Le chef de l’Etat, Patrice Talon, a évoqué dans son dernier message sur l’état de la nation devant la représentation nationale, les progrès enregistrés au niveau du secteur agricole de même que les quelques points d’insatisfaction notés. Son engagement est de rester fidèle à l’objectif du Pag pour le secteur : augmenter le revenu et le pouvoir d’achat de la population, et assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle, tout en renforçant le flux des productions d’exportation.
La reconstruction de la grande majorité des pistes rurales afin d’optimiser leur praticabilité et favoriser l’évacuation plus aisée des productions vers les lieux de commercialisation, la production massive du manioc pour fournir l’industrie nationale en pleine émergence, la production de l’arachide en vue de sa transformation sur place au Bénin et la poursuite de la dynamique de la mécanisation du secteur agricole sont, entre autres, les annonces faites par le chef de l’Etat au niveau du secteur devant la représentation nationale. « Un secteur qui paie un lourd tribut aux crises qui agitent le monde, c’est bien le secteur agricole. Les conflits et les guerres qui s’observent ici et là, induisent la rareté des intrants et, par conséquent, leur cherté. Dans ces conditions, même si nous avons engagé de réels efforts pour mettre les intrants à la disposition de nos producteurs à prix subventionnés, un ralentissement du boom de la production s’est observé ». C’est par ces mots que le président Patrice Talon a mentionné les différents maux qui ont miné le secteur agricole au cours de l’année 2023. Plus loin dans son discours, il a ajouté : « … malgré notre vaste programme de traitement annuel systématique des pistes rurales et routes en terre, qui impacte littéralement plus de 15.000 km de linéaire, la situation globale n’est pas encore satisfaisante… il y a lieu de relever que dans ce secteur aussi, nous subissons les contrecoups des secousses qui frappent le monde. En effet, l’inflation qu’elles induisent fait que nos prévisions budgétaires sont parfois dépassées parce que les coûts d’objectif changent très vite et nous sommes parfois amenés à rechercher des ressources complémentaires pour tenir nos prévisions, ce qui peut prendre un certain temps et, par suite, faire différer les échéances de réalisation. »
Secteur agricole, moteur de développement socio-économique
Malgré que le secteur agricole ait connu des situations désagréables l’année écoulée, des avancées ont été notées et des mesures prometteuses sont prises pour redorer le blason de l’agriculture béninoise. C’est fort de cela que dans son message à la nation, le chef de l’Etat a fait le rappel de quelques-unes de ces mesures. « Conscients que ce secteur est le moteur de notre développement socio-économique, nous lui avons maintenu et amplifié notre soutien. Cela se traduit notamment par la mise à disposition de machines et équipements agricoles à des prix subventionnés à hauteur de 50 %, ce qui fait qu’un engin de valeur 1.000.000 FCfa est vendu aux producteurs à moins de 500.000 FCfa, un autre de 15.000.000 FCfa est cédé à moins de 8.000.000 FCfa. Grâce à cette politique, il s’observe déjà un taux de pénétration des machines agricoles qui s’accroît de façon significative et facilite de plus en plus la production agricole. À terme, notre objectif est que d’ici la prochaine décennie, l’agriculture béninoise soit entièrement mécanisée et, surtout, que la productivité s’améliore continuellement pour garantir la sécurité alimentaire, mais aussi enrichir de plus en plus nos producteurs et réduire la pénibilité du travail agricole. »
Production massive du manioc et de l’arachide
A en croire les propos du président Patrice Talon, la Société nationale de mécanisation agricole et le Fonds national de développement agricole seront, à l’avenir, encore plus présents aux côtés de nos producteurs. « Cette agriculture, nous la voulons encore plus diversifiée, avec l’émergence de nouvelles filières. », a fait savoir ce dernier avant d’annoncer que « le cap sera ainsi mis sur une production massive de manioc pour fournir l’industrie nationale en pleine émergence. Ce ne sera pas comme ce qui a été vu jadis au Bénin. Ce sera aussi le cas pour l’arachide en vue de sa transformation sur place au Bénin en huile alimentaire pour compléter l’offre nationale d’huile de qualité, afin de remplacer les importations dont la qualité n’est pas souvent à la hauteur des normes et standards requis pour la santé de nos populations. Pour conforter cette dynamique, nous avons besoin de pistes rurales en bon état. Malgré notre vaste programme de traitement annuel systématique des pistes rurales et routes en terre, qui impacte littéralement plus de 15.000 km de linéaire, la situation globale n’est pas encore satisfaisante. C’est pourquoi, pour les années à venir, nous programmons de reconstruire la grande majorité de nos pistes rurales afin d’optimiser leur praticabilité et, ainsi, favoriser l’évacuation plus aisée des productions vers les lieux de commercialisation. ». Toutes ces mesures vont permettre à terme de valoriser la production locale, d’assurer la sécurité alimentaire et d’amoindrir un tant soit peu la cherté de la vie qui mine actuellement le quotidien de la population béninoise.
