(« Les femmes sont bien placées pour aborder certaines questions »)
Pour certains, la représentativité des femmes à l’Assemblée nationale du Bénin est une réforme de plus et pour cause. Beaucoup peinent à voir véritablement les femmes de la neuvième Législature convaincre de la pertinence de cette réforme majeure. La députée Gisèle Sèwadé n’est pas de cet avis. Elle allume et défend ses paires dans cette interview accordée à « Le Matinal ».
Le Matinal : Quelle importance accordez-vous à la représentativité des femmes au Parlement et en quoi cela peut-il influencer les décisions politiques ?
Gisèle Sèwadé : D’après l’Onu, « l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes et des filles n’est pas seulement un but en soi, mais aussi un élément essentiel au développement durable, à la croissance économique et à la paix et la sécurité ».
Partant de cela, la représentation des femmes au parlement revêt une importance capitale car cela permet de contribuer à l’autonomisation de la femme et à l’application du genre au sein de l’organe législatif au Bénin. La représentativité de la femme influencera les décisions de l’Etat sur la gestion et la répartition des ressources car elles sont associées à la prise de décision. Les femmes représentent dans notre pays, 52% de la population. Notre Constitution ayant consacré l’égalité entre l’homme et la femme, il est tout à fait normal qu’elles soient présentes dans les instances de décision. Malheureusement, pendant longtemps, elles ont été sous représentées. A l’Assemblée nationale, elles n’ont jamais dépassé 10%. C’est à la faveur de la réforme constitutionnelle de 2019 offrant la possibilité d’une meilleure représentation du peuple par les femmes que leur nombre s’est accru. Je profite de cette occasion pour remercier une fois encore le chef de l’Etat pour son engagement en faveur des femmes béninoises. La présence des femmes à mon avis est très importante dans toutes les sphères de la société, donc à l’Assemblée nationale aussi. Elles ont la possibilité de faire des propositions de loi, des propositions d’amendements et de contrôler l’action du gouvernement.
Selon vous, quels sont les principaux obstacles auxquels les femmes sont confrontées pour prendre des décisions au parlement et comment peuvent-ils être surmontés ?
Les femmes ne sont confrontées à aucun obstacle en particulier. Elles interviennent dans les groupes parlementaires et dans les commissions. Si c’est à leurs interventions en plénière dont vous parlez, les groupes parlementaires ont leur organisation. Parfois les intervenants sont désignés et il faut dire aussi que toutes les femmes n’ont pas les mêmes habilités. Le caucus des femmes s’organise pour renforcer les capacités des femmes parlementaires. Mieux, il existe des mécanismes de mentorat pour aider les femmes à devenir des dirigeantes et à progresser dans leur carrière.
En quoi la présence des femmes au parlement peut-elle contribuer à une meilleure représentation des intérêts et des droits des femmes dans la société ?
La démocratie sans les femmes (ou sans égalité des genres au sens large) n’est pas une vraie démocratie.». La représentation des femmes au parlement permet de contribuer et de consolider la démocratie. Elles sont les mieux placées pour parler des problèmes des femmes. Les femmes parlementaires représentent tout le peuple béninois même si elles sont bien placées pour aborder certaines questions en lien avec les femmes et elles le font.
Comment voyez-vous l’évolution de la représentation des femmes en politique dans les prochaines années et quel rôle pouvez-vous jouer pour y contribuer ?
Elle sera beaucoup plus améliorée dans les années à venir, ce qui va se traduire par le taux de représentation. L’émancipation de la femme est gage du développement durable. Mon rôle serait de soutenir d’autres femmes et filles à avoir le courage et la détermination à se lancer dans la politique. La faible participation des femmes à la vie politique est une réalité. Pour renverser la tendance, je pense organiser des actions de plaidoyer pour l’adoption des discriminations positives afin d’encourager les femmes leaders dans le domaine politique ou économique.
Représentativité des femmes au Parlement : Un an après, quel bilan peut-on faire ?
Bilan positif dans son ensemble.
Les femmes absentes dans les débats au Parlement : Qui les empêche de parler, d’opiner ? Comment corriger cela?
Aucun obstacle n’empêche la femme au parlement de s’exprimer. Cette première année d’exercice a permis aux femmes de bien observer le système et le fonctionnement du parlement afin de mieux opiner.
Propos recueillis par E. V. (Coll)