(Zoom sur les grandes actions depuis 2016)
Interdite le 27 avril 2024, les travailleurs ont finalement obtenu une autorisation pour leur marche contre la vie chère samedi 11 mai 2024. Les raisons officielles qui sous-tendent cette manifestation sont relatives à la cherté de la vie et à la situation des travailleurs. Et pourtant, le gouvernement a entrepris une panoplie d’actions pour impacter positivement les conditions de travail des agents de l’Etat au Bénin même s’il est évident que des efforts restent à faire.
Depuis quelques semaines, le débat sur la cherté de la vie polarise les attentions. Ça grogne au sein des populations. Les syndicats de travailleurs sont rentrés dans la danse, pointant du doigt le gouvernement et le taxant d’inaction dans cette crise. Aussi, reprochent-ils à l’exécutif d’avoir amenuisé les conditions de travail au Bénin. Leur discours incisif laisse croire que le gouvernement n’a rien fait ou ne fait rien pour améliorer les conditions des travailleurs. Et pourtant, un brin de lucidité et d’objectivité devrait amener ces partenaires sociaux à reconnaitre que des efforts colossaux sont consentis depuis 2016 et même depuis l’avènement des crises qui secouent le monde pour non seulement soutenir le pouvoir d’achat des populations et satisfaire les revendications des travailleurs. Au chapitre de l’amélioration des conditions de vie des travailleurs, on peut retenir qu’avant 2016, plusieurs décrets et arrêtés (prime de motivation pour les agents de la santé, décrets portant statuts particuliers des enseignants du primaire et du secondaire, décret n° 2011-505 du 05 août 2011 portant institution d’un coefficient de revalorisation des indices de traitement des agents de l’Etat de 1,25) ont été pris pour octroyer des avantages aux travailleurs. Ces décrets, pour la plupart, n’ont été que partiellement mis en œuvre. Les avancements et divers droits étaient payés avec beaucoup de retard, entrainant un stock de dettes s’élevant à plus de 180 milliards Fcfa à fin 2015.
Des actions fortes au profit des travailleurs
Depuis son avènement, le gouvernement s’emploie à mettre en application tous les engagements pris par l’Etat au profit des travailleurs, y compris ceux d’avant 2016. Une politique d’apurement progressif des arriérés de salaires et d’avancement automatique des travailleurs suivi du changement immédiat de salaire, a été mise en œuvre. Ce qui a sensiblement et positivement impacté le revenu des agents de l’Etat. La cerise sur le gâteau des mesures fortes au profit des travailleurs de l’administration publique et même du privé est le relèvement du Salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) lequel est passé à 52 000 Fcfa, soit une hausse de 30% pour compter du 1er janvier 2023. Les actes réglementaires actant cette avancée ont été pris en décembre 2022. Dans le même mois, les salaires ont été revalorisés dans des proportions remarquables et historiques saluées par les travailleurs eux-mêmes car jamais avant, un tel niveau d’augmentation n’avait eu lieu. A titre illustratif, un instituteur adjoint qui était payé à 87. 114 Fcfa passe à 129.485 Fcfa, soit une augmentation de 49% ;un agent communautaire du cours primaire qui était payé à moins de 60.000 Fcfa 8 ou 9 mois dans l’année, bénéficie aujourd’hui, grâce au dispositif des Aspirants au métier d’enseignant (Ame), d’un salaire de plus de 100.000 Fcfa 12 mois sur 12. Il bénéficie par ailleurs de la gratuité des frais de scolarité de ses enfants, l’assurance-maladie pour lui et sa famille au même titre que les agents de l’Etat. Tout cela, en attendant son reversement en agent contractuel d’Etat. Un infirmier qui était payé à 111.733 Fcfa est aujourd’hui payé à 148 475 Fcfa, soit une augmentation de 33% ; un aide-soignant a connu une augmentation de 50% sur son salaire, passant de 82.344 Fcfa en 2016 à 123.505 Fcfa en 2023 ;un agent fonctionnaire de catégorie A1 passe de 168.197 Fcfa en 2016 à 207.743 Fcfa à 2023, soit une augmentation de 24%. Il convient de retenir que les salaires les plus bas comme ceux des conducteurs de véhicules administratifs ont même été augmentés de plus de 60%. Ces mesures qui sont irréversibles, sont évaluées à plus de 60 milliards de Fcfa par an.
Quid des retraités ?
Avant 2016, les retraités subissaient des tracasseries et difficultés administratives de divers ordres pour pouvoir jouir à temps de leur pension de retraite. Parexemple, un instituteur à la retraite habitant à Karimama devait se déplacer à Cotonou chaque mois pour percevoir sa pension de 155.048 Fcfa. Il dépensait ainsi environ 25.000 Fcfa au titre des frais de transport et d’assistance. Sa pension nette lui revenait ainsi en fin de compte à environ 130.048 Fcfa. A partir du 1er janvier 2017, les retraités ont connu une augmentation de 25% de leur pension de retraite et une nouvelle augmentation au titre de la revalorisation générale effectuée en décembre 2022. En outre, ils ont bénéficié d’un allégement des formalités de mise à la retraite et de jouissance des pensions (paiement automatique de la pension à partir du 02 novembre 2020 sans production de pièces par les futurs retraités, sans rupture de revenus entre le dernier salaire et la première pension, et la digitalisation du Bulletin de visite médical qui peut s’obtenir en ligne même à partir de leur téléphone, bancarisation et paiement électronique des pensions). Aujourd’hui, un instituteur à la retraite habitant Karimama qui avait en janvier 2016, une pension de 155.048 Fcfa, non seulement a vu sa pension augmenter de 35.465 Fcfaen sus mais également n’a plus besoin de venir à Cotonou pour percevoir sa première pension qui est payée parmobile money ou par virement bancaire, lui faisant économiser au moins 25.000 Fcfa.
Des exonérations et avancements
A tout ce qui précède, s’ajoute ce qui a été supprimé ou réduit selon les cas notamment les impôts sur les bas salaires. Alors que seuls les salaires inférieurs à 50.000 Fcfa étaient exonérés, désormais, c’est les salaires inférieurs à 60.000 Fcfa. Mieux, il a été institué un taux de 10% aux salaires jusqu’à 150.000 Fcfa, ce qui fait que les travailleurs concernés paient moins. En outre, il a été effectivement mis en œuvre les avancements automatiques des agents de l’Etat. Le point de 2018 au 31 mars 2024 montre que 75.306/100.000 agents de l’Etat ont été déjà impactés dont 31.373 au ministère des Enseignements maternels et primaires, soit près de 42% du total des agents impactés ; 15.759 au ministère des Enseignements secondaires, techniques et formation professionnelle soit 21% du total des agents impactés ; 13.069 au ministère de la Santé, soit 17,3% du total des agents impactés ; 2.676 au ministère de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche, soit 3,6 % du total des agents impactés ;1.779 au ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique soit 2,4% du total des agents impactés. Il est à préciser que l’ensemble de ces 5 ministères concentrent à eux seuls plus de 86% des avancements automatiques réalisés depuis près de 6 ans.
Abdourhamane Touré