La ville de Parakou a servi de cadre le mardi 25 avril 2023 à la seconde phase de l’atelier de formation initié par l’Union des professionnels de médias du Bénin en collaboration avec le Conseil national du patronat de la presse et de l’audioviuel (Cnpa) pour lutter contre les Violences basées sur le genre (Vbg) au niveau des différentes rédactions. Cette formation qui a connu la présence d’une cinquantaine de personnes venues de plusieurs communes du Bénin, s’inscrit dans la mise en œuvre du projet: « Initiative médias sans Vbg au Bénin ».
Cette formation qui s’est tenue le mardi 25 avril 2023 à Parakou a réuni plus d’une cinquantaine de responsables d’organes de presse de la partie septentrionale du pays et du centre. A l’ouverture des travaux, la présidente de l’Upmb, Zakiath Latoundji, a salué l’intérêt que les participants accordent à cette thématique. Elle a rappelé que cette formation prépare l’élaboration d’une Charte contre les Violences basées sur le genre au niveau des rédactions des groupes de presse du territoire national. Le vice-président du Cnpa, Rodrigue Azinnongbé, quant à lui, a exhorté les responsables des médias présents à cet atelier qui a duré une journée, à une participation active afin que des propositions intéressantes soient faites pour une collaboration saine dans les différentes rédactions. Les participants ont eu droit à deux différentes communications. La première a porté sur le cadre juridique de la répression des Violences basées sur le genre au Bénin. Cette communication a été présentée par le juriste Dr. Bob Liassidji. Dans sa communication, le Dr. Bob Yaovi Liassidji, consultant juriste a retracé les dispositions légales qui démontrent la volonté politique contre les Vbg au Bénin. Ainsi, à partir de la Constitution de décembre 1990, l’égalité des genres occupe une place primordiale. Le communicateur a mis l’accent sur l’article 5 de loi 2011 portant prévention des Violences basées sur le genre. Il a souligné combien la lutte pour l’égalité des genres est une priorité nationale. La loi sur la répression des mutilations génitales et le Code pénal sont autant d’instruments mis en place pour lutter contre les Vbg. « La loi 2021-11 du 20 décembre 2021 portant répression des Vbg est le point culminant de ces différents instruments. Cette loi a apporté assez de modifications aux autres lois qui traitent du phénomène », a-t-il indiqué.
Par la suite, le communicateur a attiré les attentions sur l’incrimination et la poursuite de cette infraction. Le consultant a souligné que dans l’article 1, de cette loi, il est bien précisé que le harcèlement sexuel, l’agression sexuelle, les mutilations et bien d’autres sont des crimes. Le Code pénal les traite même d’attentat aux mœurs. « L’âge de la victime, son statut social, sont des situations aggravantes », a rappelé le consultant. La qualité de l’auteur est également un élément important dans cette infraction. Quant aux peines, elles vont de 2-5 ans de prison assortis d’amande. La non-dénonciation du harcèlement est aussi punie par la loi.
Le consultant a rappelé que plusieurs institutions sont en charge de la prévention de cette infraction. Il a cité entre autres, la Haac qui est missionnée par la loi de 2011 pour la vérification des contenus des médias et le gouvernement a l’obligation de veiller à la détection des Vbg. Des dispositions particulières existent au niveau des juridictions pour la prise en charge des Vbg. Les administrations universitaires sont aussi impliquées dans cette lutte. L’Institut national de la femme (Inf) est désormais la cheville ouvrière de cette lutte au Bénin avec assez de prérogatives, dira-t-il. Dr. Bob Liassidji a également présenté les spécificités procédurales en la matière. On retient que la prescription est désormais de 6 ans à partir du jour de la découverte de l’infraction contrairement à ce qui était prévu dans l’ancienne loi. La protection systématique accordée à la victime, la confrontation entre la victime et le coupable n’est pas obligatoire et le témoignage de la victime peut être considéré comme la preuve de l’infraction. L’aide de l’Etat à la victime est garantie par la loi. Le consultant a fait savoir que la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) est la juridiction compétente en cas de Vbg au Bénin. Il existe même un fichier national des auteurs de ces infractions.
La 2ème communication
La deuxième communication a porté sur les approches médias dans la lutte contre les Vbg au Bénin. Il a permis de mettre un accent particulier sur l’engagement et la responsabilité des patrons de presse. Elle est présentée par Florian Gbaguidi, ancien membre de l’Upmb. Il a fait ressortir les différents types de Vbg que sont soit, physiques, psychologiques, verbales ou économiques. Les causes et facteurs favorables ont été également exposés aux participants. Ces causes sont d’ordre culturel, social, juridique, politique et économique. Les facteurs favorisants sont entre autres, l’abus de l’alcool, certains styles vestimentaires, l’analphabétisme etc. Le communicateur a fait savoir que les Vbg constituent une violation des droits humains raison pour laquelle, elles nécessitent l’implication de tous. Elles ont également un coût économique très lourd. Pour ce qui concerne les stratégies pour une lutte réussie contre les Vbg, le communicateur a fait quelques propositions qui ont été renforcées par les participants. On retient dans ce chapitre que les responsables des médias doivent éviter des discriminations dans la rémunération dans les rédactions. La politique de recrutement doit se baser sur l’égalité de chance avec une discrimination positive à l’endroit des femmes sans arrière-pensée. Le patron de presse doit en collaboration avec son équipe définir une politique de lutte contre les Vbg au sein de la rédaction. Il faut des dispositions pratiques pour étouffer même les velléités. Ces mesures préventives peuvent passer par l’affichage des messages de sensibilisation sur les murs des rédactions. Il est aussi conseillé que les portes des bureaux soient souvent ouvertes pour éviter les tentatives. L’effort de s’abstenir est aussi une clé pour éviter les Vbg dans les rédactions. L’établissement d’une Charte au sein des rédactions est aussi proposé. La vulgarisation des textes doit être de mise au sein des rédactions. Cet atelier de formation a pris fin par le mot de la présidente de l’Upmb qui a salué le sérieux et la qualité des échanges. Elle a rassuré que cet atelier est une activité parmi tant d’autres en vue de cerner le phénomène des Violences basées sur le genre.
Ludovic Ayédèguè (Br Borgou-Alibori)