Malgré les efforts du gouvernement du Bénin, le système de santé au Bénin fait face à de nombreux défis. Des défis qui vont de l’insuffisance des infrastructures médicales à la pénurie de personnel qualifié. Dans ce contexte, le rôle des experts en santé publique et des gynécologues s’avère crucial pour orienter les réformes et les stratégies visant à améliorer la qualité et l’accessibilité des soins de santé.
Une nation ne peut mener à bien la marche de sa construction que si ses filles et fils bénéficient des soins de santé de qualité. Conscient du fait et voulant rester fidèle à son programme d’actions, le gouvernement du Bénin a engagé une transformation structurelle du secteur de la santé au Bénin. Malgré cette batterie de mesures, on note toujours des dysfonctionnements. Ces dysfonctionnements ne peuvent être examinés que par des spécialistes. D’où la reconnaissance du rôle des experts en santé publique et les spécialistes médicaux. Ils peuvent orienter les réformes et les stratégies visant à améliorer la qualité et l’accessibilité des soins de santé. Tychique Nougbodé, un expert renommé en santé publique, souligne l’importance d’une approche globale pour répondre aux besoins en santé de la population. Selon lui, l’évaluation des besoins en santé est primordiale. « Il est essentiel de mener des études épidémiologiques pour identifier les principaux problèmes de santé qui affectent notre population. Ces études nous montrent souvent des taux élevés de maladies transmissibles comme le paludisme, ainsi que l’augmentation des maladies non transmissibles telles que le diabète et l’hypertension », explique l’expert Nougbodé. Il ajoute aussi que faire des enquêtes épidémiologiques et faire des évaluations du système de santé du Bénin seraient beaucoup plus avantageux pour le secteur de la santé.En matière de planification et de mise en œuvre des programmes de santé, Tychique Nougbodé a salué les efforts du gouvernement dans ce sens. Il a insisté sur la nécessité de concevoir et de superviser des programmes efficaces. « Les campagnes de vaccination, les initiatives de lutte contre le VIH/SIDA et les programmes de sensibilisation à l’hygiène et à la nutrition sont essentiels pour réduire la morbidité et la mortalité dans notre pays », dit-il.
Il ajoute que le renforcement des systèmes de santé est une priorité. « Nous devons travailler à améliorer les infrastructures de santé, en collaboration avec les autorités nationales et internationales. Cela inclut la modernisation des hôpitaux, la création de centres de santé communautaires et la formation du personnel médical », précise-t-il. La promotion de la santé et la prévention des maladies, selon Nougbodé, sont également des éléments clés. « Promouvoir des comportements sains et éduquer le public sur la prévention des maladies est crucial. Les campagnes de sensibilisation sur la vaccination, l’utilisation de moustiquaires imprégnées et l’importance de l’eau potable sont des exemples de mesures efficaces », déclare-t-il.
Les états généraux, une perspective plus appropriée
A en croire Raymond Djossou, gynécologue, le problème que rencontre le secteur de la santé s’étend sur trois axes à savoir : la spécialisation, l’organisation générale du système de la santé et la défaillance du système de maintenance. Pour lui, le ver reste encore dans le fruit. Le problème part depuis les praticiens en santé jusqu’au formateurs. Il importe, va-t-il dit, de faire des réformes profondes comme les états généraux pour mieux analyser le système de santé humaine au Bénin et mieux se pencher sur les trois axes cités. « Le gouvernement met les moyens et a de la volonté mais le résultat est encore loin d’être satisfaisant ».
Les États généraux de la santé, va-t-il poursuivi, constituent un outil puissant pour impulser des réformes significatives et durables dans le système de santé béninois. En rassemblant divers acteurs autour d’une table, ils permettent de créer un consensus sur les priorités et les actions à entreprendre, assurant ainsi une amélioration continue et holistique de la santé publique au Bénin.
Miser sur la formation du personnel et la maintenance des équipements
Le système de santé joue un rôle crucial dans le bien-être de la société. Pour assurer des soins de qualité, Dr Djossou pense qu’il est impératif de miser sur la formation continue du personnel médical et la maintenance régulière des équipements de santé. Ces deux axes sont essentiels pour garantir l’efficacité, la sécurité et la fiabilité des services de santé puisque le domaine évolue constamment avec de nouvelles découvertes médicales, des techniques innovantes et des protocoles de traitement actualisés. Cette formation continue qu’il préconise permet aux professionnels de santé de rester à jour, assurant ainsi des soins basés sur les dernières preuves scientifiques.
« Des formations régulières améliorent les compétences cliniques et techniques du personnel médical, permettant une meilleure prise en charge des patients. Cela inclut la gestion des urgences, l’utilisation de nouveaux dispositifs médicaux et l’application de nouvelles méthodes de diagnostic et de traitement », proposes-t-il.
Raymond Djossou, gynécologue, apporte une perspective spécialisée en matière de santé des femmes. Il propose plusieurs mesures spécifiques pour améliorer le système de santé au Bénin. Selon Djossou, l’amélioration des soins prénatals et postnatals est essentielle. « Nous devons augmenter le nombre de centres de santé dotés de services de maternité pour assurer un suivi régulier des femmes enceintes et des nouveau-nés. La formation des sages-femmes et la disponibilité de médicaments essentiels peuvent réduire significativement la mortalité maternelle et infantile », affirme-t-il.
Djossou insiste également sur la spécialisation des gynécologues pour rendre un service plus élogieux. « Il faut également que les gynécologues fassent beaucoup de spécialisation dans leurs domaines pour se perfectionner. Nous devons également assurer une formation continue pour les gynécologues et le personnel de soutien afin de maintenir des normes élevées de soins » ajoute-t-il.
Estelle Vodounnou (Coll)