Franck Okpeicha, maire d’Ifangni : « C’est une avancée démocratique »
« Nous avons rencontré le chef de l’Etat, son Excellence le président Patrice Talon aujourd’hui avec les ministres, les préfets. Il nous a présenté les projets de réformes au niveau de la décentralisation au Bénin. Ce qui est à retenir fondamentalement, les maires ne sont plus ordonnateurs du budget. Il sera nommé dans chaque mairie, un Secrétaire exécutif qui sera ordonnateur du budget, qui sera le responsable de l’administration communale. Donc, c’est lui qui va gérer l’administration et le maire est là aujourd’hui pour donner des orientations de développement, des orientations juridiques qui vont être consignées dans les documents de politique de développement de la Commune.
Je crois que c’est une avancée démocratique parce que cela va permettre de parler de la séparation des pouvoirs politiques et des pouvoirs techniques. Le Secrétaire exécutif qui sera nommé est un cadre de catégorie A, avec plusieurs années d’expériences qui s’y connaît dans la décentralisation alors que ce n’est pas évident que tous les maires aient quand même des notions assez avancées sur la décentralisation. Donc cela permet d’avoir un bras opérationnel qui est technique, qui peut accompagner le développement. Les maires ne sont plus directement reliés à la mise en œuvre des actions de développement au niveau de nos différentes localités. Je crois que normalement cela doit pouvoir arranger les maires parce que cela permet quand même de manière objective de travailler dans le sens de développement de nos localités. C’est ceux qui s’y connaissent qui sont directement à la mise en œuvre et le maire est là avec le Conseil communal avec le Conseil de supervision pour suivre la mise en œuvre des différentes politiques de développement dans nos localités. Cela permet de ne plus être à chaud dans la mise en œuvre et parce que quand vous êtes dans la mise en œuvre, la probabilité des erreurs est forte. Ici, c’est des élus, avec toutes les contingences que nous avons avec toutes les tentations qu’il y a au niveau de nos localités, ce n’est pas évident que l’autorité locale qui est élue en tant que maire puisse réussir. Mais, quelqu’un qui est nommé, qui a des compétences avérées dans le domaine de la décentralisation doit pouvoir mettre en œuvre sans difficultés, sans parti pris, les décisions pour le développement de nos localités.
Le maire est toujours officier de l’Etat civil, il est toujours là pour célébrer les mariages, il doit présider le Conseil communal qui se réunira de manière trimestrielle comme d’habitude pour décider du développement des Communes. Le maire est toujours là pour présider aussi le Conseil de supervision pour voir avec les adjoints au maire et les présidents des commissions qui vont intervenir directement dans la mise en œuvre ».
Mathias Gbèdan, ancien maire de Sèmè-Podji : « Cette réforme va combler beaucoup d’attentes et de lacunes »
« Je félicite le président Patrice Talon pour la qualité de cette réforme. C’est vrai que je n’ai pas approfondi ce qui est proposé mais pour le peu que entendu et suivi, c’est un travail qui a été fait avec dextérité et technicité pointues. En ma qualité d’ancien maire, cette réforme va combler beaucoup d’attentes et de lacunes qui minent le fonctionnement des Communes. Avec cette réforme, les attributions et les pouvoirs de chaque acteur dans le système de la décentralisation, de gestion de la Commune pour son développement sont clairement définis ».
Dieudonné Gbèdjèkan, maire de Klouékanmè : « Nous ne pouvons que saluer cette réforme »
« Avec les informations que nous avons reçues, il sera désormais mis à la disposition des Conseils communaux, un Secrétaire exécutif qui se chargera donc de faire le suivi global de la gestion de l’administration territoriale. Je pense qu’à ce niveau, nous n’avons pas grandes choses à dire. Nous ne pouvons que saluer d’ailleurs même cette réforme qui est un projet mais que nous avons déjà saluée. En tout cas, moi personnellement, je l’ai salué puisque les réformes vous le savez naturellement, sont parfois dures mais quand cela a quelque chose de positive à apporter aux Communes et donc les citoyens, nous devons y adhérer. Je ne trouve pas d’inconvénients à cela, qu’un Secrétaire exécutif vienne à faire exécuter les budgets, à être ordonnateur de ces budgets ; cela n’est pas encore un problème parce que cela n’enlève pas encore le titre de maire que nous sommes. Donc, nous sommes maires et nous sommes les patrons donc de la Commune. Je pense que si ce n’est que le budget que nous allons voter puisque c’est nous, nos Conseils communaux qui allons-nous donc nous réunir pour élaborer ce budget puisque de ce que nous avons eu comme explications, que nous allons mettre à disposition de ce Secrétaire exécutif, le budget que nous avons tous élaboré et lui passera donc à l’exécution. Cela veut dire qu’il ne fera rien d’autre que ce que nous avons établi. Ce que nous avons retenu, les projets que nous avons retenu pour le développement de nos Communes. Seulement que, nous ne serons plus là à être responsables toute suite donc des différentes signatures liées à ces différents marchés à exécuter. Je pense que cela aussi met quelque part les maires à l’abri des différents dangers que vous savez bien. l n’y a pas grand-chose qui a changé au niveau des prérogatives des maires. Le maire est toujours là pour veiller au suivi de tout ce qui a été établi au niveau communal et s’occuper de la police administrative et du maintien de l’ordre sur son territoire. Nous allons donc surveiller les actions de ce Secrétaire exécutif et dès qu’il fait mal, nous avons les prérogatives donc de tirer la sonnette d’alarme, histoire de remédier aux éventuels dérapages ».
Inoussa Chabi Zimé, maire de Parakou : « Avec cette réforme, peu de maires répondront devant les juridictions »
« Le gouvernement a décidé de mettre en application une réforme structurelle du secteur de la décentralisation. Elle embrasse pratiquement tout depuis les Communes jusqu’aux départements parce que la tutelle a été aussi touchée. Sa mise en œuvre permettra de séparer les fonctions politiques de celles administratives et techniques, d’améliorer la reddition des comptes et de lutter contre l’impunité. Avant, le maire jouait à la fois la fonction politique et celle administrative. Avec cette réforme à venir, le maire ne va assurer que les fonctions politiques. Cela va aussi permettre d’améliorer le financement des investissements parce que le Fadec va disparaître au profit d’une autre structure. C’est une réforme qui permettra également de mettre en place un dispositif opérationnel de relai des services publics entre les niveaux central, communal et intracommunal. La réforme est une bonne chose parce que les maires étaient exposés. Une simple signature peut vous conduire loin surtout que les maires étaient encore les ordonnateurs. Avec la nouvelle réforme, le maire ne sera plus ordonnateur. Vous voyez ce qui se passe aujourd’hui où cinq ans après, vous êtes rattrapé par votre gestion. Avec cette réforme, peu de maires répondront devant les juridictions. »
Propos recueillis par Angèle Toboula