Au 21ème siècle, les femmes continuent de subir des actes de viol dans des contrées du Mono. Ce qui ne doit plus être le cas. Malheureusement, bon nombre de femmes sont encore victimes de cette horrible pratique. Cela, malgré les sensibilisations et les réformes engagées par le gouvernement du président Patrice Talon pour endiguer le mal.
« Un jour, ma tante m’a commandé dans un village d’à côté où je dois aller lui acheter des condiments. Sur le chemin, un homme que je connais dans notre village et qui vient fréquemment chez mon oncle est sorti de la brousse subitement et m’a tiré par la main de force jusqu’à m’amener sous un arbre. Avec force, il a couché avec moi. Comme je n’ai jamais fait une telle chose, j’ai eu honte de rentrer à la maison, car je ne sais pas quoi dire à la maison… Le sang coulait entre mes jambes. L’homme en question est allé chercher des feuilles pour essuyer le sang, mais cela ne cessait point. J’ai dû prendre la fuite pour une destination inconnue. En ce moment, j’avais à peine 12 ans. N’ayant pas constaté mon retour, mes parents ont commencé par me chercher à travers le village » , a confié Jacqueline, ménagère et revendeuse dans l’un des marchés publics du Mono . « Cachée sous un palmier, j’entendis la voix de ma maman et je suis sortie en pleurant. Elle s’est précipitée pour me prendre dans ses bras. Sans aucune question, ma mère m’a amenée à la maison. Après que ma mère ait remarqué cette inconvenance, elle s’est fondue en larmes aussi. Jusqu’à ce jour, j’ai gardé en mémoire cette scène qui m’a fait trop mal. Mon père a refusé d’en faire une situation, car le monsieur qui m’a violée est un parent à lui. Donc, c’est un membre de la famille. Pour éviter de porter la honte sur la famille, mes parents ont décidé de faire taire cela et de ne rien dire quelque part. Je remercie Dieu qu’aujourd’hui, j’ai déjà trente-huit ans et je n’ai pas contacté une maladie grave liée à cet acte dont j’ai été forcé », a-t-elle poursuivi. Cependant, plusieurs femmes sont victimes d’actes de viol, mais gardent le silence. Par contre, certaines femmes le disent, c’est le cas de Alice, maîtresse couturière dans le département du Mono. » mon premier enfant est issu d’un viol organisé. Un soir aux environs de 21 heures, mon cousin m’a invité à l’accompagner quelque part non loin de notre concession. L’ayant considéré comme mon grand frère, je n’ai pas hésité à le suivre avec l’avis favorable de ma mère. Arrivée sur les lieux, mon cousin m’a dit d’aller lui chercher un bol dans la chambre de celui chez qui nous sommes allés. Juste à l’entrée de la chambre à coucher, quelqu’un m’a tiré par les mains avec force. Avec la complicité du monsieur, mon cousin a commencé par coucher avec moi de force. Comme c’était une première fois, je criais à grands cris. Malgré mes pleurs, personne n’est venu à mon secours. Pire encore, j’entendais des gens qui disaient : elle va se taire pour bien prendre sa dose. Les gars ! Mettez de pagne dans sa bouche pour qu’elle cesse de nous crier dessus. Deux autres garçons m’ont tenue par mes bras et deux autres par mes pieds. Ils étaient tous cachés dans la chambre avant mon arrivée. Mon cousin qui a couché avec moi, je l’ai mordu au niveau de son cou. Quand il a constaté que le sang coulait de son corps, il m’a laissée et je suis rentrée à la maison nue en pleurant. Étonnée de mon aspect, ma mère s’est révoltée la nuit et tout le village était en ébullition. Le cousin, s’est enfui jusqu’à ce jour depuis vingt-deux ans », a raconté la maîtresse couturière. « A la suite de l’acte, je suis tombée enceinte et j’ai accouché d’un garçon qui a environ vingt-deux ans aujourd’hui. Après, je suis partie à Cotonou pour y continuer la vie. C’est vrai que cela m’a permis d’avoir, très jeune, un enfant, mais c’est un mauvais souvenir que Dieu me pardonne. Ce n’est pas que je rejette mon premier enfant, c’est la condition dans laquelle j’ai contracté cette grossesse… Je suis actuellement maîtresse couturière mariée et mère de trois enfants. Je prie tous les jours pour mes enfants filles et parents, filles, car nos enfants filles sont exposées à plusieurs choses horribles et criminelles de la société », a-t-elle conclu.
Jean-Eudes Chicha
(Br Mono-Couffo)