Les 50èmes mondiaux de pétanque lancés le samedi 09 septembre 2023 ont pris fin le dimanche 17 septembre 2023. Aux pieds de l’Amazone à Cotonou, près d’une quarantaine de pays se sont illustrés au niveau des différentes catégories avec diverses fortunes. Si les résultats ont retenu l’attention des uns et des autres, c’est ainsi que l’événement dans son ensemble a marqué les esprits. Karel Dohnal, directeur des compétitions au niveau de la Fédération internationale de pétanque et jeu provençal (Fipjp), en témoigne. A la faveur d’une interview accordée à notre rédaction, le Turc a abordé plusieurs aspects de cette grande fête des boules mondiales. Ci-dessous, son témoignage.
Le Matinal : Quel bilan faites-vous de l’organisation de ces mondiaux de pétanque au Bénin ?
Karel Dohnal : « Je suis là depuis 10 jours voire 12 jours déjà. Je suis un peu plus concerné par la partie organisation de la compétition que le jeu sur les pistes. Je saisis les résultats de tous les matchs. Au niveau de l’organisation de cette compétition au Bénin, je n’ai rien à dire parce que tout est très bien organisé en collaboration avec le Comité d’organisation de la Fédération béninoise de pétanque. Nous avons réussi à faire un très bon et inoubliable championnat.
Combien de pays ont participé à la compétition en général ?
Ils étaient trente-sept (37) pays au total au Bénin. Pour les Triplettes, c’est 30 pays. C’est un peu moins que d’habitude sur la compétition. Certains pays n’ont pas trouvé l’argent pour être là, d’autres avaient peur de venir. Ils n’étaient pas sûrs de l’accueil. C’est dommage pour eux. Ils vont regretter parce que ça a été un championnat qu’on ne va jamais oublier. Beaucoup de pays africains ont participé au championnat plus que d’habitude. Les amis du Congo, de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso et du Togo ont profité de leur proximité avec le Bénin pour participer à la compétition. Si le championnat était organisé en Amérique ou en Europe, beaucoup de pays africains ont des problèmes de visa et du prix des voyages souvent. Nous connaissons les pays africains sur le championnat du monde, mais pas tous en même temps.
Pourquoi on ne peut pas oublier ce championnat ?
Pour moi, on ne peut pas oublier ce championnat parce que les spectateurs nous ont donné beaucoup d’émotions. C’est un point un peu négatif, mais aussi positif. C’est négatif, et je ne peux même pas dire négatif parce que les spectateurs ne sont pas habitués à de grandes compétitions de pétanque. Ils ne savent donc pas comment se comporter sur cette compétition. A la pétanque, quand le tireur se prépare pour le tir, on reste tranquille. Je compare ça justement au tennis. A Roland Garros, quand vous regardez les matchs, tout le monde reste calme et à la fin, ont fait la célébration. Il ne faut jamais crier à l’avance. A la pétanque, c’est un peu plus difficile parce que si vous regardez un match, il y a encore les autres matchs à côté. Donc, il faut être vraiment prudent. Il faut savoir contenir les émotions. C’est ce qui est souvent difficile même pour les gens qui sont habitués. Mais moi, je n’ai aucun problème particulier avec ça.
Il y a eu la pluie qui a dérangé le déroulement de la compétition. Est-ce que vous avez l’impression que cela a eu un impact sur la qualité des prestations ?
Heureusement qu’on a toujours eu la chance de rattraper le programme. S’il pleuvait beaucoup comme le samedi (16 septembre 2023) matin, on serait obligé d’annuler. Il serait impossible de jouer. Mais, grâce aux volontaires, le nombre important qu’ils font, leur gentillesse, leur volonté de travailler, on s’en sort bien. Ils sont toujours prêts quand on a besoin d’eux pour un travail. C’est grâce à eux que nous avons pu terminer la journée du samedi. Ils ont fait un bon travail pour l’aménagement du terrain, l’évacuation de l’eau après la pluie. C’était extraordinaire et inoubliable.
Qu’est-ce que vous pouvez reprocher aujourd’hui au Bénin parlant de l’organisation de la compétition ?
Chaque pays ou continent a sa façon d’organiser. Ce sont des habitudes que nous avons. Tous les pays n’ont pas les mêmes habitudes. Moi, je viens de la Turquie, un pays resté longtemps sous la gestion des Allemands. Les Allemands, ce sont des gens stricts. Ils planifient tout à l’avance tandis que les pays comme la France, c’est un peu plus de l’improvisation. Ils sont imprévisibles. Ici (Au Bénin), il y avait beaucoup d’improvisations. Nous avions été capables d’improviser. Le plus important, c’est le résultat. Le résultat qui est visible pour les spectateurs, les participants et les organisateurs. Le résultat est magnifique.
Il y a des pays qui ont refusé de venir à Cotonou, craignant l’insécurité en Afrique de l’Ouest. Que pouvez-vous dire à leur ce sujet ?
C’est normal surtout pour les gens qui ne voyagent pas. Ils n’ont pas l’expérience, ils ne peuvent pas imaginer ce qui les attendait au Bénin, en Afrique. On est beaucoup plus sensible aux informations négatives qu’aux informations positives. Malheureusement, certaines informations négatives ces derniers temps étaient venus de la région de l’Afrique de l’Ouest. Les gens ont pris la décision de ne pas prendre de risque. Je comprends, c’est une décision démocratique. Mais, ils ont regretté parce qu’ils n’ont pas vécu le championnat comme nous.
Sur 10, combien donnez-vous au Bénin pour l’organisation de ces championnats du monde ?
Je ne donne jamais 10. C’est le Dieu qui est le 10. De toutes les façons, c’est au-delà de la moyenne. Je peux donner 8/10 au Bénin pour l’organisation, les infrastructures, le transport, les spectateurs etc. Quand j’aborde la relation avec les Béninois, je donne un 10 parce qu’il n’y a eu aucun problème. Ils ont fait preuve de gentillesse. Ils sont prêts à aider. Dans la rue, au terrain, la visite dans les campagnes, on n’a eu aucun problème. C’est quelque chose que je vais raconter dès que je serai chez moi.
Le président Idrissou Bouraïma a donc raison d’avoir lutté pour l’organisation de cette compétition au Bénin ?
Oui, c’est sûr. Monsieur Idrissou on se connait depuis longtemps. Il s’est battu pour l’organisation du championnat du monde au Bénin pendant longtemps. Il a su convaincre beaucoup de pays. Finalement, la décision a été prise depuis quatre ans. Après, il y a eu le Covid qui a provoqué le décalage d’un an. Ce qui n’était pas bien vu par certains pays. Mais finalement, on a réussi. Je vois que c’était une bonne idée et une bonne décision d’organiser ce championnat du monde de pétanque au Bénin. Il ne faut pas toujours juger l’inconnu. Partout, il y a des gens capables, prêts et très enthousiastes.
Propos recueillis : Karol B. Sékou (Coll)