Après deux ans de relâchement dû au Covid-19, le Bénin a organisé, ce 1er août, une imposante parade militaire et paramilitaire pour marquer le 62ème anniversaire de son indépendance. Dans un décor féérique rehaussé par le monument très convoité de l’Amazone, les Béninois ont vécu un moment festif,plein d’enthousiasmes et d’émotions. Mais la singularité de cette célébration de 2022 est qu’elle renvoie à la fraternité de 2016, où toutes les forces composantes (Mouvance, opposition, société civile, chefferie traditionnelle et leaders religieux) de la République ont répondu fortement présentes. Soglo, Yayi, Houndété, Atchadé, Houdé et consorts autour de Talon, ce panorama est une belle image signe de la décrispation politique et par voie de conséquence, un grand moment de cohésion nationale.
La décrispation de la tension politique tant recherchée au Bénin est de principe acquise. Pour qui a toujours suivi, de près, la célébration de la fête de l’indépendance depuis 2016, il peut résolument conclure que le Bénin a tourné dos à ce petit moment relativement noir où pour des raisons de dissensions politiques, certaines figures remarquables et obligatoires s’inscrivaient aux abonnés absents aux manifestations officielles du 1er août. Nicéphore Soglo et Boni Yayi, tous deux et une tribune officielle merveilleusement garnie de la présence des personnalités politiques de toutes les couleurs, même les plus acerbes, à la cérémonie d’exhibition militaire publique sous le régime du ‘’Nouveau départ’’, il faut remonter en 2016 pour sentir la belle convivialité. Mais la célébration d’hier, lundi 1er août, a plongé le Béninois dans cette ambiance d’antan avec Boni Yayi et Nicéphore Soglo, drapés tous deux de tenues locales trois pièces aux couleurs blanchâtres, signe de pureté, d’harmonie et de paix, coiffées d’un chapeau traditionnel en marque d’honneur. Avec des poignées de mains chaudes et des accolades chaleureuses, les trois personnalités ont offert au Bénin, l’une des plus belles images attendues de la cérémonie. Par ce geste pittoresque et nourrissant pour la démocratie béninoise, il n’y a qu’une seule interprétation : la décrispation de la tension politique suit inexorablement sa marche. D’ailleurs, le patriarche Soglo n’a pas hésité à donner les raisons qui ont suscité sa présence. A l’entendre, Patrice Talon lui a fait la bonne promesse de la décrispation du climat politique. Et qu’il est descendu spécialement de Paris pour marquer de sa présence, les manifestations officielles du 1er août. Pour Soglo, il faut saluer la libération des 30 détenus la semaine dernière, mais il faut parachever cette dynamique par la mise en libérté de Réckya Madougou, Joël Aïvo, le retour des ‘‘exilés politiques’’ tout comme son fils aîné, Léhady Soglo, ancien maire de Cotonou.« …C’est évident. Moi de toute façon, c’était la condition, que j’avais posée pour descendre parce que je dois être opéré dans une dizaine de jours… je crois que j’ai discuté avec le chef de l’Etat qui m’a donné sa parole…Il faut la description, la libération de tous ceux qui sont en prison, de tous ceux qui sont en exil…il m’ a promis personnellement au mois de février où les coups d’état crépissaient, qu’il allait décrisper la situation », a-t-il déclaré.

« Les démocrates » présent : l’autre preuve de grand moment de cohésion
La présence des membres du parti ‘’Les démocrates’’ en l’occurrence l’ancien député Eric Houndété et le court échange avec Patrice Talon ont été l’autre élément de cohésion nationale qui attire les appréciations politiques. Pour qui connait les traits enflammés de ce parti politique au Régime de Cotonou, même une caution à un acte de patriotisme bien qu’important, devrait être remise aux calendes grecques. Mais l’humilité combien perceptible de Patrice Talon a encore fait parler d’elle. Au moment d’échanger les civilités pour prendre congé de l’assistance, il a sans hésitation serré la main de son frère ami d’hier, adversaire depuis peu. En deux temps, trois mouvements, les deux antagonistes politiques se sont dit visiblement deux mots. « Je lui ai dit lorsqu’il m’a fait l’honneur de me saluer, que nous avons besoin de parler, de dialoguer pour que le pays avance », a confié le président Houndété avant d’ajouter : « j’espère qu’il répondra à notre appel. Nous espérons qu’il discutera avec nous ».
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