Le procès relatif à l’affaire « Complot contre l’autorité de l’Etat » dans lequel sont impliqués l’opérateur économique Olivier Boko, l’ancien ministre des Sports Oswald Homéky et autres, a repris hier, mardi 28 janvier 2025 à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet). Au cours de l’audience, les dépositions ont été faites par les mis en cause.
Quatrième jour d’audience dans l’affaire tentative de coup d’Etat qui a éclaté en septembre 2024 au Bénin. Il sonnait 8 heures 10 minutes quand Olivier Boko et Oswald Homéky les deux principaux mis en cause dans cette affaire, et les autres personnes poursuivies à savoir Hugues, Crépin Ilélikouwa N’gbekinho Adjigbékoun, un comptable, Ahotognon Déo-Gratias Corneille Gbaguidi, gérant d’une société appartenant à Rock Niéri, dont le nom est cité dans l’affaire, et Ganiou Sanoussi, chauffeur de Oswald Homéky, ont fait leur entrée dans la salle d’audience accompagné d’un impressionnant dispositif policier. Olivier Boko est habillé d’un costume de couleur cendre et une cravate de la même couleur tandis que l’ancien ministre Oswald Homéky, a porté une tenue goodluck de couleur bleue. Les deux prevenus ont porté des gilets de prisonniers, tout comme les quatre autres co-détenus. A l’audience du jeudi 23 janvier dernier, il avait été accordé aux prévenus, quelques jours pour prendre de nouveaux avocats après la déconstitution de leurs conseils à l’audience du 21 janvier 2025.
Les prévenus n’ont pas constitué de nouveaux avocats
La Cour de céans présidée par Christelle Adonon et ses deux assesseurs David Awani et Alexandre Gbédji, a fait son entrée dans la salle d’audience à 9 heures 14 minutes. Après son installation, la présidente Christelle Adonon, a invité les prévenus à la barre. A tour de rôle, elle demande à chacun d’eux, s’ils ont constitué de nouveaux avocats conformément aux conclusions issues de l’audience du 23 janvier dernier. A cette question, l’ancien ministre Oswald Homéky a répondu qu’il a fait contacter un avocat en la personne de Me Zakari Baba Body qui lui a promis de prendre connaissance du dossier. « Je n’ai pas pu le rencontrer jusque-là parce que l’administration pénitentiaire ne lui aurait pas donné l’accès », a-t-il confié. « J’ai reconstitué mes avocats (ceux qui s’étaient déconstitués le 21 janvier dernier ndlr) qui sont venus me voir à la prison mais l’adminitration pénitentiaire du Bénin ne leur a pas autorisé l’accès », dira pour sa part l’homme d’affaires Olivier Boko. A la suite des prévenus, le procureur spécial de la Criet, Mario Mètonou, a été invité à faire ses observations. Il fera savoir que Me Baba Body l’a contacté lundi 27 janvier 2025 et qu’il lui a fait délivrer un permis de visite. Pour ce qui concerne le prévenu Olivier Boko, il a indiqué que les permis de communiquer des avocats préalablement déconstitués ne sont plus valables. S’ils entendent plaider utilement dans le dossier, ils devront se reconstituer pour obtenir un permis de communiquer afin d’avoir accès à leur client.
