Le 8 avril 2024, Patrice Talon bouclait huit années à la tête du Bénin. Une gouvernance dont les impacts positifs sont perceptibles dans divers secteurs. Des défis restent cependant à relever pour les deux années restantes.
Le 24 mai 2026, conformément aux dispositions de l’article 153-3 de la loi n° 2019-40 du 7 novembre 2019 portant révision de la loi n°90-32 du 11 décembre 1990 portant Constitution de la République du Bénin, Patrice Talon va passer la main à son successeur. A un plus de deux ans de la fin de son séjour à la tête du Bénin, le bilan de sa gouvernance est déjà amorcé. Depuis son accession au pouvoir le 6 avril 2016, Patrice Talon a, au pas de charge, entrepris une série de réformes courageuses dans divers secteurs. Les premières initiatives ou décisions prises avaient pour principal objectif, d’arrêter la saignée de la dépense publique par l’identification et la résorption des poches de gaspillage de l’argent public. L’acte fondateur a été la réduction du train de vie de l’État grâce notamment à une redéfinition à la baisse du nombre de ministères qui est passé de 28 à 21, soit une réduction de 25%. A cela, s’ajoute la réduction de plus du tiers, du nombre de directions générales, nombre qui est passé de 430 à 280. Cette dynamique de rationalisation des dépenses publiques avait pour principal fondement le diagnostic qui a été fait avant le 6 avril 2016, lequel révélait que l’administration publique était quasi-léthargique, politisée à outrance, rongée de l’intérieur par toutes sortes de trafics et de pratiques malsaines. La chaîne des dépenses publiques était peu maîtrisée et caractérisée par un manque de rigueur dans ses maillons essentiels. Face à ce tableau, un assainissement structurel était nécessaire pour remettre le pays sur les rails. Il sera suivi d’une mise en chantier de tous les secteurs de la vie économique, sociale et administrative. A la croisée des chemins, beaucoup s’accordent à reconnaitre que les lignes ont bougé et que beaucoup de dysfonctionnements ou d’insuffisances, ont été corrigés dans plusieurs secteurs au fil du temps. Les impacts positifs de la gouvernance Talon, marquée par une méthode et une approche rigoureuses qui tranche d’avec tout clientélisme et la politique politicienne, sont visibles dans plusieurs secteurs tels que l’agriculture, l’économie, l’énergie électrique, le numérique et les infrastructures routières pour ne citer que ceux-là. En dépit des chocs exogènes liés au Covid-19, à la crise entre le Russie et l’Ukraine, la fermeture des frontières du Niger et du Nigéria, les indicateurs attestent de la bonne santé de l’économie béninoise. Aujourd’hui, le Bénin s’est illustré comme le pays qui a connu le taux d’inflation le plus bas dans la sous-région, lequel s’établit autour de 3%. Ce qui est la résultante de la politique sociale soutenue, grâce à laquelle le pays a maintenu les subventions sur certains produits de première nécessité ou de grande consommation.
Eradiquer l’hydre terroriste, un défi à relever à toute épreuve
La lutte contre le terrorisme est l’une des équations que doit s’atteler à résoudre le président Patrice Talon. En dépit des stratégies de riposte mises en place, les adeptes de la terreur trouvent des moyens pour braver le dispositif afin de perpétrer des actes de barbarie dans certaines régions de la partie septentrionale du pays. Les localités du département de l’Alibori sont les cibles privilégiées des terroristes qui y opèrent de façon régulière. Face à la persistance du phénomène, le gouvernement doit envisager des stratégies de riposte plus corsées afin de pousser dans leur dernier retranchement et mettre hors d’état de nuire, ces divorcés sociaux qui sèment la peur et la psychose au sein des paisibles populations.
Le délestage, un point noir dans la politique énergétique
De lourds investissements sont consentis depuis quelques années dans le secteur énergétique en vue de permettre au Bénin, d’avoir une autonomie dans ce domaine. Une dynamique qui est à saluer même si les efforts sont presque mis à mal par la récurrence des coupures d’électricité observées dans plusieurs localités, lesquelles paralysent les activités économiques. Même s’il n’est pas aussi criard que ce que les populations ont vécu il y a quelques années, le gouvernement se doit de corriger cette maldonne qui sonne comme une tâche noire dans sa politique énergétique.
La mise en marche des marchés et des stades communaux, l’autre défi
Les nouveaux marchés construits dans diverses localités du pays, ne sont toujours pas fonctionnels. En dépit des assurances données par le gouvernement, les populations ont du mal à comprendre que ces infrastructures ne soient toujours pas opérationnelles. Si la récente annonce de la contractualisation avec des groupes spécialisés pour la fourniture et la pose de 15.000 unités de mobiliers d’étals dans les nouveaux marchés urbains, donnent un brin d’espoir aux milliers de femmes qui s’impatientent, à raison, le gouvernement a intérêt à donner un coup d’accélérateur à ce dossier. Idem pour les stades communaux construits et dont l’inauguration se fait toujours attendre.
Rétablissement des relations avec le Niger
Les relations entre le Bénin et le Niger sont grippées depuis quelques mois. Les nouvelles autorités de Niamey reprochent au Bénin, d’avoir pris le lead de la condamnation du putsch intervenu dans ce pays voisin le 26 juillet 2023. Raison pour laquelle, elles ont maintenu depuis lors, leurs frontières avec le Bénin fermées en dépit de la levée des sanctions imposées auparavant au pays par la Cédéao. Une situation inconfortable qui n’arrange aucun des deux pays qui partagent des relations séculaires. Bien que la balle soit actuellement dans le camp des autorités nigériennes, le Bénin doit jouer son va-tout pour obtenir une normalisation de la situation, ce qui serait une prouesse diplomatique majeure et une bouffée d’oxygène aussi bien pour les opérateurs économiques béninois que pour le Port de Cotonou dont le Niger est l’un des clients privilégiés.
Gabin Goubiyi