Depuis quelques années, le gouvernement a fait du secteur agricole, un secteur clé pour booster son développement. Cette ambition est soutenue par des orientations stratégiques avec à la clé, une attention notable en faveur de certaines filières dont l’anacarde et le soja qui ont connu la mise en place de leurs organes de gestion en 2024.
La Chambre nationale d’agriculture (Cna) s’est vue confier par le Chef de l’État la mission de restructurer les filières anacarde et soja pour les aligner sur la politique d’industrialisation en cours au Bénin. À cet effet, la Cna a mené plusieurs actions significatives, dont elle a présenté le bilan lors d’une conférence de presse tenue le vendredi 6 septembre 2024 à son siège de Cotonou. Dans son exposé, Hermann Imali Djetta, président de la Cna, a détaillé les actions entreprises pour concrétiser la feuille de route de réorganisation. Parmi celles-ci figurent : la tenue d’un dialogue de cadrage, accompagné de la proposition d’un projet de décision visant la création d’un comité national d’orientation et d’un comité technique dédiés à ces filières ; des séances d’information et de pré-sensibilisation, organisées pour les leaders agricoles des organisations telles que la Fenapb, l’Unapab, et l’Uncps, sur les décisions prises en faveur des filières concernées ; la prise d’une note de service, officialisant la création des comités nationaux d’orientation et des comités techniques pour les filières soja et anacarde ; une retraite dédiée à la relecture et à l’élaboration de documents fondamentaux, incluant les statuts des coopératives communales et faîtières nationales des producteurs de soja et d’anacarde, ainsi qu’un guide de sensibilisation.
Assemblée générale constitutive de l’Interprofession de la filière anacarde
Le jeudi 10 octobre 2024, à Cotonou, les acteurs de l’Interprofession de la filière anacarde (Ifa) se sont réunis en Assemblée générale constitutive pour établir les structures dirigeantes de leur organisation. La cérémonie d’ouverture a été présidée par Gaston Dossouhoui, ministre de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche, accompagné de Shadiya Assouman, ministre de l’Industrie et du commerce. Cette Assemblée générale a marqué une étape clé dans la réorganisation de la filière anacarde au Bénin. Elle a rassemblé les membres de l’Ifa-Bénin, notamment la Fédération nationale des producteurs d’anacarde du Bénin (Fenapab) et le Conseil national des transformateurs de cajou (Cntc). Cet événement conclut le processus de restructuration d’une filière stratégique désormais orientée vers de nouveaux défis. « Pour tous les acteurs de la filière anacarde, ce fut un succès et une victoire. Je tiens à vous saluer chaleureusement pour votre rôle déterminant dans l’atteinte des objectifs à chaque étape de ce processus, qui nous conduit à cet événement d’importance », a déclaré Hermann Imali Djetta, président de la Chambre nationale d’Agriculture (Cna). Dans son intervention, le ministre de l’Agriculture a souligné l’importance d’adopter de bonnes pratiques pour l’entretien des exploitations, dans le but d’augmenter les rendements à l’hectare. Il a également rappelé l’obligation de respecter les normes et d’assurer la qualité des produits commercialisés. Gaston Dossouhoui a insisté sur la nécessité de redynamiser les organisations paysannes et de développer les coopératives, tout en travaillant à l’établissement d’un accord-cadre pour consolider des partenariats solides avec le gouvernement. La ministre de l’Industrie et du commerce, Shadiya Assouman, a pour sa part félicité les acteurs de la filière pour leur engagement et leur résilience face aux réformes mises en œuvre par le gouvernement. Les travaux ont ensuite abouti à la dissolution du Conseil d’administration sortant, ouvrant la voie à l’élection d’une nouvelle équipe dirigeante. Léopold Lokossou a été unanimement désigné président du Conseil d’administration de l’Ifa-Bénin. À la tête d’un bureau de 15 membres, il aura pour mission de conduire la rénovation et la relance de la filière anacarde tout en défendant les intérêts des acteurs. Les délégués ont également procédé à l’élection des membres du Conseil de surveillance de l’Ifa-Bénin, présidé désormais par Ganiou Issiakou. A titre de perspective et à moyen terme, il est prévu la transformation à 100% sur place au Bénin de 300.000 tonnes de cajou, la réhabilitation de 70.000 ha d’anciennes plantations résiduelles et l’accroissement du rendement à 700 kg/ha. De même, l’Etat envisage de promouvoir une meilleure gouvernance de la filière et de rendre disponible 6.000.000 de plants d’anacarde.
