(Deux de ses supérieurs hiérarchiques noyés)
Le procès concernant un détournement présumé de 4 milliards de FCfa à la Direction générale des impôts s’est poursuivi hier, mardi 21 janvier 2025. Les déclarations de Carlos Adouhouannon (photo), principal mis en cause dans ce dossier, ont mis en lumière des dysfonctionnements institutionnels et des décisions controversées, jetant le doute sur la gestion des fonds publics au sein de cette administration.
Il convient de rappeler que huit prévenus, dont Carlos Adohouannon, ancien régisseur central des impôts, sont poursuivis pour des charges graves telles que l’association de malfaiteurs, le détournement de deniers publics, le blanchiment de capitaux et la complicité dans ces crimes. Tous ont plaidé non coupable. Dans ses dépositions, Carlos Adohouannon a indiqué avoir été nommé régisseur en janvier 2017 avec un salaire mensuel de 110 000 FCfa. Il a affirmé que le caveau contenant les fonds était sécurisé par un système de clés et de codes, dont il était l’unique détenteur. Cependant, il a expliqué que les fonds n’avaient pas « disparu » mais étaient affectés par une « situation ». Selon lui, la problématique a débuté en 2018 lorsqu’une modification de la loi de finances a rendu illégaux certains prélèvements. Refusant d’enregistrer ces entrées, il en a informé le Directeur général des impôts (Dgi), qui l’a sommé de continuer. Il a toutefois cessé de reverser systématiquement les montants au Fonds spécial d’équipements (Fse) pour éviter toute découverte de pratiques non conformes.
Rôle des supérieurs hiérarchiques
Carlos Adohouannon a incriminé deux de ses supérieurs dans cette affaire: le Directeur général des impôts (Dgi) et le Directeur général des ressources (Dgr). Il a déclaré que ces derniers l’avaient forcé à rapatrier des fonds, initialement évalués à 4 milliards de FCfa. Après discussions, il a été décidé de rapatrier 3 milliards de FCfa, laissant 200 millions de FCfa dans le caveau. Carlos Adohouannon a raconté avoir remis une copie de la clé du caveau au Dgr tout en retirant 200 millions de FCfa pour assurer la continuité du service. Cependant, à son retour, il a constaté que le caveau était vide. Interrogé, le Dgr lui aurait assuré que le rapatriement des fonds durerait six mois. Selon Carlos Adohouannon, 3,8 milliards de FCfa auraient été rapatriés sous les ordres de ses supérieurs. Il affirme qu’après sa fuite, son bureau a été violé et divers objets importants ont disparu, notamment des enregistrements vidéo, des chèques, un parapheur contenant un arrêté de transfert de fonds et une fiche relative à un milliard de FCfa versé au compte Fse. Il accuse le Directeur de la gestion des ressources (Dgr) d’être responsable de ces disparitions. Lors de sa comparution, Carlos Adohouannon a contredit les déclarations du Dgr concernant des chèques qu’il aurait reçus. Alors que le Dgr affirmait que ces chèques étaient liés à des démarches personnelles pour un contrôle sanitaire à l’étranger, Carlos Adohouannon a précisé qu’il s’agissait de prêts sollicités par le Dgr pour des besoins financiers, notamment pour financer un projet de ferme. Le Dgr aurait promis de rembourser ces prêts dans le cadre d’une tontine. Interrogé par le ministère public sur la véracité de ses déclarations, Carlos Adohouannon a assuré que tout ce qu’il rapporte peut être confirmé par les procès-verbaux de ses auditions, depuis son arrestation à Dakar jusqu’à Cotonou. Suspendu peu avant 18 heures, le procès sera rouvert ce jour.
G.G.