Le ministère public pour la poursuite du procès
«Je ne suis pas surpris par les réponses qui nous ont été fournies ce matin», a déclaré le procureur spécial de la Criet Mario Mètonou qui a fait le point des audiences de la semaine dernière pour conclure à un dilatoire orchestré dans le dossier. Il dira que ce type d’incident n’est pas nouveau avant de mettre en exergue deux principes judiciaires se fondant sur : le droit à l’assistance d’un avocat (art 321 du Code de procédure pénale) et celui de la continuité du cours de la justice (article 312 nouveau du Code de procédure pénale). Il s’est ensuite appuyé sur un arrêt rendu par la Cour de cassation française saisie d’une espèce similaire pour conclure que l’absence de l’avocat auprès d’un accusé, ne saurait faire obstacle à la poursuite du procès. Sur la base de ce développement, il demandera la poursuite des débats avec ou sans l’assistance des avocats. Pour lui, deux conditions confortent cette requête. Primo, la cour a mis les accusés en condition de constituer des avocats. Secundo, le ministère public n’a pas fait obstacle à la constitution d’avocats par les accusés. Et au procureur spécial de tirer la conclusion que l’absence d’avocats aux côtés des accusés est du fait de leur propre responsabilité. «Cela participe d’une stratégie élaborée de commun accord avec leurs avocats.», a-t-il martelé. A la suite de l’intervention du procureur spécial, l’accusé Olivier Boko dira que le représentant du ministère public n’a pas dit exactement ce qui s’est passé. «Il n’y a pas eu trois suspensions», rectifie-t-il, avant de signifier qu’il n’a pas refusé de se faire assister par des avocats. « Si la cour décide autrement, libre à elle », déclare-t-il. A son tour, Oswald Homéky exposera pour sa part, que jusqu’au lundi 27 janvier 2025, il n’avait pas rencontré son avocat. « C’est ce matin qu’on m’a dit qu’il aurait obtenu un permis pour me rencontrer, ce qui ne lui pas été accordé ». A la suite de ces déclarations, la présidente Christelle Adonon, va annoncer une suspension de l’audience. Il sonnait 9h34 minutes.
Des détails de l’enquête préliminaire
A la reprise de l’audience à 10h07 minutes et par jugement avant dire droit, la Cour donne lecture de sa décision de poursuivre le procès. Elle sera suivie de celle des faits, exercice assuré par la présidente Christelle Adonon. Nounagnon Coffi Victorin, commissaire de police de deuxième classe et chef antenne sud de la Brigade criminelle, est le premier témoin appelé à la barre pour faire ses dépositions. De son audition, on retient que la Brigade criminelle est allée interpeller Oswald Homéky et le Colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè sur place au domicile de l’ex-ministre des Sports le 23 septembre 2024. « Nous avons découvert dans le véhicule, des sacs qui contenaient des billets de banque. Le décompte des billets a été fait le 24 septembre 2024. J’ai vu l’argent et j’ai participé au décompte. C’est moi qui suis allé les verser dans l’un des comptes de consignation du Benin le 2 octobre 2024 à la Boa moyennant reçu. L’ouverture des sacs a été effectuée en présence de l’accusé Oswald Homéky », a-t-il confié.
Sur l’origine des fonds et leur destination
Interpellé sur la destination des fonds, Oswald Homéky aurait, selon l’exposé du fonctionnaire de police, indiqué lors de son audition, qu’ils devraient servir à des activités de distribution de boissons et de produits alimentaires qu’il envisageait de mener dans des pays de la sous-région avec sa société Hmk. Il aurait confié qu’il voulait les transférer dans les pays de l’Hinterland dans le cadre de son commerce de boissons et de produits alimentaires. Relativement à la provenance des fonds, Oswald Homéky aurait indiqué lors de l’enquête préliminaire que l’argent provient de ses investissements. « Nounagnon Coffi Victorin a en outre déclaré que l’ancien ministre des Sports, Oswald Homéky, a déclaré lors de son audition, ne pas se reconnaître dans un projet de déstabilisation de l’Etat. Il a exposé que le véhicule Prado utilisé est un véhicule de retour de leasing préalablement immatriculé BR 0635 RB. De nos enquêtes, il ressort que c’est juste après avoir pris le véhicule trois jours plus tôt, qu’il a fait enlever la plaque initiale pour fixer la bande W 079 RB pour éviter », a-t-il dit, que le véhicule ne circule sans plaque. « Le véhicule a été acquis environ 72 heures avant l’interpellation du sieur Homéky. », a laissé entendre l’officier de police qui a par ailleurs déclaré qu’il ne s’est jamais retrouvé à trois (Olivier Boko, Dieudonné Tévoédjrè et Oswald Homéky ndlr) pour parler de coup d’État.
Le colonel Dieudonné Tévoédjrè dévoile les coulisses du complot
A la suite du chef antenne Sud de la Brigade criminelle, le commissaire de police Nounagnon Coffi Victorin, le Commandant de la Garde républicaine, Dieudonné Djimon Tévoédjrè va être appelé à la barre. Il fera savoir qu’il officie à ce poste depuis juillet 2016 avant de confier que Oswald Homéky et lui sont des amis et qu’ils se sont connus depuis que ce dernier est membre du gouvernement. C’est à ce titre qu’il m’a fait rejoindre, un club Lion dont il est le fondateur.