Mise en place des organes de gestion de l’interprofession soja
Après la filière anacarde, c’est au tour des acteurs du soja de s’organiser en dotant leur interprofession de structures de gouvernance. Cet accomplissement acté le 11 octobre 2024, marque la phase finale d’un processus de réorganisation de la filière, classée parmi les secteurs prioritaires par le gouvernement pour le développement agricole national, aux côtés du coton et du cajou. Hermann Imali Djetta, président de la Chambre nationale d’agriculture du Bénin, a félicité à l’occasion, les efforts soutenus des membres de l’interprofession tout au long de ce processus, mené conformément aux orientations du chef de l’État. Selon lui, ce nouveau départ pour la filière soja exige davantage d’engagement et de résilience de la part des acteurs. « Votre mérite résidera dans votre capacité à consentir des sacrifices et à développer une grande résilience pour promouvoir et sauvegarder les intérêts de cette filière. Des défis seront à relever, mais j’ai foi en votre combativité et votre détermination pour faire émerger et consolider l’interprofession de la filière soja au Bénin », a-t-il affirmé. De son côté, Bernardin Gléhouénou, conseiller technique du ministre de l’Agriculture, de l’élevage et de la Pêche, a salué l’implication des sojaculteurs qui, selon lui, ont su embrasser la dynamique gouvernementale visant à donner un nouvel élan à cette filière clé. Lors de l’Assemblée générale, les délégués représentant les douze départements du Bénin ont adopté les statuts et le règlement intérieur de l’interprofession. À la suite de cet exercice, les deux organes de gestion de la filière ont été officiellement constitués : le Conseil d’administration et le Conseil de surveillance. Djibrila Afatiti a été élu président du Conseil d’administration, tandis que Frédéric Keke a été désigné président du Conseil de surveillance. Ces deux personnalités auront la responsabilité de guider l’interprofession vers l’atteinte de ses objectifs et de garantir la promotion et la pérennité de la filière soja au Bénin. Pour rappel, en 2016, la production de soja était de 140.000 tonnes. Cette production a atteint à près de 422.000 tonnes en 2022, soit 3 fois déjà le niveau de production d’avant 2016. Cette performance de 202% a été rendue possible entre autres par la facilitation de l’accès aux intrants de production et l’accroissement de la demande. Comme perspective, il est envisagé de produire et transformer localement 1.000.000 de tonnes de soja. L’Etat entend par ailleurs appuyer les acteurs de la filière à la création de l’interprofession soja pour une meilleure gouvernance de la filière.
Extension du statut du Fnda
Le gouvernement béninois, soucieux d’améliorer les performances du Fonds national de développement agricole (Fnda), a décidé de franchir une nouvelle étape décisive. Lors du Conseil des ministres tenu le mercredi 24 janvier 2024, l’exécutif a approuvé le recrutement d’une expertise internationale pour accompagner le Fnda dans le processus d’obtention d’un agrément en tant qu’établissement financier de cautionnement auprès de l’Union Monétaire Ouest-Africaine (Umoa). Cette démarche ouvre des perspectives prometteuses pour les entrepreneurs agricoles. L’obtention de cet agrément représente une avancée majeure dans la consolidation de la crédibilité du Fnda et l’extension de ses compétences. Ce statut permettra au Fnda d’évoluer au rang d’établissement financier de cautionnement, renforçant ainsi la qualité des garanties qu’il offre et élargissant les options de financement agricole. En dépit de l’impact positif déjà observé dans le secteur agricole grâce au Fnda, l’extension de son statut devrait permettre une amélioration substantielle de ses performances. Avec l’agrément de l’Umoa, les garanties offertes par le Fnda deviendront conformes aux exigences prudentielles en vigueur, augmentant ainsi leur acceptation par les institutions financières partenaires. Cette initiative s’inscrit dans la continuité des efforts du gouvernement pour promouvoir le secteur agricole et faciliter l’accès au financement des acteurs. Lors de sa séance du 6 décembre 2023, des mesures incitatives avaient déjà été adoptées pour améliorer les conditions et modalités d’accès au financement du Fnda, en faveur des exploitants agricoles et des petites et moyennes entreprises du secteur. Avec l’amélioration continue de sa gouvernance et les réformes structurelles en cours, le Fnda est en passe de devenir encore plus performant dans les années à venir. En se positionnant comme un établissement financier de cautionnement, il pourra renforcer son impact, notamment auprès des petits producteurs, en facilitant leur accès aux financements nécessaires pour développer leurs activités. Ces évolutions témoignent d’un engagement accru des autorités publiques en faveur d’un secteur agricole plus inclusif et performant, à même de soutenir durablement l’économie nationale. Dans les années à venir, la mécanisation agricole sera encore davantage renforcée pour alléger le travail des agriculteurs et réduire la pénibilité de leurs tâches. Cette évolution vise également à attirer de nouveaux acteurs vers le secteur agricole, contribuant ainsi à une transformation structurelle durable. L’objectif final est de porter le taux de mécanisation à 30 %, marquant une avancée significative pour le développement agricole national. Cette révolution dans la mécanisation traduit une volonté affirmée d’accompagner les agriculteurs, de moderniser le secteur agricole et d’en faire un véritable levier de croissance économique et de sécurité alimentaire.
Gabin Goubiyi