transformation économique
Le Groupe de la Banque africaine de développement (Bad) a joué un rôle déterminant dans l’accompagnement de la transformation économique du Bénin. En 2023, la Bad a permis de lever 350 millions d’euros sur le marché international, grâce à une garantie partielle de crédit, pour financer des projets alignés sur les Objectifs de développement durable (Odd), notamment dans les secteurs de l’eau, de l’assainissement, et de l’éducation. Ces financements innovants ont renforcé la confiance des investisseurs et soutenu le développement du pays. Par ailleurs, la Bad soutient l’industrialisation en appuyant des projets comme celui de Glo-Djigbé, générant ainsi des emplois et consolidant la résilience économique du Bénin. Grâce à ses performances économiques et à sa gestion rigoureuse de la dette, le Bénin bénéficie désormais d’un accès direct aux ressources souveraines de la Bad, un privilège qu’il n’avait pas auparavant. De plus, la Bad privilégie désormais des mécanismes de financement basés sur les résultats, responsabilisant ainsi le pays dans la mise en œuvre de ses projets. Par exemple, le Programme de sécurisation de l’eau pour la résilience en milieu rural, financé à hauteur de 126 millions de dollars, est mis en œuvre selon cette approche.
Léonce Adjévi