Après 1979, 1992, 2002 et 2013, le Bénin s’apprête à procéder au 5ème Recensement général de la population et de l’habitat. Une opération qui se veut une photographie du pays et permet aux décideurs d’avoir des indicateurs fiables et pertinents pour mieux orienter les choix politiques.
Le 5ème recensement général de la population et de l’habitat va prendre ses marques dans quelques jours. Le cadre règlementaire de l’opération est quasiment bouclé avec la mise en place des organes de gestion de l’opération. L’installation des comités de gestion du Rgph 5 actée le mercredi 15 mars 2023, marque la dernière ligne droite qui traduit l’imminence de l’opération. Le Conseil des ministres en sa session du mercredi 22 juin 2022 a autorisé l’organisation de ce recensement qui selon le directeur de l’Institut national de la statistique et de la démographie (Instad), bras opérationnel de l’opération, recèle assez de particularités. A en croire Laurent Hounsa, la première originalité de l’opération est qu’elle se fera avec les nouvelles technologies. « Tout sera digitalisé», a confié le directeur général de l’Instad qui a indiqué qu’il s’agit là d’une avancée majeure dans le processus de collecte des données. A titre illustratif, Laurent Hounsa a confié que la digitalisation va permettre de finaliser en deux semaines le travail de terrain, au lieu de trois mois qu’a duré cette phase en 2013, lors du dernier recensement. Parlant des zones de dénombrement, le directeur général de l’Instad a indiqué qu’elles ont été délimitées avec des logiciels adaptés. « Cela ne se fera pas de façon manuelle comme par le passé », a-t-il confié. Pour ce qui est de la finalité de l’opération, le directeur de l’Instad s’est voulu clair. « Les informations que nos collectionnons permettent d’avoir des indicateurs sur nos vies, des indicateurs socioéconomiques et démographiques, la répartition de la population par type d’âge, par activité professionnelle, par zone etc. », a confié Laurent Hounsa. Il en est de même pour les habitations que l’opération permettra à terme de classer dans diverses catégories selon leur structure. « C’est une opération de grande envergure. Quand nous aurons fini d’avoir ces informations, toute politique économique, toute politique sociale, toute politique démographique partira de ces informations», martèle le directeur l’Instad. Au regard de l’importance de l’opération, le directeur de l’Institut national de la statistique et de la démographie, a insisté sur la responsabilité des agents de terrain, maillon éminemment sensible de la chaîne de réalisation du Recensement, à faire preuve d’une conscience professionnelle exemplaire dans le cadre de leur mission. Préfets, maires, chefs d’arrondissement, élus locaux et autres, sont invités à prêter leur concours pour que l’opération se déroule dans de très bonnes conditions.
Un instrument de mesure des progrès réalisés
Les données collectées permettront de mesurer les progrès accomplis et d’assurer un meilleur suivi des indicateurs des différents agendas tels que l’agenda 2030 des Nations Unies sur les Odd, l’agenda 2063 de l’Union africaine. Selon les spécialistes, un Recensement général de la population et de l’habitat (Rgph) est une opération qui consiste en « un inventaire méthodique et exhaustif (sans omission, ni double compte) de la population et des habitations d’un pays à un moment donné, suivant des caractéristiques démographiques, économiques et sociales spécifiées ». Ainsi, un Rgph est d’abord un outil de planification et d’aide à décision. Les recensements de cette envergure, s’organisent tous les dix ans. Par ailleurs, elles permettent de générer des données actualisées et fiables sur les caractéristiques démographiques, sociales et économiques de la population et de l’habitat telles que : le taux d’accroissement, l’espérance de vie à la naissance, les indicateurs clés des mouvements migratoires, la mortalité, la fécondité. A ce titre, les données collectées et traitées issues de cette 5ème édition permettront de mesurer les progrès accomplis, et d’assurer un meilleur suivi des indicateurs des différents agendas tels que l’agenda 2030 des Nations Unies sur les Odd, l’agenda 2063 de l’Union africaine, la Stratégie décennale de la Banque africaine de développement et l’Accord de Paris sur les changements climatiques. C’est dire que le gouvernement tient un pari en même temps qu’il se donne les moyens, ainsi qu’au gouvernement futur, d’apprécier les progrès réalisés, afin d’ajuster et de mieux orienter, s’il en est besoin, les politiques publiques. Du côté du gouvernement, on assure qu’au niveau des directions techniques, des partenaires et autres bras techniques de cette opération, les préparatifs ont démarré il y a bien longtemps. Ainsi, des ateliers réunissant les acteurs et parties ont permis d’échanger sur les expériences acquises dans la réalisation des Recensements généraux de la population et de l’habitation au Bénin et dans la sous-région pour mieux affiner les grandes options méthodologiques pour l’organisation du Rgph-5. Rappelons que les quatre premières éditions ont permis de constater que le Bénin comptait 3.331.210 habitants en 1979, 4.915.555 en 1992, 6.769.914 en 2002 et 10.008.749 en 2013.
Gabin Goubiyi