(La fusion Up-Prd dans l’étau des subtilités juridiques)
Le landerneau politique béninois est agité depuis quelques heures par la volonté de l’ex-Parti de renouveau démocratique (Prd) de reconquérir son autonomie fonctionnelle en se retirant de la fusion qu’il a nouée avec l’Up le Renouveau en 2022.
Dans une correspondance en date du 2 juin 2025 adressée au ministère de l’Intérieur et de la sécurité publique, en réponse au rappel à l’ordre à lui adressé le 20 mai 2025, le Parti du renouveau démocratique (Prd) se dit surpris des allégations du ministère qui lui a notifié la perte de son existence fonctionnelle du fait de sa fusion d’avec l’ex-Union progressiste, actée le 21 août 2022. Il a été subséquemment interdit au parti de continuer à utiliser ses attributs sous peine d’être exposé à la rigueur de la loi. Pour le parti d’Adrien Houngbédji, il n’a jamais été question d’une dissolution du parti malgré la fusion intervenue en 2022. Le parti relève que nulle part, le mot « dissolution » ne figure sur les récépissés délivrés aussi bien à l’Up et au Prd. L’autre raison qui fonde le Prd dans sa logique de revendiquer son existence en dépit de la fusion est la détention de son récépissé définitif qu’il tient du ministère et qui lui a été délivré postérieurement à la signature de son accord avec l’Up, soit le 26 août 2022. De même le Parti du renouveau démocratique, soutient que conformément à ses textes, il ne peut être dissous que par un congrès extraordinaire régulièrement convoqué, laquelle décision n’étant acquise qu’à la majorité des trois quarts (3/4) des congressistes. Ce qui n’a jamais été le cas. Pas plus pour l’Up dont les textes sont quasi similaires. Plus que de simples subtilités juridiques, il s’agit là de révélations qui font froid au dos et qui semblent mettre à nu la non-prise de garanties juridiques nécessaires avant la formalisation de la fusion. On se demande comment une formation politique de la taille de l’Union progressiste le renouveau peut se méprendre sur ces prévenances basiques afin d’acter la fusion intervenue en 2022. Surtout quand on se réfère au cas Udbn qui a fait un semblant de fusion avec le Bloc républicain avant de retrouver ensuite son existence après la dénonciation de celle-ci.
Malaise latent
Par ailleurs, le parti arc-en-ciel semble mal à l’aise depuis sa fusion avec l’Up. En effet, le parti expose que : « pratiquement trois (03) ans après la signature du protocole d’accord, I’U.p.r. continue d’évoluer en marge de la loi n° 2018-23 du 17 septembre 2018 modifiée par la loi n° 2019-41 du 15 novembre 2019 portant Charte des partis politiques : pas de congrès constitutif, pas de dissolution de ses deux (02) composantes P.r.d. et U.p., pas de dirigeants élus, etc. ce qui fait dire que l’U.p.r. est une simple association de fait incompatible avec les exigences de la Charte. ». A ces raisons qui relèvent du fonctionnement du parti, il faudra ajouter les griefs du président Houngbédji faisant état de la non-association du parti à certaines prises de décision au sein de l’Up le renouveau. Un constat qui lui fait adopter depuis quelques mois une posture critique vis-à-vis de la gouvernance Talon.
Vers un bras de fer judiciaire
De ce sulfureux feuilleton, quelques questions émergent dans l’esprit de l’observateur averti de l’actualité politique nationale. Quelle serait l’attitude du ministère face aux preuves quasi irréfutables exhibées par le Prd à l’appui de ses prétentions ? De quels arguments pourraient se prévaloir Joseph Djogbénou et les siens pour démonter les allégations d’Adrien Houngbédji ? L’Up le renouveau pourra-il colmater les brèches et ramener la sérénité en son sein ? De toute évidence, le feuilleton qui vient de s’ouvrir relativement à la reconquête de l’existence du Prd pourrait être porté devant la justice. Il lui reviendra, le cas échéant de démêler les écheveaux.
Gabin Goubiyi