La transparence budgétaire, gage de bonne gouvernance, reste un enjeu en matière de gestion des finances publiques. En la matière, le Bénin maintient une dynamique ascendante, ce qui en fait un bon élève auprès des institutions internationales, depuis quelques années.
De 2012 à 2023, le Bénin a considérablement remonté la pente en matière transparence budgétaire. « Lors de l’enquête sur le budget ouvert en 2012, le Bénin était le mauvais élève de la classe pour avoir obtenu 1 point sur 100 » rappelle sur le plateau de la télévision nationale, Jean Pierre Degué, secrétaire exécutif de Social Watch Bénin, une organisation de la Société civile qui porte le lead sur la thématique de la transparence budgétaire au Bénin. En clair, détaille l’acteur de la société civile, le Bénin adoptait en cette période des pratiques qui ne répondaient pas aux normes internationales en matière de gestion du budget. Cette note minable du Bénin a été corrigée au cours de la deuxième évaluation qui a eu lieu en 2015. Cette année (2015 ndlr), le Bénin a obtenu 45 points sur 100. Cette embellie n’aura duré qu’un feu de paille puisqu’en 2017, le Bénin a dégringolé de 6 points, chutant à 39 points. Des facteurs tels que la non-publication des informations, la faible participation du public en terme de contrôle, ont été des facteurs qui ont fait chuter la note du Bénin. Depuis lors, le Bénin rectifié le tir. Ainsi, en 2019, le pays a engrangé 49 points. L’apothéose du Bénin adviendra en 2021 où il lui a été attribué une note de 65 points sur 100. Une performance largement au-dessus de la moyenne qui est de 61 points. Ce bond quantitatif a fait du Bénin, le premier pays de l’Afrique francophone à atteindre ce seuil et à même le dépasser. La dynamique ascendante du Bénin est maintenue depuis lors et en 2023 (la dernière évaluation en date), le Bénin a gagné 14 points supplémentaires pour corser sa note à 79 points sur 100. Ce qui en fait un pays champion en matière de transparence budgétaire. Sur le continent Africain, seule l’Afrique du Sud a enregistré une telle performance. Cette performance rend le Bénin éligible à un financement du Fonds monétaire international (Fmi), le seul pays d’ailleurs en Afrique à bénéficier d’un tel financement. Dans la zone Uemoa, le Bénin pose comme un modèle en matière de respect des normes communautaires en matière de transparence budgétaire. La transparence budgétaire n’est pas sans impact pour le pays qui fait des efforts dans ce sens, dira Jean Pierre Degué. Elle permet de renforcer la gouvernance, d’améliorer l’efficacité de la gestion publique. Elle va également induire la confiance du public et des partenaires au développement. En clair, les prouesses enregistrées par le Bénin constituent le gage d’une bonne gouvernance et crédibilise la gestion des affaires au sommet de l’Etat. C’est également le fruit de la lutte contre la corruption et la rationalisation des dépenses publiques.
Des défis à relever
Si le Bénin tient relativement le bon bout en matière de transparence budgétaire, il reste cependant des efforts à faire en matière de participation citoyenne. En effet, en dépit des prouesses du pays, il se révèle que la participation citoyenne n’est pas encore ce qu’elle devrait être. Pourtant, cette participation renforce l’attractivité du pays à travers les investissements qu’apportent les partenaires au développement. A en croire Jean Pierre Degué, la participation citoyenne doit se traduire par la mise à dispositions des populations via les plateformes digitales, des documents relatifs au budget tels quel le document relatif au Débat d’orientation budgétaire transmis à l’Assemblée nationale dans le courant du mois de juin de chaque année. Idem pour le projet de loi de finances que le gouvernement est appelé à transmettre à la représentation nationale en octobre. En dehors de ces deux documents que le Bénin produit généralement à bonne date, il y a certains rapports qui ne sont pas souvent accessibles. Il s’agit des rapports en cours d’année, ceux en milieu d’année et ceux à produite en fin d’année. Il y a également le rapport d’audit qui n’est pas souvent mis à disposition pour un contrôle efficient. Ce qui fait du Bénin, selon Jean Pierre Degué, un mauvais élève en matière d’ouverture budgétaire avec seulement 31 points sur 100. Sur ce volet, le République démocratique du Congo tient le flambeau au plan africain. Le Bénin travailler cependant à rectifier le tir, a indiqué le secrétaire exécutif de Social Watch Bénin qui salue la volonté politique affichée du Bénin pour relever ce défi.
Gabin Goubiyi