Des pressions pour convaincre l’officier supérieur
Revenant à l’affaire en cause, Dieudonné Djimon Tévoédjrè, fera savoir les manœuvres en vue de le convaincre du projet, ont commencé quelques mois plus tôt. « Tout a commencé le 30 mai 2024 lorsqu’il (Oswald Homéky ndlr) m’a demandé que je vienne le voir à la maison. Nous habitons le même quartier. Sa maison était à deux minutes de chez moi. Ce jour, toute la conversation était autour de la personne du chef de l’Etat. Il avait particulièrement critiqué la gouvernance du chef de l’Etat et sa personne. Il trouvait dérisoire ma rémunération personnelle et me confiait qu’il allait travailler à améliorer ma situation. Le 30 juin 2024, il m’a encore fait appel et il a continué toujours à critiquer le chef de l’Etat. Ce jour, il m’a offert une somme de 5 millions de FCfa. Le 8 juillet 2024, on s’est à nouveau retrouvé chez lui. Ce jour, il m’a parlé d’une opportunité d’ouverture de compte à Nsia Banque Côte d’Ivoire. Il entendait m’aider à améliorer mes conditions de travail. Il a promis me déposer une forte somme et il m’a dit que le grand frère (Olivier Boko ndlr) s’en chargera. Le lendemain, il m’a envoyé une fiche à remplir pour l’ouverture du compte. Depuis ce temps, j’ai commencé à avoir des appréhensions. Je me disais que quelque chose se tramait. Le 30 juillet, à la veille de l’anniversaire de Homéky, nous étions à deux dans son salon quand il m’a parlé pour la première fois de coup d’État. Intérieurement, je me suis dit que voilà ce à quoi je m’attendais. Il m’a dit que le président de la République ne comptait pas partir et qu’il nourrissait les ambitions d’un troisième mandat. Le 2 août 2024, j’ai reçu une image via WhatsApp en vue unique de l’ouverture d’un compte en mon nom de la part de Oswald Homéky. L’image comportait en plus des 5 millions de FCfa d’ouverture de compte, un autre montant de 100 millions de Fcfa, ce qui faisait 105 millions de FCfa au total. »
Liquidation des fonds devant servir au coup d’Etat
Le commandant de la Garde républicaine, principal bras opérationnel du projet de coup d’Etat, dévoile les coulisses de ce complot, les alliances et les moyens financiers mobilisés, ainsi que les manœuvres stratégiques entreprises pour en assurer le succès. Selon lui, tout a commencé après l’arrestation du frère Hounvi, en août 2024. Il relate qu’au cours d’une rencontre avec son ami Homéky, le 27 août 2024, celui-ci lui aurait déclaré que le fait de ne pas l’avoir associé à l’interpellation du nommé frère Hounvi est une preuve patente du manque de confiance du président de la République à son égard. « Depuis que j’ai reçu cette information, je ne suis pas allé en vacances. Ce jour-là, on m’a clairement fait comprendre que le boss ne me faisait plus confiance. », a-t-il relaté. Il poursuit en exposant que les doutes qu’il nourrissait vis-à-vis de son ami se sont accentués lorsque son ami lui a offert ce jour une bouteille de champagne d’une valeur comprise entre 1 300 et 2 000 euros pour célébrer la réussite anticipée du coup d’État.
La date fatidique
Les comploteurs auraient initialement fixé la date du coup d’État au 30 septembre 2024, en tenant compte de l’agenda du chef de l’État, qui devait participer au sommet de la Francophonie en France les 1er et 2 octobre 2024. Cependant, un réaménagement de l’emploi du temps présidentiel a conduit à avancer la tentative au 27 septembre 2024, à un moment où le chef de l’État serait au bureau.
