Dans l’agenda du président de la République ce mercredi 22 septembre 2021, des sources proches du protocole d’Etat annoncent une rencontre entre son prédécesseur et lui. Yayi Boni et Patrice Talon se reverront véritablement face à face, ce jour pour une troisième fois depuis la passation de charges le 06 avril 2016 et la rencontre d’Abidjan intervenue quelques jours plus tard. Que vont-ils se dire ? Que peut-on conclure sur le plan politique ?
La dernière rencontre entre les deux personnalités pour parler face à face du Bénin remonte au 18 avril 2016 à Abidjan en présence des présidents Faure Gnassingbé du Togo et Alassane Ouattara de la Cote d’Ivoire. Aujourd’hui, ce sera plutôt au palais de la République à Cotonou entre les deux frères et amis d’hier. Nos sources insistent que tout est calé et que les deux personnalités sont disposées à se voir et à échanger ce jour à 10h30, après le Conseil des ministres. Aucune idée sur le menu des échanges. Mais on devine, sans doute, que Yayi Boni et Patrice Talon mettront de côté la peur du Covid-19 pour donner place à de chaudes accolades et à une salutation fraternelle après de longues années passées dos-à-dos et à distance. Ce sera assurément une rencontre de retrouvailles entre deux frères de vieilles dates qui ont dû se séparer depuis 2012 à cause des divergences politiques. L’histoire a voulu que l’un passe le témoin à l’autre à la tête de la République du Bénin en 2016. Mais, les querelles sont restées depuis lors. Ils passeront, évidemment en revue les questions liées à la vie politique nationale du pays et la conduite à tenir désormais pour éviter des crises habituellement défavorables à leurs soutiens respectifs. Très certain, Yayi Boni ne sortira pas de la Présidence sans évoquer la situation de sa protégée Reckya Madougou et certains de ses soutiens en conflit avec la justice depuis quelques mois. La conclusion, on ne la connaît pas. Yayi Boni et Patrice Talon parleront-ils dès demain, un même langage politique comme ce fut le cas entre 2006 et 2012 ? Vont-ils s’entendre pour enterrer la hache de guerre mais garder leurs distances l’un de l’autre sur le terrain politique ? Que deviendront tous ces nombreux soutiens de Yayi Boni qui ont fait pendant de longues années preuve de radicalisme politique au point même de quitter le pays ? Que deviendra la famille politique et même le parti politique parrainé par Yayi Boni?
Boni Richard Ouorou a-t-il raison ?
Depuis dimanche, le politologue Boni Richard Ouorou insiste qu’il a facilité le retour pacifique de Yayi Boni au pays. Il l’a écrit et malgré les attaques auxquelles il fait l’objet, il a gardé sa position. Il a dit avoir mené des actions qui ont porté leurs fruits et que si Yayi Boni est rentré au pays sans être inquiété par la justice, c’est grâce à certaines de ses démarches. A-t-il vraiment raison? On ne saurait le dire. On remarque simplement que ses annonces se confirment pour le moment et que l’évènement de ce jour n’est pas anodin. Des gens ont dû intervenir pour que les deux amis acceptent de se voir enfin. Mais pour la paix ? On attend de voir. L’autre personne qui semble avoir raison dans ce feuilleton en cours, est Bertin Koovi. Il y a seulement quelques mois, il a démontré par tous les moyens que Patrice Talon est ouvert et prêt à accueillir tous ceux qui ont dû fuir le pays craignant la justice. Il a fait l’expérience avec succès et a même dit que ceux qui continuent de refuser la repentance auront tort. Avant lui, c’était le colonel Pascal Tawès. Il disait en substance que « lorsqu’on est hors du pays, on est intoxiqué » et que c’est une fois là qu’on se rend compte de la réalité.
Félicien Fangnon
Yayi entend finalement raison
Il a longtemps tiré. Mais il a finalement compris qu’il ne sert à rien de faire du « aguidi » comme le dit souvent l’autre. Seule paix peut accélérer le développement d’un pays. Car, elle est favorable à une atmosphère de travail et de tout ce qui peut conduire au développement. Cela ne veut pas dire qu’on n’est plus libre d’exprimer son mécontentement lorsqu’on se sent piétiné. Seulement, il faut savoir distinguer l’intérêt du peuple de celui de soi-même. L’humilité est la chose la plus grande qui caractérise les grands hommes de ce monde. Qu’est-ce que Patrice Talon a pu faire à Yayi de mal pour qu’il refuse sa main tendue depuis si longtemps ? On se rappelle comme si c’était hier qu’au lendemain des évènements malheureux de 2019, Patrice Talon, malgré tous les éléments de preuves irréfutables à sa disposition, avait laissé tomber tout en acceptant le retour à la paix. Il avait pardonné et la République l’avait suivi dans la même logique à travers le vote d’une loi d’amnistie pour remettre les compteurs à zéro. Il s’était même apprêté pour recevoir à la présidence de la République le 20 novembre 2019, son prédécesseur Yayi Boni. Mais, ce fut un rendez-vous manqué. En décembre 2020, au cours de sa tournée nationale, Patrice Talon à a dit publiquement à Tchaourou et à Parakou qu’il est prêt à tout pour une réconciliation entre son ancien ami et lui. Cela n’avait pu empêcher les résistances enregistrées lors de l’élection présidentielle d’avril 2021. Il y a seulement quelques mois, il a exprimé le même désir à travers le Médiateur de la République. Des preuves palpables et suffisantes que l’homme a vraiment tendu la main. Heureusement, l’ex-chef de l’Etat a enfin compris. Il a finalement laissé tomber tout pour revoir son successeur à La Marina. A l’instar des belles images projetées par la Côte d’Ivoire le 27 juillet 2021, le Bénin aussi fera parler de lui ce jour à travers cette rencontre inédite.
F.F