Le monde des affaires est ébranlé depuis quelques jours par une nouvelle affaire de trafic de drogue. Conséquence directe, le patron de l’Office central de répression du trafic illicite de drogue (Ocertid), le commissaire Constant Badet, et 10 autres personnes dont l’adjoint de l’Unité mixte de contrôle des conteneurs (Umcc) et le Pdg de la société Sonimex sont en détention préventive.
Le patron de l’Office central de répression du trafic illicite de drogue (Ocertid), le commissaire Constant Badet, qui était jusque-là en arrêt de rigueur a été déposé à la prison civile de Ouidah dans la soirée du lundi 28 juin 2021. L’adjoint de l’Unité mixte de contrôle des conteneurs (Umcc) au Port autonome de Cotonou est aussi en détention préventive. Ils sont accusés d’abus de fonction et complicité d’acquisition de substance classée stupéfiant… Neuf autres personnes sont placées en détention préventive, vendredi dernier, dans ce dossier de trafic illicite de drogue et de corruption. Il s’agit du patron de la société Sonimex, Séraphin Yéto, quatre agents d’un groupe français dont le Directeur d’exploitation, deux transitaires et deux enleveurs d’une société de consignation de la place. Avant d’être placé sous mandat de dépôt, le patron de l’Ocertid a été auditionné par la police judiciaire puis présenté devant le Procureur spécial de la Criet. Constant Badet est l’un des flics qui ne fait pas de cadeau aux trafiquants de drogue au Bénin, selon des sources concordantes. Avec des partenaires étrangers, son unité a mis la main sur plusieurs trafiquants de drogue à destination ou en partance du Bénin, informent les mêmes sources. Séraphin Yéto, Pdg de la société Sonimex est poursuivi pour trafic de drogue et corruption. Il est en détention préventive depuis vendredi 25 juin 2021.
Un passeport saisi…puis rétrocédé
Tout part de la découverte de 150 plaquettes de cocaïne (un peu plus de 145 kg), déposées au Port de Cotonou dans l’un des 20 conteneurs de sucre que Séraphin Yéto a achetés. En provenance du Brésil, ces conteneurs ont transité par l’Espagne. Au début, la marchandise appartenait à un expatrié français qui l’a revendue au Pdg de Sonimex. Les présumés coupables ont été ensuite interpellés par l’Office central de répression du trafic illicite des drogues et des précurseurs et une unité mixte de la Police républicaine. Informées de l’affaire, les autorités au niveau de la Police ont saisi le passeport de l’expatrié. Contre toute attente, ledit passeport a été rendu à l’expatrié français. Par ailleurs, il y a eu main levée, et les conteneurs sortis du Port de Cotonou. Le rebondissement du dossier cette fois-ci a conduit 11 personnes en prison. Et la question qui se pose est de savoir celui qui a donné l’ordre afin que le passeport de l’expatrié français lui soit rétrocédé.
Déballages attendus à partir du 15 juillet à la Criet
Le procès des personnes interpelées dans l’affaire ‘’Trafic de drogue et corruption’’ au Port de Cotonou s’ouvre le 15 juillet prochain à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet). Au total, 11 personnes séjournent en prison à la date du lundi 28 juin 2021. Après avoir été écoutées par la police judiciaire et présentées au procureur spécial de la Criet, le patron de l’Ocertid, Constant Badet a été déposé en prison ainsi que l’adjoint de l’Unité mixte de la police républicaine qui assure le contrôle des conteneurs au Port autonome de Cotonou. Ces derniers sont poursuivis pour abus de fonction et complicité d’acquisition de stupéfiants. Parmi les personnes déposées en prison, il y a 04 membres d’une société française de la place dont le directeur d’exploitation, 02 transitaires et 02 enleveurs d’une société de consignation. Les cadres de la société française placés en détention provisoire pour trafic de drogues et corruption sont ceux de Bolloré logistics. L’affaire remonte à plusieurs semaines.
Ce que risquent les 11 protagonistes
Les 11 personnes impliquées dans l’affaire risquent gros au regard des prescriptions du Code pénal en vigueur au Bénin et des lois spécifiques comme celle n° 97-025 du 18 juillet 1997 sur le contrôle des drogues et des précurseurs. Selon l’article 961 par exemple du Code pénal, « Est puni d’un emprisonnement de cinq (05) ans à quinze (15) ans et d’une amende de cinq millions (5.000.000) à dix millions (10.000.000) de francs Cfa quiconque produit, fabrique, distribue ou fait le commerce de gros ou de détail, transporte, détient, offre, cède à titre onéreux ou gratuit, acquiert, emploie, importe, exporte, fait le transit sur le territoire national, des plantes ou substances classées comme stupéfiants ou substances psychotropes ou leurs préparations pour lesquelles, ces actes sont interdits par les lois ou les règlements. L’article 962 pour sa part, punit « d’un emprisonnement de cinq (05) ans à dix (10) ans et d’une amende de cinq millions (5.000.000) à dix millions (10.000.000) de francs Cfa, quiconque, cultive, produit, fabrique, fait le commerce, la distribution de gros ou de détail, fait le commerce international, emploie des plantes ou substances classées comme stupéfiants ou substances psychotropes ou précurseurs ou leurs préparations pour lesquelles, ces actes ne pouvaient être accomplis qu’en vertu d’une licence délivrée par les autorités compétentes. Il punit « de la même peine, tout propriétaire ou exploitant d’un établissement dont les locaux servent ou ont servi à faire la culture, la production, la fabrication, le commerce, la distribution de gros ou de détail, le commerce international, l’emploi des plantes ou substances classées comme stupéfiants ou substances psychotropes ou leur préparation pour lesquelles, ces actes ne pouvaient être accomplis qu’en vertu d’une licence délivrée par les autorités compétentes. L’article 96 de la loi sur le contrôle des drogues et des précurseurs « punit d’un emprisonnement de dix à vingt (10 à 20) ans et d’une amende de cinq cent mille à cinq millions (500.000 à 5.000.000) F. ou de l’une de ces deux (2) peines seulement, ceux qui auront contrevenu aux dispositions législatives et réglementaires concernant l’exportation, l’importation et le transport international de drogues à haut risque. L’article 97 sanctionne « d’un emprisonnement de dix à vingt (10 à 20) ans et d’une amende de cinq cent mille à cinq millions (500.000 à 5.000.000) F. ou de l’une de ces délits (2) peines seulement, ceux qui auront contrevenu aux dispositions législatives et réglementaires concernant l’offre, la mise en vente, la distribution, le courtage. La vente, la livraison à quelque titre que ce soit, l’envoi, l’expédition, le transport, l’achat, la détention ou l’emploi de drogues à haut risque.S’agissant des sanctions à appliquer aux agents publics dans l’affaire, l’article 967 prescrit « un emprisonnement de un (01) an à deux (02) ans et d’une amende de trois millions (3.000.000) à cinq millions (5.000.000) de francs Cfa, ou de l’une de ces deux peines seulement, toute autorité, tout agent public légalement habilité à constater les irrégularités dans l’exercice des activités soumises à licence ou autorisation et relatives à des plantes ou substances classées comme stupéfiants ou substances psychotropes ou précurseurs ou leurs préparations, qui, en connaissance de cause, s’abstient de prendre les mesures prescrites par les lois ou les règlements et relevant de sa compétence. En fonction des chefs d’accusation et du profil de chaque protagoniste, la peine encourue sera appliquée conformément aux dispositions des lois.
La Rédaction