Comme chaque année, le gouvernement, à travers le ministère du Tourisme, de la culture et des arts (Mtca) et son bras opérationnel, l’Agence de développement des arts et de la culture (Adac), n’est pas resté en marge de la commémoration de la Fête de la musique. Néanmoins, à l’ère de l’industrialisation de la musique, il est impérieux d’inclure dans la célébration, un volet formation des différents acteurs en dehors des spectacles.
Au Bénin, la fête de la musique est célébrée chaque année par le gouvernement par le biais du ministère du Tourisme, de la culture et des arts et l’Agence de développement des arts et de la culture (Adac). Les grands moyens sont mis à contribution pour offrir des spectacles riches en sons et en couleurs aux mélomanes dans plusieurs villes. Pour l’édition 2024, cinq spectacles ont été organisés avec à la clé, des dizaines artistes d’inspirations traditionnelle et moderne qui ont presté. Au Palais des congrès et à l’espace Lieu unique à Cotonou, au Siège des arts et de la culture à Akpro-Missérété, à la place Tabéra à Parakou et au centre Egbakokou à Dassa, le public de ces différentes localités a été tenu en haleine par des sonorités variées les unes comparativement aux autres pendant des heures. Néanmoins, à cette époque du 21ème siècle au cours de laquelle l’industrie musicale fait face à une grande révolution avec des innovations dont la digitalisation, il s’avère nécessaire de penser au renforcement des capacités des maillons de la chaîne de la musique au-delà des spectacles qui permettront aux artistes de bénéficier des cachets. Après des dizaines d’années de célébration, la musique béninoise, selon un diagnostic posé, est toujours en déphasage avec les réalités de l’industrie musicale dans le monde. La formation, la digitalisation, la labellisation, la professionnalisation, le management, la monétisation de la musique à l’ère du numérique, le respect des normes internationales et la recherche de financement pour l’organisation des festivals de musique sont des puzzles et outils qui manquent encore pour une véritable éclosion du secteur musical béninois. C’est l’un des chantiers sur lesquels l’Agence de développement des arts et de la culture est attendue dans le cadre de la promotion des arts au Bénin. En effet, créée par décret n° 2023-215 du 26 avril 2023 en Conseil des ministres, cette structure logée sous la coupole du ministère de la Culture a pour mission d’enclencher de façon efficace et efficiente l’éclosion d’une économie culturelle créatrice de richesse et d’emplois. Elle couvre aussi la production et la promotion artistique et culturelle, l’appui technique et financier aux artistes sans occulter la dynamisation de la chaîne des valeurs dont la création, la production, la distribution et la diffusion des œuvres artistes en général et musicale en particulier. L’Agence de développement des arts et de la culture ne devrait pas donc seulement se limiter à organiser les spectacles comme c’est le cas lors de chaque édition de la fête de la musique, mais elle doit aussi penser à panser les maux qui minent ce secteur qui est en pleine mutation. D’ailleurs, certains promoteurs privés de festivals initient des communications dans le cadre du renforcement des capacités des artistes musiciens et autres maillons de l’industrie musicale au Bénin. C’est le cas du Festival international des arts du Bénin qui s’est tenu du 23 au 28 avril 2024 et qui a consacré un master class au mangement des artistes avec des personnes ressources et professionnels dont Jah Baba, Aristide Agondanou, Eric Gbèha et Efoe Koffi Dovi ; une conférence-débat sur la problématique de financement des festivals en Afrique et un panel de haut niveau sur la thématique relative à la monétisation de la musique à l’ère du numérique. Dans certains pays comme la Côte d’Ivoire ou le Sénégal, les festivals de musique et autres évènements sont des occasions propices pour outiller les artistes musiciens.
Mohamed Yasser Amoussa (Coll)