« Aguégués » c’est le nom d’un tout petit bois que l’on utilise pour serrer le lacet avec lequel on lie un fagot de bois pour le transporter. On évoque cet instrument dans les expressions et pensées locales comme « egni do nake mavo, Aguégués non kpo ayi » ou encore « nake madouvo Aguégués mon non yi adome » pour dire que tant qu’on n’est pas en pénurie totale de bois de chauffage, Aguégués sera toujours épargné du feu. Ce petit bois frais ayant servi à attacher le fagot de bois est toujours épargné du feu. Au- delà d’une intention de prière, cela rappelle aussi que les guerres de conquête de Danxomè ont ravagé presque toutes les zones du Bénin sauf « Aguégués.
Aguégués est une Commune avec 44 562 habitants selon le 4ème recensement de la population. Elle compte 23 villages répartis dans les 3 arrondissements que sont : Avagbodji, Houédomè et Zoungamè. D’un point de vue géographique, elle se situe sur les lagunes marécageuses, les itinéraires lacustres et fluviaux qui relient les deux plus grandes métropoles du Bénin à savoir : Porto-Novo, et Cotonou. Elle est à 6 km de la ville capitale et à 15km de la capitale économique. La même chaine lagunaire se poursuit sans discontinuité vers l’Est jusqu’à Badagry et Lagos au Nigéria. De ce fait, « Aguégués » est un passage obligatoire pour la majeure partie du trafic lagunaire et fluvial (sur le fleuve Ouémé) entre la lagune de Porto-Novo, et le lac Nokoué à Cotonou. Les Aguégués s’étendent sur 103 km2. Chaque année, pendant la période de juillet-novembre, toute la Commune est inondée et devient totalement lacustre à l’exception d’un seul village : Agbodjèdo dans l’arrondissement de Houédomè.
Deux collectivités se réclament être la première occupante. Il s’agit des Djêviénou et des Dankonou.
Pour la collectivité des Djêviénou, leur premier descendant est Soholou Linzé-Agban. Il serait venu directement d’Adja Tado et plus précisément d’Adjahounzon. Sur son itinéraire migratoire, il se serait installé à Ahouansori Agué (actuel quartier Sainte Cécile de Cotonou) puis à Sô-Ava, une localité lacustre (devenue commune de Sô-Ava) où il avait installé un campement de chasse et de pêche (Ava). Soholou, pour rester proche de Tê-Agbalin(fondateur de ‘’Hogbonou’’ et continuer ses activités de chasse et de pêche, élit domicile à son tour sur l’actuel site des Aguégués où il trouva à son arrivée Amoussou Aguégué (fils du chef de Vakon).
La collectivité des Dankonou, quant à elle, est constituée de la descendance de Gnancadja Zounhon, ami du chasseur Amoussou Aguégué (qui serait un fils d’un chef de village de Vakon dans la commune d’Akpro-Missérété). Selon l’histoire, le territoire des Aguégués fut fondé par Gnancadja Zounhon. Ce dernier serait aussi venu directement d’Adja-Tado plus précisement de Sogbonouhoué en fuyant les conflits fratricides. Gnancadja Zounhon et l’un de ses frères Todjinou se sont installés à l’Ouest à Sowè (Houédogbadji) puis à Dékanmè (deux localités de la commune de Sô-Ava). De Dékanmè, Gnancadja s’installera sur un îlot plus vaste à l’Est de la rivière « Sô » qu’il appela « Zoungbo-Fonsa » (sur la rive droite des Aguégués mais proche de Dékanmè). Ce dernier, en faisant la chasse, vint retrouver Amoussou Aguégués au lieu-dit Kogboho (actuelle place publique appelée Sohonto). Gnacadja Zounhon épousa Gbassègbo, sœur de Amoussou Aguégué. En souvenir à son gendre, Gnancadja Zounhon consacra la localité à qui il donna le nom ‘’Aguégué’’. L’activité principale des Aguégués est axée sur la pêche et ou la pisciculture. Cette commune offre également une flore dominée par les palmeraies lacustres. Le déplacement se fait par le biais des pirogues et des barques motorisées et permet de voir la flore lacustre ainsi que les sites touristiques tels que le gite de lamantin d’Afrique et la forêt Bamèzoun, le place Goukon et Sohonto, le buisson de Wandja, le palais royal de Soholou, et des épaves de navires de guerre. La spécialité locale très consommée dans les habitations sur pilotis est le « Hwegnan » (purée de poisson).
Martial Agoli-Agbo (Br Ouémé-Plateau)