Le Comité directeur national de lutte contre le travail des enfants (Cdn) tient depuis le mardi 1er juillet 2025, à Cotonou, sa première session ordinaire de l’année. Présidée par la ministre du Travail et de la Fonction publique, Adidjatou Mathys, la cérémonie d’ouverture s’est déroulée en présence de la représentante résidente adjointe de l’Unicef au Bénin, Aude Rigot, des représentants de ministères sectoriels, des confédérations syndicales et d’organisations non gouvernementales engagées dans la protection de l’enfance.
Cette session, prévue jusqu’au 3 juillet, vise à identifier de nouvelles pistes d’action pour lutter efficacement contre le travail des enfants, renforcer le suivi des enfants retirés des situations d’exploitation, évaluer la campagne « Tolérance Zéro » et élaborer un rapport décennal (2014–2024) sur le phénomène au Bénin. Prenant la parole au nom du représentant résident de l’Unicef au Bénin, Aude Rigot a souligné l’importance de cette session pour renforcer la lutte contre les pires formes de travail des enfants. Elle a salué la régularité des réunions du Cdn et évoqué les efforts conjoints entre l’État béninois, l’Unicef, les partenaires techniques et financiers ainsi que les associations socio-professionnelles. Ensemble, ils œuvrent pour offrir un accompagnement global aux enfants à risque ou victimes, incluant un soutien psychosocial, sanitaire et juridique. Aude Rigot a aussi mis en avant le programme lancé en 2024 avec l’appui du Luxembourg, visant à réaliser les droits des enfants affectés par la traite et le travail. Elle a réaffirmé l’engagement à atteindre les Objectifs du développement durable (Odd) 8.7, 16.2 et 16.3, relatifs à l’éradication du travail des enfants, à la protection contre les violences et au renforcement de l’État de droit.
Des progrès réalisés
Dans son discours d’ouverture, la ministre Adidjatou Mathys a salué les progrès réalisés par le Bénin dans la lutte contre le travail des enfants. Selon les données de l’enquête Mics, la prévalence du phénomène est passée de 52,5 % en 2014 à 19,99 % en 2022. Elle a notamment mis en lumière les résultats de la campagne « Tolérance zéro au Travail des Enfants dans les secteurs à forte prévalence », lancée en 2023 : 820 visites effectuées dans les 12 départements du pays ; 2 873 personnes sensibilisées ; 3 900 enfants identifiés en situation de travail ; 435 enfants retirés des pires formes de travail et 35 procédures judiciaires engagées contre les responsables d’exploitation. Malgré ces résultats encourageants, la ministre a rappelé que le combat est loin d’être gagné. Elle a notamment cité une étude de 2023 sur les enfants dans les mines et carrières, révélant la présence de 141 086 enfants dans ce secteur, dont 72 660 garçons et 68 426 filles. Adidjatou Mathys a invité à intensifier les efforts, à innover dans les approches et à renforcer la coordination entre les acteurs. « La pauvreté ne saurait justifier l’exploitation des enfants », a-t-elle déclaré, réaffirmant la volonté du Bénin de respecter les engagements de l’Agenda 2030, en particulier l’Odd 8.7.
Léonce Adjévi