Une somme considérable pour parachever la manœuvre
Pour garantir la réussite de l’opération, un budget colossal de 1,5 milliard de francs Cfa a été prévue. Ce montant visait à « désintéresser » les chefs militaires, à convaincre les principaux acteurs du coup et à assurer la survie de Monsieur Tévoédjrè en cas d’échec. « J’ai précisé à monsieur Homéky que les fonds prévus pour le coup, je les voulais en numéraire », affirme-t-il. Le 22 septembre 2024, une première mobilisation des fonds a été effectuée. Monsieur Homéky lui aurait assuré, à 22 heures 32 minutes le 23 septembre 2024, que l’intégralité du financement était prête. Les fonds devaient être transférés dans un véhicule muni d’une fausse immatriculation, une précaution prise pour éviter toute suspicion. Parmi les mesures préparatoires, Dieudonné Tévoédjrè dit avoir organisé la sortie du territoire du capitaine-major Vigan, un acteur clé de l’opération qui selon Oswald Homéky était prédestiné à le remplacer. En parallèle, des discussions devraient être engagées avec plusieurs chefs militaires pour rallier des soutiens essentiels.
Pris la main dans le sac
Le commandant de la Garde républicaine a indiqué qu’après avoir constaté l’effectivité des sous dans le véhicule, il y était à bord, prêt à démarrer quand les éléments de la Brigade criminelle sont venus les interpeller. Il a déclaré qu’Oswald Homéky a refusé d’ouvrir les sacs sans la présence de son conseil qui était Me Séverin Quenum qu’il avait tenté de joindre en vain. « Il a ensuite appelé son épouse pour l’informer de notre interpellation. Ensuite, nous avons été tous deux auditionnés. Je n’ai pas eu l’occasion de rencontrer Olivier Boko. Oswald Homéky ne m’a jamais donné de l’argent à titre personnel avant cette affaire », a déposé le garant de la sécurité du chef de l’Etat
Ce qu’il adviendra en cas de réussite du coup d’État
À la barre, l’officier supérieur de l’Armée a révélé que, selon ses discussions avec l’ex-ministre Oswald Homéky, un coup d’État similaire à celui de l’ex-président nigérien, Mohamed Bazoum, avait été planifié pour le 27 septembre 2024. En tant que commandant de la Garde républicaine, il devait se rendre avec certains de ses éléments au bureau du chef de l’État pour le contraindre à renoncer officiellement au pouvoir, en misant sur la relation fusionnelle du président avec sa famille et sur l’intimidation. Dieudonné Tévoédjrè a expliqué qu’il n’avait pas refusé ouvertement de participer au complot, car sa position rendait cela risqué pour sa sécurité et celle de sa famille, que ce soit face aux instigateurs du coup ou au chef de l’État lui-même. Cependant, il a choisi de ne pas apporter son concours à cette tentative de déstabilisation, affirmant : « Si la République devait tomber un jour, ce ne serait pas par moi. Je ne suis ni un traître ni un héros. » Enfin, interrogé sur ses intentions en cas de réussite du coup d’État, il a déclaré qu’il n’aurait jamais cédé le pouvoir à l’issue de la période de transition.
Le vendeur du véhicule 4×4 Prado
Thomas Assogba, vendeur de véhicules, a déclaré à la barre qu’il connaît bien Oswald Homéky, qu’il a vu pour la dernière fois le 21 septembre 2024. Ce jour-là, il lui a livré un véhicule de marque Prado immatriculé BR 0635 RB, vendu au prix de 12 millions de FCfa, avec un paiement prévu par chèque le 23 septembre 2024. Cependant, Homéky ne l’a pas encore payé, et Assogba détient toujours la carte grise du véhicule, attendant de finaliser les formalités de mutation après règlement. Il a précisé qu’Oswald Homéky, habitué à acheter des véhicules chez lui, ne lui a jamais évoqué un projet de changement de plaque d’immatriculation.
Des agents de sécurité du domicile de Homéky à la barre
Francis Armand Grimaud, agent de sécurité privée pour la société Interpol, a témoigné qu’il était affecté à la sécurité du domicile de Oswald Homéky. Il a commencé son travail le 22 septembre 2024 et a été informé par son collègue, qui le précédait à ce poste, que des visiteurs étaient attendus ce jour-là et qu’il ne devait pas intervenir. Lorsque les visiteurs sont arrivés, Grimaud s’était éloigné de l’entrée sur instruction de son collègue et n’a donc pas pu identifier ni déterminer le nombre exact de personnes ayant rendu visite à son employeur.
