La forêt sacrée de Kouvizoun fut, par le passé, un lieu de refuge pour les populations, du fait de l’hégémonie des rois de Danxomè. Ses premiers habitants sont des Mahi venus de Paouignan vers les années 1600 et qui fuyaient les razzias successives des rois de Danxomè. Ils ont pu traverser le fleuve Ouémé pour se réfugier dans la forêt, qui leur a permis d’échapper à la mort (d’où le nom de « Kouvizoun » donné à la forêt, signifiant « Forêt de ceux qui sont destinés à la mort »).Au plan historique, les deux frères qui ont conduit cette population Mahi s’étaient séparés dans la région. L’un appelé Bogninou s’est installé à Oklidji et l’autre Anato Koto à Hounkon. Ce dernier, voyant les animaux sauvages dévorer ses biens, sa famille, recherchait des secours, quand un jour, il rencontra son frère Bogninou, à qui il raconta ses difficultés. Celui-ci, lui fit un gri-gri composé de deux branches d’un arbre appelé « adakpla », Gardenia ternifolia qui a été ensuite mis en terre à l’entrée du village, avec l’incantation que « l’oiseau ne prend jamais sa proie sous l’arbre « adakpla » ». Dès lors, commença pour Anato Koto et ses enfants, une vie paisible sans menace des animaux sauvages. C’est pour cette raison que, Anato Koto donna le nom d’Adakplamè à ce village. En signe de gratitude, Anato Koto décida de choisir Bogninou comme Chef traditionnel de tout le village et s’est donné pour privilège d’être le surveillant de la Forêt Kouvizoun, donc le «Ganzoun » c’est-à-dire le chef de la forêt de Kouvizoun. Depuis lors, la gestion de la forêt est confiée aux descendants d’Anato Koto et la royauté à ceux de Bogninou. Cependant, le roi est toujours intronisé par les descendants de Anato Koto. Au nombre des évènements liés à la Forêt Sacrée, il y a encore quelques décennies, sept chasseurs se sont égarés dans la forêt parce qu’ils allaient chasser près du lieu sacré de Oklidji. La gestion de cette forêt sacrée est réglementée par des principes religieux qui se matérialisent à travers tout un ensemble d’interdits, de prescriptions et de pratiques rituelles qui ont longtemps permis leur protection et leur régénération. La forêt sacrée Louvizoun est la plus grande forêt sacrée du Bénin.
Martial Agoli-Agbo (Br Ouémé-Plateau)