Performances de l’économie et du secteur agricole
Selon les données du recensement national de l’agriculture de la direction de la statistique agricole d’octobre 2021, le PIB à prix courant est estimé à 8 705,9 milliards de dollars en 2020. Le taux de croissance économique en 2020 est établi à 3,8%. Elle est tirée par les branches «Administration publique et sécurité sociale » (+0,9 point), « Education » (+0,6 point), «Agriculture » (+0,4 point), « Bâtiments et Travaux Publics (+0,3 point) et les « Autres services » (+ 0,3) qui sont les grands contributeurs à la croissance de 2020. Le Pib Agricole (Piba) a connu une croissance de 1,8% en 2020 ; s’établissant à 2391,9 milliards de FCfa contre 2350,7 milliards de FCfa en 2019 (prix constants). Ce niveau de croissance inférieur à celui de l’ensemble de l’économie (soit 3,85%), explique le léger repli noté dans la contribution du Piba au Pib entre 2019 (28,04%) et 2020 (27,47%). La branche agriculture (production végétale) a contribué à 79,1% au Piba en 2020 tandis que les contributions de la branche « élevage et chasse » et de la branche « pêche, sylviculture, et exploitation forestière » sont respectivement de 12,8% et 8,1%. La valeur totale des exportations des produits agricoles (tous produits agricoles confondus) représente 71,4% de la valeur totale des exportations du pays. En 2019, le pourcentage était de 77,0%. La valeur des exportations des produits d’origine végétale représente presque la quasi-totalité de la valeur des exportations des produits agricoles (99,9%). La valeur des exportations des produits d’origine halieutique et ceux d’origine animale représente respectivement 0,02% et 0,08%. En valeur, le coton représente 76,7% (69,7% en 2019) de la valeur totale des exportations des produits agricoles et 54,7% de la valeur des exportations (tous produits confondus) en 2020. Il convient de noter que les exportations (en valeur) du soja connaissent une hausse importante : elles ont par exemple quintuplé entre 2019 et 2020. En 2020, les valeurs des exportations de l’anacarde, du karité, et de l’ananas représentent respectivement 9,5%, 5,4% et 0,1% de la valeur totale des exportations des produits agricoles. Bien que déficitaire, la balance commerciale agricole est passée de 195,5 milliards de FCFA en 2019 à 85,6 milliards de FCfa en 2020 montrant une substantielle amélioration. Sa valeur en 2018 était de 388,1 milliards de FCfa. La production hors coton a été également dynamique, en raison notamment de la mise en œuvre du Programme d’actions du gouvernement (volet agriculture) dont l’objectif est de « faire du secteur agricole le principal levier de développement économique, de création de richesses et d’emplois au Bénin ». Ce programme a opté pour une territorialisation de la gouvernance du secteur agricole, en fonction des avantages comparatifs des différentes régions, par la création et l’opérationnalisation des Agences territoriales de développement agricole (Atda) et la promotion de nouvelles filières agricoles.
Sergino Lokossou (Coll)