Dans une décision rendue le 22 juin 2023, la Cour constitutionnelle a tranché le recours formulé contre l’ancien bâtonnier Jacques Migan suite à ses propos sur Esae Tv relativement à un éventuel 3ème mandat de Patrice Talon. Réconforté par le verdict de la Cour qui a estimé qu’il n’a pas violé la Constitution, l’avocat s’en est pris à certains de ses détracteurs qui l’avaient livré à la vindicte populaire. C’était sur la même chaine, dimanche 2 juillet 2023.
« Quand vous rencontrez les citoyens dans les quartiers, les villages, leur préoccupation aujourd’hui, c’est comment faire pour maintenir Patrice Talon aux responsabilités, comment faire pour qu’il continue l’œuvre qu’il a commencée », Ce sont là quelques extraits des propos tenus par Jacques Migan sur une émission de Esae Tv le 12 mars 2023. Des propos qui ont provoqué une indignation populaire. Certains citoyens sont même allés jusqu’à saisir la Cour constitutionnelle aux fins de voir déclarer contraires à la Constitution, ces propos qui interviennent dans un contexte politique marqué par des suspicions et une flopée d’interrogations autour des joutes électorales de 2026. L’ancien bâtonnier Jacques Migan dit apprécier cette démarche de compatriotes qui ont usé de leur prérogative constitutionnelle pour porter le débat au niveau de la Haute juridiction à l’effet de clarifier les choses. Cependant, l’avocat regrette l’attitude d’une deuxième catégorie de compatriotes qui ont versé dans des invectives à la suite de ses propos. Dans ce lot, le juriste a nommément stigmatisé le professeur Théodore Holo dont il a d’ailleurs rapporté les propos. « Monsieur Migan est un citoyen béninois libre de ses opinions mais en tant qu’élite et membre d’un parti politique, il ne contribue pas à l’éducation des citoyens en montrant l’utilité de l’alternance pour pacifier la vie politique ». Jacques Migan reproche à l’ancien président de la Cour constitutionnelle, de n’avoir pas pris connaissance de la quintessence de ses propos sur l’émission du 12 mars 2023 dont il était l’invité. Le juriste fait le même reproche à l’ancien journaliste Distel Amoussou mais aussi Aboubacar Takou dont il fustige les « propos très violents et virulents » à son endroit. Enfin, l’ancien bâtonnier regrette que son procès ait été fait sur une émission télé avec des expressions et mots assez discourtois.
Des propos sortis de leur contexte
A en croire Jacques Migan, ses propos tenus sur l’émission en cause ont été sortis de leur contexte. Il a profité de son passage sur l’émission pour les repréciser à toutes fins utiles. « J’ai bien dit que Patrice Talon ne peut pas faire un troisième mandat. J’ai expliqué que l’article 42, l’article 44 ont bien précisé les conditions dans lesquelles vous pouvez être candidat aux élections présidentielles et j’ai dit qu’en l’état des choses, il ne peut point être candidat », a restitué le militant du parti Bloc républicain. Il soutient n’avoir jamais postulé pour un troisième mandat de Patrice Talon, une hypothèse qui ne sera d’ailleurs possible sans la révision de la Constitution. Une démarche qui est exclusivement du ressort et de la compétence des législateurs. Tout en regrettant les volées de bois vert dont il fait l’objet suite à ses propos, Jacques Migan dit avoir pardonné ses détracteurs et tourné la page. Il les invite néanmoins à la retenue et à plus de circonspection à l’avenir.
Gabin Goubiyi