Le deuxième agent de sécurité Romuald Agbohounzo, en poste chez Oswald Homéky, a déclaré avoir été recruté un mois avant les événements. Le 23 septembre 2024, il est arrivé au travail vers 20h, et son employeur l’a informé que des étrangers allaient lui rendre visite, lui demandant de ne pas le déranger. Sur ses instructions, il a demandé à son collègue Francis Grimaud de s’éloigner de la maison. C’était la première fois qu’il recevait une telle consigne. Plus tard, il a vu un véhicule entrer dans la maison, en ressortant quelques minutes après, Oswald Homéky ayant lui-même ouvert le portail. Peu après, un autre véhicule s’est arrêté devant la maison, mais après des échanges avec une résidente, il est reparti. Une patrouille de la Police républicaine en moto est ensuite venue brièvement les saluer. À 00h37, le colonel Dieudonné Tévoédjrè est arrivé à pied, suivi vingt minutes plus tard par un véhicule. Par la suite, Homéky est sorti à bord d’un véhicule, suivi de près par une Range Rover noire immatriculée au Togo, qui était entrée à 22h04 et ressortie à 22h12. Plus tard, des agents de la Brigade criminelle sont venus interpeller le ministre Homéky. Un rapport des faits a été transmis à la hiérarchie, et le registre de présence a été utilisé pour lire les mentions consignées par l’agent ce jour-là.
Le chauffeur de Oswald Homéky à la barre
Ganiou Sanoussi, chauffeur dans la société Amad Sci dirigée par Magali Dossa, dans sa déposition, a déclaré avoir été interpellé le 28 septembre 2024. Il a précisé qu’il n’était pas le chauffeur principal de Oswald Homéky mais qu’il le conduisait occasionnellement lorsque les enfants de ce dernier étaient en vacances. Il a notamment transporté Homéky deux fois chez Olivier Boko. Concernant le véhicule Prado, il a expliqué qu’Oswald Homéky l’avait apporté à son domicile le 21 septembre 2024. Le 23 septembre, alors qu’il se trouvait à la pharmacie, Homéky l’a rappelé pour lui confier les clés de ce véhicule et lui demander de suivre une autre voiture jusqu’à Zongo, où la plaque d’immatriculation du Prado a été retirée. Ganiou Sanoussi affirme qu’il a conduit le véhicule sans plaque jusqu’à la maison, suivant les instructions reçues, sans imaginer que ce véhicule serait lié à un coup d’État deux jours plus tard. Il a également mentionné avoir transporté un colis pour un ami de son employeur le 22 septembre 2024, jusqu’à l’arrestation d’Oswald Homéky. Il n’a observé aucun mouvement inhabituel au domicile de ce dernier avant son interpellation, à l’exception d’un incident impliquant des voleurs quelques jours auparavant. Il a vu le colonel Martial Tévoédjrè une seule fois et a indiqué qu’en dehors de Olivier Boko, un certain Wilfried rendait souvent visite à Homéky. Bien qu’il considère son patron généreux lors des fêtes de fin d’année, il n’a noté aucune preuve d’échanges financiers entre Homéky et Boko. Enfin, il a précisé qu’il n’avait jamais vu d’autocollants de véhicule chez son employeur et qu’il était à la maison le soir du 23 septembre, apprenant l’arrestation de Homéky le lendemain.
Un collaborateur de Rock Niéri évoque la destination des fonds retirés
Corneille Gbaguidi, gérant de la société Groupe Technique Plus, a déclaré être collaborateur de Rock Niéri, qu’il connaît comme le beau-frère de Olivier Boko. Il a précisé qu’il signait des chèques au nom de la société dirigée par Nieri, avec un salaire mensuel de 200 000 FCfa. Entre le 10 et le 23 septembre 2024, il a retiré des fonds de 600 millions, 200 millions et 400 millions de FCfa, qu’il croyait destinés aux travaux de construction routière exécutés par la société à l’intérieur du pays. Ces fonds provenaient, selon lui, des marchés attribués à l’entreprise. Gbaguidi Corneille a affirmé ne pas être partisan du mouvement OB 26 et n’avoir jamais discuté de ce sujet avec son patron. Il a ajouté n’avoir aucune connaissance d’un lien entre les fonds retirés et un éventuel coup d’État, affirmant avoir été surpris d’apprendre que ces fonds se retrouvaient chez Oswald Homéky. Enfin, il a précisé connaître Homéky uniquement en sa qualité de ministre des Sports.
