Le procès relatif à la tentative de coup d’État se poursuit à la Criet. A la suite du chef antenne Sud de la Brigade criminelle, le commissaire de Police, Coffi Victorin Nounagnon, le Commandant de la Garde républicaine Martial Djimon Tévoédjrè a été appelé à la barre. Lire sa déposition.
«Je suis à ce poste depuis juillet 2016. Monsieur Oswald Homéky et moi sommes des amis. On s’est connu depuis qu’il est au gouvernement. Lui particulièrement, il était très proche. C’est à ce titre qu’il m’a fait rejoindre au Lions club dont il est le fondateur.
Tout a commencé le 30 mai 2024 lorsqu’il a demandé que je vienne le voir à la maison. Nous habitons le même quartier. Sa maison était à deux minutes de chez moi.
Ce jour, toute la conversation était autour de la personne du chef de l’Etat. Il avait particulièrement critiqué la gouvernance du chef de l’Etat et sa personne.
Il trouvait dérisoire ma rémunération personnelle et me confiait qu’il allait travailler à améliorer ma situation.
Le 30 juin 2024, il m’a encore fait appel et il a continué toujours à critiquer le chef de l’Etat. Ce jour, il m’a fait un cadeau de 5 millions de FCfa
Le 8 juillet 2024, on s’est à nouveau retrouvé chez lui. Ce jour, il m’a parlé d’une opportunité d’ouverture de compte à Nsia Banque Côte d’Ivoire. Il entendait m’aider à améliorer mes conditions de travail. Il a promis de me déposer une forte somme et il m’a dit que le grand frère s’en chargera.
Le lendemain, il m’a envoyé une fiche à remplir pour l’ouverture du compte.
Depuis ce temps, j’ai commencé à avoir des appréhensions. Je me disais que quelque chose se traimait.
Le 30 juillet à la veille de l’anniversaire de Homéky, nous étions à deux dans son salon quand il m’a parlé pour la première fois de coup d’État. Intérieurement, je me suis dit que voilà ce à quoi je m’attendais. Il m’a dit que le président de la République ne comptait pas partir et qu’il nourrissait les ambitions d’un troisième mandat.
Habituellement depuis huit ans que je suis à la tête de la Garde républicaine, je prends mes congés au même moment que les membres du gouvernement.
Depuis que j’ai reçu cette information, je ne suis pas allé en vacances.
Le 2 août 2024, j’ai reçu une image via WhatsApp en vue unique de l’ouverture d’un compte en mon nom de la part de Homéky. L’image comportait en plus des 5 millions de FCfa d’ouverture de compte, un autre montant de 100 millions de FCfa, ce qui faisait 105 millions de FCfa au total.
J’ai sollicité un de mes soldats pour prendre son portable pour sauvegarder les images sur mon portable.
Le 27 août 2024, on a échangé au sujet du frère Hounvi qui venait d’être arrêté, me faisant savoir que le boss ne me faisait plus confiance puisque qu’il ne m’a pas associé à l’interpellation du frère Hounvi. Ce jour, il m’a offert une bouteille de champagne pour célébrer la réussite du coup d’Etat. Le coup variait entre 1300 et 2000 euros.
Nous avons choisi comme date du coup d’Etat le 30 septembre 2024. Il savait que le chef de l’Etat devrait participer au sommet de la Francophonie en France les 1er et 2 octobre 2024. Il fallait donc que le coup soit fait avant, pendant qu’il serait au bureau. Entre temps, suite à un réaménagement du calendrier du chef de l’Etat, la date du coup d’Etat a été ramenée au 27 septembre 2024. En fonction des besoins, nous avons convenu d’un (1) milliard 500 millions de FCfa pour désintéresser ceux qui seraient dans le coup et ceux qu’on devrait convaincre (les chefs de corps de l’Armée de terre ndlr) avec le coup et la troisième partie m’était destinée pour assurer ma survie en cas de l’échec du coup d’Etat.
Entre-temps, j’ai fait sortir le capitaine major Vigan du territoire.
J’ai précisé à monsieur Homéky que les fonds prévus pour le coup d’Etat, je les veux en numéraire. Nous avons prévu la date du 22 septembre 2024 pour que je récupère les sous.
Le 22 septembre au soir, il m’a fait appel pour me dire que la mobilisation des sous était à 95%.
Le lundi 23 septembre à 22 heures 32 minutes, il m’a dit que c’était bon. Je lui avais dit que j’allais passer chez lui à 1 heure du matin à pied et que les fonds seraient entreposés dans un véhicule qui allait m’amener au retour.
Il avait indiqué que le véhicule portait une fausse immatriculation qu’il a placée lui même.
Après avoir constaté l’effectivité des sous dans le véhicule, j’y étais à bord prêt à démarrer quand les éléments de la Brigade criminelle sont venus nous interpeller.
Il a refusé d’ouvrir les sacs sans la présence de son conseil qui était Me Séverin Quenum qu’il a tenté de joindre en vain. Il a ensuite appelé son épouse pour l’informer de notre interpellation. Ensuite, nous avons été tous deux auditionnés. Je n’ai pas eu l’occasion de rencontrer Olivier Boko. Oswald Homéky ne m’a jamais donné de l’argent à titre personnel avant cette affaire.»
Ce qu’il adviendra de en cas de réussite du coup d’État
«Relativement à la suite en cas de réussite de coup d’État, je devrais conduire la transition en tant que chef de l’Etat jusqu’en 2026. Oswald Homéky devrait être mon conseiller spécial et Séverin Quenum devrait occuper le poste de président de la Cour constitutionnelle. Olivier Boko devrait rester en retrait jusqu’aux élections de 2026.»