(L’audience reportée au 19 mars)
Le jeudi 13 mars 2025, c’était la troisième journée de l’audience relative à la disparition de Pierre Urbain Dangnivo, un cadre du ministère de l’Économie et des Finances, survenue en 2010. Le procès se déroule dans le cadre de la session criminelle du Tribunal de première instance de première classe de Cotonou.
À 11h03, l’audience commence sous la présidence de Guillaume Lally. Le président annonce que l’audience prendra désormais tout le temps nécessaire pour aboutir à un jugement, et que le procès, initialement prévu du 11 au 14 mars 2025, se poursuivra sur plusieurs jours supplémentaires pour permettre d’éclaircir tous les aspects de l’affaire. Cette annonce est bien accueillie par les avocats présents dans la salle. De nouveaux témoins sont attendus. Me Théodore Zinflou, après l’installation de la cour, taquine le président sur le retard de l’ouverture de l’audience. À 11h12, Cédric Bigot, médecin légiste, est appelé à la barre. Il expose les missions qui lui ont été confiées dans le cadre de l’enquête. Il précise que les éléments du corps de Pierre Urbain Dangnivo, n’ayant pas été putréfiés, sont toujours identifiables. Il explique avoir effectué des prélèvements sanguins sur les membres de la famille Dangnivo et des prélèvements de tissus à la morgue d’Akpakpa. Ces prélèvements ont ensuite été envoyés à un laboratoire en France, en présence de la famille. Il mentionne également avoir constaté l’absence de certains os, et souligne que le fémur est essentiel pour retrouver de l’Adn.
Questions et doutes soulevés par Me Zinflou
À 11h38, les échanges se poursuivent. Me Théodore Zinflou pose des questions supplémentaires concernant la conservation des prélèvements, notamment un flacon contenant des tissus mous prélevés en 2010. Le professeur Bigot ne peut pas répondre à la question sur la conservation des échantillons pendant 14 ans, en raison de l’incertitude sur les conditions de stockage.
Témoignage de Brice Topanou, huissier de justice
À 12h16, Brice Topanou, huissier de justice, prend la parole. Il explique qu’il n’était pas présent lors de l’exhumation de la dépouille de Pierre Urbain Dangnivo en 2010. Sa mission, selon les réquisitions, était simplement de poser un scellé sur le corps. Il précise également ne pas avoir de souvenir d’être impliqué dans des examens génétiques en 2011. Brice Topanou mentionne que la famille était présente à la morgue en 2024, lors des dernières démarches. À 12h31, l’audience reprend avec l’interrogatoire d’Auguste Amoussou, frère de Donatien Amoussou, l’un des accusés. Il témoigne par visioconférence et répond aux questions sur les relations entre son frère et l’ex-colonel Séverin Koumasségbô, ainsi que sur les difficultés de Donatien à la Sagam après sa carrière militaire. Il confirme également qu’il connaît le Colonel Koumasségbô.
Jérôme Tchiakpé à la barre
À 13h53, Jérôme Tchiakpé, un ancien détenu, témoigne à la barre. Il explique qu’il a été emprisonné pendant cinq ans en rapport avec l’affaire Dangnivo et qu’il n’a jamais entendu parler de Pierre Urbain Dangnivo avant son arrestation. Il raconte qu’il a été interrogé par Alofa, qui l’a accusé d’être impliqué dans l’assassinat de Dangnivo, mais qu’il ne savait pas de quoi il s’agissait. Il est particulièrement étonné de son implication dans ce dossier, se demandant encore aujourd’hui comment il a pu être lié à cette affaire. À 14h32, Séverin Koumasségbô, ancien chef de la sécurité du président, est appelé à la barre. Il confirme avoir reçu une somme de 1 million de FCfa de la part du chef de l’État pour une mission, mais dément toute implication dans l’affaire de Pierre Urbain Dangnivo. Il insiste sur son absence de lien avec la disparition de Dangnivo et nie avoir remis de l’argent à Donatien Amoussou ou à Priso, un autre des accusés.
L’interrogatoire de Me Aboubakar Baparapé
À 16h22, Me Aboubakar Baparapé poursuit l’interrogatoire de Séverin Koumasségbô, abordant notamment les relations entre l’ex-colonel et l’ex-Dg de l’Ortb, Julien Pierre Akpaki. Koumasségbô confirme qu’il connaissait Akpaki, mais nie toute implication dans les affaires liées à la disparition de Pierre Urbain Dangnivo. À 18h22, le président Guillaume Lally, demande au ministère public de vérifier si l’avenue de la Marina était en chantier en 2010 et demande des précisions sur les lieux où le détenu s’est battu avec le gendarme Lucien Dègbo. Il insiste aussi pour que des investigations soient menées afin de vérifier certaines déclarations de témoins, notamment celles de l’ex-Dg de l’Ortb, Julien Pierre Akpaki. À 18h31, le ministère public demande la suspension de l’audience, ce qui est accepté par la cour. À 18h32, l’audience est suspendue et reprendra le mercredi 19 mars 2025. Le Tribunal va mener de nouvelles investigations et a demandé la convocation de nouveaux témoins, y compris les légistes et un biologiste, ainsi que l’ex-Dg de l’Ortb, Julien Pierre Akpaki, pour éclaircir davantage l’affaire. Cette suspension laisse entrevoir des suites importantes dans la quête de la vérité sur la disparition de Pierre Urbain Dangnivo.
Léonce Adjévi