Le comptable de Rock Niéri évoque
Dans le cadre de l’affaire Boko-Homéky, Crépin Adjigbékoun, comptable de la société Ceradis et collaborateur de Rock Niéri, a révélé lors de son audition des détails sur les transactions financières réalisées dans l’entreprise. Il a expliqué que son rôle consistait à gérer des chèques signés à blanc par son patron, permettant des retraits de fonds allant de 50 à 500 millions de FCfa. Entre juin et septembre 2024, il estime avoir remis environ 2,5 milliards de FCfa à Rock Niéri et Ricardo sur instruction de ce dernier, tout en précisant ne pas savoir à quoi étaient destinés ces fonds. Il a également affirmé que les retraits, d’un total de 600 millions de FCfa entre le 10 et le 20 septembre 2024, étaient destinés, selon lui, aux travaux liés aux marchés de la société et au paiement des prestataires et fournisseurs. Adjigbékoun a nié toute implication dans le complot contre l’État, affirmant que les aides financières d’Olivier Boko, oscillant entre 100 et 200 millions de FCfa, servaient uniquement à soutenir l’exécution des marchés de la société. Il a ajouté ne connaître ni Oswald Homéky ni les fonds retrouvés chez ce dernier, et a affirmé avoir vu Homéky pour la première fois le 1er octobre 2024, lors de leur présentation à la Criet. Interpellé au poste de péage de Grand-Popo alors qu’il tentait de fuir pour s’établir à Lomé, il a expliqué que cette tentative était motivée par la peur après avoir reçu des alertes. Adjigbékoun a conclu en déclarant que cette affaire lui causait un stress constant, tout en insistant sur le fait qu’il n’était pas impliqué dans le complot contre l’autorité de l’État.
Boko et Homéky refusent de déposer
« Si c’est mon destin, je suis prêt à l’assumer». C’est en ces mots que l’ex-ministre des Sports, Oswald Homéky, a conclu son intervention dès qu’il a été invité à la barre. Avant d’en arriver là, l’homme soupçonné d’être l’un des principaux instigateurs de la tentative de coup d’État, a fait une poignante déclaration à la barre. «Je voudrais qu’avant tout, nous nous souvenions qu’il y a un Dieu. Je suis venu à ce procès avec mes avocats pour me défendre mais un certain nombre d’irrégularités les ont amenés à se déconstituer. Vous avez entendu parler d’un jeune homme qui a comploté un coup d’État depuis sa maison. Vous avez entendu les déclarations de Monsieur Dieudonné Tévoédjrè qui a dit que ceux qui l’ont entrepris étaient naïfs et qu’il n’allait jamais leur remettre le pouvoir si le coup d’État avait réussi. Olivier Boko est le mieux préparé de nous tous. S’il décide de se porter candidat, toutes les autres ambitions devront s’éteindre. Voilà les propos que j’ai tenus le 30 août 2023 et qui m’ont valu d’être proprement réprimandé en Conseil des ministres le 5 octobre 2023 et qui ont abouti à ma démission du gouvernement le 6 octobre 2023.
J’ai l’impression qu’effectivement, selon ce qui se dit, la messe est dite à la Criet avant le procès. En venant à ce procès, je me croyais être démenti. Si le verdict est déjà dit, je ne vous en voudrais pas. Cependant, Madame la présidente, j’ai le droit à un procès dans les normes et à une défense régulière. Mon souhait serait de répondre point par point à toutes les fausses accusations fermentées contre ma personne. Si la cour décide autrement, j’assume. Mon choix est de ne pas déposer devant une juridiction qui ne respecte pas mon droit.», a laissé entendre l’ex-patron des Sports béninois.
Olivier Boko : « J’ai droit à un procès équitable»
A la suite de l’ancien ministre Oswald Homéky, l’homme d’affaires Olivier Boko a été appelé à la barre. L’ancien ami intime de Patrice Talon s’est inscrit dans la même logique que son prédécesseur. «Je chérisssais le rêve d’avoir droit à un procès équitable. Si tel n’est pas le cas, je préfère garder le silence.», a-t-il déclaré. Les procès reprennent ce matin à la Criet.
Gabin Goubiyi