Le Secrétaire général adjoint et porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji, était l’invité Afrique de Radio France Internationale (Rfi) jeudi 26 octobre 2023. L’actualité au Bénin notamment les implications de l’arrivée de Boni Yayi la tête du parti Les démocrates, la Présidentielle de 2026 et la démocratie béninoise sous Patrice Talon, ont été au menu de cet entretien qui n’a pas occulté le sort de Réckya Madougou et Frédéric Joël Aïvo. Ci-dessous, la teneur des échanges de Wilfried Léandre Houngbédji avec le journaliste Pierre Firtion.
Pierre Firtion : Wilfried Houngbédji, bonjour !
Wilfried Léandre Houngbédji : Bonjour M. Firtion !
Thomas Boni Yayi revient sur le devant de la scène politique. Il a été désigné président des Démocrates il y a 10 jours. Comment interprétez-vous ce retour au premier plan de l’ancien président ?
Je crois que ses camarades chefs de partis politiques sauront mieux que moi vous dire ce qu’il faut en penser. Vu du gouvernement, pour nous, rien de nouveau sous le soleil car à la vérité, il n’aura jamais été loin de la scène qu’il n’a jamais quittée.
Mais est-ce que cette désignation ne traduit pas une volonté du parti Ld d’être plus présent dans le débat politique selon vous ?
Moi je ne saurais le dire. Je sais simplement que c’est de tendance humaine et même politique que ceux qui ont perdu une bataille rêvent de revanche. Mais dans le cas d’espèce, je pense qu’il n’y a plus de place pour une revanche quelconque si tel était le projet de ceux qui sont en face parce que le match a déjà été joué en aller et retour et, à chaque fois, Patrice Talon l’a emporté. Il a reçu le trophée du vainqueur et si vraiment il lui reste encore un match à jouer, à Patrice Talon, c’est son jubilé qui consiste pour lui à partir grand en 2026, en grandissant le pays par ailleurs, après en avoir posé les bases de la modernité et du développement durable en un temps record et dans des conditions particulièrement difficiles.
La Constitution béninoise ne permet pas d’être président de la République plus de deux fois. Vous nous confirmez donc que Patrice Talon ne se représentera pas en 2026 ?
En réalité, le président Patrice Talon n’a attendu personne pour corser les conditions de limitation du nombre de mandats présidentiels au Bénin. C’est lui qui a fait mettre dans la Constitution, à l’occasion de sa révision en 2019, que nul ne peut, de sa vie, effectuer plus de deux mandats présidentiels. Et ceci a été fait, il faut le souligner, dans un contexte où il avait une Assemblée nationale acquise 100% à sa cause. Ce qui veut dire que le président Talon, à cette occasion-là, a montré au monde et au Bénin en particulier qu’il est possible, en Afrique, de réviser la Constitution sans penser à s’éterniser au pouvoir. Et donc ce débat-là, pour nous, il est définitivement clos.
L’opposante Réckya Madougou et le constitutionnaliste Joël Aïvo sont en prison depuis plus de deux ans. Plusieurs organisations internationales appellent à leur libération. Les Démocrates ont déposé une proposition de loi d’amnistie. Cette proposition pourrait-elle être adoptée selon vous ?
Il y a dans nos prisons quelques milliers de concitoyens condamnés à l’issue de procès réguliers et les mesures d’aménagement de peines prévues par les lois béninoises peuvent profiter à tous ceux qui en remplissent les conditions substantielles à un moment ou à un autre.
Et par ailleurs, notre pays dispose, je peux le rappeler, d’une loi qui autorise les personnes condamnées pour certaines catégories de crimes à solliciter la suspension de l’exécution de leurs peines. Jusqu’à plus informé, il ne me semble pas que quelqu’un ait sollicité le bénéfice de cette mesure et ne l’ait pas obtenu.
Par rapport à une quelconque loi d’amnistie, je ne suis pas député à l’Assemblée nationale. L’Assemblée nationale appréciera souverainement si une telle démarche était portée à la connaissance de sa plénière.
Wilfried Houngbédji, que répondez-vous à ceux qui accusent le président Talon d’avoir mis à mal le modèle démocratique béninois ?
Ceux qui continuent à parler ainsi, me semble-t-il, sont nostalgiques de cette démocratie désincarnée que Boni Yayi appelait « démocratie nescafé » au point de proposer comme antidote une certaine « dictature du développement ». Ils sont nostalgiques de cette démocratie où nous avions, pour 83 sièges de députés à l’Assemblée nationale, 40 à 50 partis représentés au sein de cette Assemblée. Ce qui, vous en conviendrez, ne permet pas une action politique lisible et homogène. A la vérité, il faut considérer, me semble-t-il avec le recul, que Patrice Talon aura plutôt normalisé la démocratie béninoise et je ne doute pas que demain, mise à part la politique politicienne, tous lui rendront justice et salueront son mérite historique.
Source : Rfi